Daté de 16 millions d'années, alors que la chauve-souris la plus ancienne connue en Nouvelle-Zélande remonte à 18.000 ans, ce fossile a surpris les paléontologistes. La découverte enrichit les connaissances sur l'un des seuls mammifères terrestres natifs de cet archipel tandis que son mode d'alimentation semi-terrestre et son régime alimentaire proches des actuelles chauves-souris renseignent sur l'évolution de l'écosystème forestier.

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    L'ancêtre de l'une des espèces de chauves-souris de Nouvelle-Zélande serait âgée de 16 millions d'années, indique une étude publiée dans la revue Plos One. Une découverte qui concerne les uniques mammifères terrestres indigènesindigènes du pays, à savoir trois espèces de chauves-souris dont deux appartiennent au genre Mystacina et dont l'une n'a pas été répertoriée depuis les années 1960.

    Le fossile ayant permis cette datation a été découvert dans des sédiments du lac Manuherikia sur l'île du Sud. Les paléontologuespaléontologues ont aussi déterré des spécimens fossiles de grenouille, de lézard, d'oiseauoiseau, de crocodilecrocodile et de tortuetortue et ont pu établir que la forêt environnante, à cette époque, était de type subtropicale et peu différente de l'actuel écosystèmeécosystème de la région.

    Nommée Mystacina miocenalis, sur la base de son ère géologiqueère géologique, le MiocèneMiocène, la chauve-souris fossile fournit plusieurs informations : d'après la structure de son squelette, l'espèce rampait sur le sol forestier en utilisant ses quatre membres, un peu comme les actuelles fouisseuses cherchant leur nourriture dans la litièrelitière.

    Mystacina miocenalis possédait aussi des dents étonnamment similaires à ses parentes modernes, suggérant des régimes alimentaires proches et composés de nectar, de pollenpollen, de fruits, d'insectesinsectes et d'araignéesaraignées.

    L'étude rapporte que les écosystèmes du Miocène associés à la chauve-souris fossile découverte contiennent les types d'arbres utilisés de nos jours par les actuelles chauves-souris néo-zélandaises, comme peut-être cet arbre perchoir appelé kauri. © Jan Herold, <em>Wikimedia Commons</em>, cc by sa 3.0

    L'étude rapporte que les écosystèmes du Miocène associés à la chauve-souris fossile découverte contiennent les types d'arbres utilisés de nos jours par les actuelles chauves-souris néo-zélandaises, comme peut-être cet arbre perchoir appelé kauri. © Jan Herold, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    L'histoire des chauves-souris éclaire celle des forêts

    Pesant dans les 40 grammes, l'ancêtre était en revanche trois fois plus lourde que l'actuelle Mystacina tuberculata. Pour les chercheurs, cette inhabituelle grande taille chez ce mammifère volant suggère qu'il chassait davantage au sol que dans les airsairs et se nourrissait de proies plus lourdes et de fruits plus gros que sa vivante parente.

    Alors que le précédent plus ancien fossile de Mystacina affichait par ailleurs 17.500 ans d'âge, « notre découverte montre pour la première fois que les chauves-souris Mystacina ont été présentes en Nouvelle-Zélande depuis plus de 16 millions d'années, résidant dans des habitats très similaires [aux actuelles formes de] vie végétale et sources de nourriture », déclare Suzanne Hand, paléontologue à l'université de Nouvelle-GallesGalles-du-Sud, en Australie, et auteur principal de l'étude.

    L'histoire évolutive des chauves-souris Mystacina est donc bien plus longue que supposée et remet en question la période à laquelle les premiers individus ont migré depuis l'Australie. « Les chauves-souris sont des pollinisateurs importants et des disséminateurs de graines qui maintiennent la santé des forêts », explique Suzanne Hand. Selon elle, comprendre la connectivité entre les faunesfaunes de chauves-souris de différentes régions est important pour évaluer les menaces en matièrematière de biosécurité et les priorités de conservation des écosystèmes insulaires fragiles.