Jusqu'au 24 février 2010, chacun pourra dire ce qu'il pense des nanotechnologies dans le cadre d'un débat national, novateur sur la forme mais qui reste bien discret face aux enjeux.

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    Discutez en ligne sur le site de la CNDP consacré au Débat public sur les options générales en matière de développement et de régulation des nanotechnologies.

    Discutez en ligne sur le site de la CNDP consacré au Débat public sur les options générales en matière de développement et de régulation des nanotechnologies.

    Tout le monde peut participer au grand débat sur les nanotechnologies. Il suffit d'aller visiter le site Web lancé à l'initiative de la Commission nationale du débat public (CNDP) et de remplir un formulaire. En plus de cette consultation, dix-sept conférences seront organisées en France jusqu'à la fin de l'opération, le 24 février prochain.

    Lancé jeudi dernier (15 octobre), ce débat entend recueillir l'opinion générale sur cet ensemble de techniques immensément vaste qu'on appelle les nanotechnologies. Porteuse de grandes promesses dans de multiples domaines, cette évolution de l'industrie vers l'infiniment petit est aussi un facteur de risquesfacteur de risques certain, pour la société (à cause des usages possibles) mais aussi pour l'environnement et pour la santé humaine.

    Les nanotechnologies, d'ailleurs, font peur et alimentent même des fantasmes, comme l'inénarrable gelée grise. Eric Drexler, un chercheur américain spécialiste des nanotechnologies, avait imaginé (il y a plus de vingt ans !) la possibilité de nanorobots capables de s'autorépliquer et qui, échappant à tout contrôle, envahiraient la planète. Un auteur de romans de science-fiction, Michael Crichton, a développé cette idée dans un livre, The Prey (La proie), en mettant en scène cette gelée grise (grey goo), capable de dévorer les atomesatomes constituant les humains.

    Dans le grand public, cependant, cette crainte, si elle existe, est confuse. Et pour cause, les nanotechnologies ne forment pas, comme les OGMOGM, un domaine précis qu'il est facile de cerner. La définition même des nouvelles technologies est floue et varie d'un secteur à l'autre (chimiechimie, électronique...). Selon l'acception la plus communément admise, une technique devient « nano » lorsqu'elle manipule des objets dont l'une des dimensions est inférieure à 100 nanomètresnanomètres (un nanomètre valant 10-9 mètre, soit un millionième de millimètre).

    Une <a href="//www.futura-sciences.com/fr/news/t/medecine/d/nanotechnologies-une-boite-faite-de-molecules-dadn_19193/#" target="_blank">boîte réalisée à l'aide de molécules d'ADN</a>. Elle mesure trente nanomètres de côté et peut s'ouvrir et se fermer grâce à deux paires de brins d'ADN faisant office de serrure. Cette réalisation existe déjà au laboratoire et pourrait transporter des médicaments jusqu'aux cellules cibles. Elle pourrait également servir en micro-électronique ou encore pour réaliser des capteurs. © Ebbe S. Andersen, <em>Aarhus University</em>

    Une boîte réalisée à l'aide de molécules d'ADN. Elle mesure trente nanomètres de côté et peut s'ouvrir et se fermer grâce à deux paires de brins d'ADN faisant office de serrure. Cette réalisation existe déjà au laboratoire et pourrait transporter des médicaments jusqu'aux cellules cibles. Elle pourrait également servir en micro-électronique ou encore pour réaliser des capteurs. © Ebbe S. Andersen, Aarhus University

    Une discussion publique mais quel débat ?

    Surtout, les nanotechnologies sont disséminées dans une multitude de domaines, de l'industriel au médical en passant par l'alimentation et le militaire. Bien souvent, ces procédés sont employés pour apporter de nouvelles performances à des produits déjà existants et la présence de ces structures microscopiques est alors invisible.

    Si l'on range dans les nanotechnologies des procédés issus de la chimie et dont le produit final prend la forme de poudres, alors on peut dire que ces technologies sont déjà présentes sous la semelle des skis, dans les pneus ou les raquettes de tennis, et même au sein de crèmes solaires ou de dentifrices. Pas facile de s'y retrouver, donc...

    Pourtant, la généralisation de ces produits dont la taille est de l'ordre de celle d'un virus pose de réels problèmes. Pour la santé humaine, les risques sont mal connus et viennent de la petite taille. On sait par exemple que les nanotubes de carbone peuvent devenir cancérigènes quand ils sont longs, car ils se comportent alors comme des fibres d'amianteamiante. Mais on sait aussi que les effets biologiques dépendent de la nature des nanoproduits. Or, bien peu d'études sont réalisées sur les risques potentiels. Elles ne représentent que 0,4% des budgets de recherche et développement consacrés aux nanotechnologies selon Dominique Vinck, un sociologue spécialiste de cette question (il a notamment écrit Les nanotechnologies, éditions Le Cavalier Bleu) et que vous retrouverez bientôt en vidéo sur Futura-Sciences.

    Il est clair que si l'on appliquait à la lettre le principe de précautionprincipe de précaution, il faudrait tout arrêter tout de suite... Pourtant, en médecine et en électronique notamment, les potentialités sont connues et bel et bien immenses. Des nanofibres, par exemple, ont permis à des souris paralysées de recouvrer l'usage de leurs pattes...

    Ouvrir un débat public sur un tel sujet est donc une bonne chose mais, malheureusement, bien peu d'éléments sont accessibles au grand public pour faire le point. Le site de la CNDP dédié au débat, notamment, ne présente qu'un film court. Simple recueil d'avis, cette discussion a peu de chances de déboucher sur des actions concrètes.

    Pour avoir une idée des possibilités, des enjeux et de l'état de l'art nano, une solution, avant de remplir le formulaire du site de la CNDP, est de taper nanotechnologie dans le moteur de recherche de Futura-Sciences. Nous abordons ces sujets depuis des années dans des articles ou des dossiers qui apporteront sûrement quelques éclairages...