Les thérapies actuelles contre la sclérose en plaques s’attachent à réduire la réponse immunitaire pour empêcher la dégradation des gaines de myéline. Des chercheurs États-Uniens ont choisi une tout autre approche : améliorer la production des cellules réparatrices de myéline. Les résultats sont prometteurs chez la souris...

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    La sclérose en plaques est une maladie auto-immune du système nerveux central, c’est-à-dire le cerveau et la moelle épinière. Elle évolue très lentement et handicape la vie quotidienne 15 à 20 ans après le début des premiers symptômes. © Mark Lythgoe, Chloe Hutton, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    La sclérose en plaques est une maladie auto-immune du système nerveux central, c’est-à-dire le cerveau et la moelle épinière. Elle évolue très lentement et handicape la vie quotidienne 15 à 20 ans après le début des premiers symptômes. © Mark Lythgoe, Chloe Hutton, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    La sclérose en plaques est une maladie auto-immune dans laquelle les lymphocytes T s'attaquent à la myéline des cellules du système nerveux central. Cette substance graisseuse protège les fibres nerveusesfibres nerveuses et favorise la propagation de l'influx nerveux. Chez les malades, les messages nerveux sont ralentis et différents symptômes se manifestent sous forme de poussées : faiblesse musculaire, troubles de l'équilibre, difficultés visuelles, pertes de mémoire, fatigue, dépression, etc. Son nom provient de la formation de plaques sur les neurones, aux endroits où la myéline a disparu.

    Selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), plus de 2 millions de personnes dans le monde, dont 80.000 Français, souffriraient de sclérose en plaques. Ses causes restent pour le moment mystérieuses, même si certaines infections et le manque de vitamine D sont connus pour être des facteurs de risquefacteurs de risque. De même, il n'existe pas de traitement miracle contre cette maladie invalidante. Les médicaments prescrits habituellement permettent uniquement de réduire la duréedurée et l'intensité des symptômes, et sont souvent accompagnés d'effets secondaires indésirables.

    Schéma d’un neurone. (1) dendrite, (2) axone, (3) nœud de Ranvier, (4) extrémité de l’axone, (5) myéline, (6) corps cellulaire, (7) noyau. La myéline protège le neurone et améliore la vitesse de progression de l’influx nerveux dans l’axone. Lors de la sclérose en plaques, les gaines de myéline sont attaquées par les lymphocytes T. © NickGorton, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Schéma d’un neurone. (1) dendrite, (2) axone, (3) nœud de Ranvier, (4) extrémité de l’axone, (5) myéline, (6) corps cellulaire, (7) noyau. La myéline protège le neurone et améliore la vitesse de progression de l’influx nerveux dans l’axone. Lors de la sclérose en plaques, les gaines de myéline sont attaquées par les lymphocytes T. © NickGorton, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Des scientifiques de l'Institut de recherche Scripps aux États-Unis pourraient venir au secours des malades. Au cours de leurs recherches, publiées dans la revue Nature, ils ont identifié des moléculesmolécules qui agissent d'une manière inédite. Au lieu de s'attaquer au système immunitairesystème immunitaire, elles favorisent le développement de certaines cellules nerveuses qui à leur tour réparent les gaines de myéline sur les neurones.

    Les oligodendrocytes, des cellules qui réparent la myéline

    Chez les personnes atteintes de sclérose en plaques, les oligodendrocytes, c'est-à-dire les cellules qui fabriquent la myéline des neurones, disparaissent progressivement. « Pour des raisons inconnues, les cellules à l'origine des oligodendrocytes ne deviennent pas matures », explique Luke Lairson, le directeur de l'équipe. Les chercheurs ont donc eu l'idée ingénieuse de restaurer la croissance de ces cellules productrices de myéline. Pour réussir cette prouesse, ils se sont armés de techniques de biochimiebiochimie modernes et ont testé 100.000 molécules afin de trouver leur bonheur.

    Leurs efforts ont été récompensés. Parmi les nombreux candidats, la benztropine, déjà connue pour traiter la maladie de Parkinson, s'est révélée capable de réparer les gaines de myélinegaines de myéline. Ils ont alors testé ce médicament chez des souris atteintes d'une maladie équivalente à la sclérose en plaques, et ont montré qu'il pouvait prévenir les symptômes de la maladie. Mieux encore : la benztropine peut aussi traiter des troubles déjà existants.

    La benztropine, un médicament miracle ?

    Dans un deuxième temps, les chercheurs ont confirmé les effets de la benztropine in vivoin vivo. Ils ont montré que ce médicament augmentait la population d'oligodendrocytes, lesquels réparaient alors les gaines de myéline abîmées par les lymphocytes T. « Le niveau d'inflammationinflammation est toujours le même, mais la myéline reste intacte, ce qui suggère qu'elle est reconstruite en permanence », indique Luke Lairson.

    La benztropine est connue pour avoir différents effets sur les cellules nerveuses. Elle bloque les récepteurs à l'acétylcholine et à l'histaminehistamine et améliore l'activité des récepteurs à la dopamine. En étudiant son mécanisme de plus près, les chercheurs ont montré qu'elle stimulait la maturation des oligodendrocytes en se fixant sur certains récepteurs à l'acétylcholineacétylcholine. De nombreuses études sont cependant nécessaires pour éclaircir ce mécanisme et pour tester l'effet de ce médicament chez l'Homme. « Nous sommes ravis de ces résultats, nous envisageons de passer bientôt aux essais cliniquesessais cliniques », concluent les chercheurs.