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Aider une personne sans-abri n'est pas toujours aussi simple que l'on pourrait le croire. Pourtant, pour ces femmes et ces hommes qui vivent dans la rue, chaque geste de solidarité compte. C'est en cela que l'applicationapplication We Save Homeless est une initiative des plus intéressantes.
Elle a été élaborée par une dizaine d'étudiants d'Epitech Lille dont Raphael Thiebault et Antoine Zanardi, sur une idée originale de Thierry Velu, président du GSCF (Groupe de Secours Catastrophe Français). Disponible gratuitement pour les smartphones AndroidAndroid, Windows et ultérieurement iOSiOS, cette application s'adresse d'abord aux associations, au Samu social et aux services sociaux des municipalités afin de les aider à mieux coordonner leur travail, en signalant les besoins des personnes sans domicile rencontrées lors des maraudes. L'Innovation Hub d'Epitech a hébergé le projet We Save Homeless qui a même traversé l'Atlantique pour être présenté lors du Consumer Electronics Show de Las VegasVegas au début de cette année.
Un aperçu de l’interface de l’application mobile We Save Homeless qui sera disponible gratuitement pour les smartphones Android, Windows et bientôt iOS. © Epitech Lille
La protection des données au cœur de We Save Homeless
Pour concilier cette technologie avec la protection des données personnelles et le respect du droit à l'oubli, les étudiants de l'Epitech ont imaginé une carte sans contact (technologie NFC) qui sera remise à la personne sans abri lors de son passage dans une association. Elle contiendra des informations liées aux besoins et un point de rencontre. À tout moment, le titulaire pourra exercer son droit à l'oubli en détruisant la carte. « Le respect des droits et des informations personnelles de la personne SDF est notre première préoccupation », nous a assuré Raphael Thiebault.
We Save Homeless va plus loin en s'adressant également aux particuliers qui souhaitent s'impliquer, en leur permettant d'utiliser un outil qu'ils ont (presque) tous dans leur poche : un smartphone. « Les particuliers auront la possibilité de signaler des besoins et pourront également entrer en relation avec les associations, poursuit notre interlocuteur. Nous voulons que l'application donne les moyens à n'importe qui de changer les choses, faire en sorte que les hommes et femmes de la rue ne soient plus invisibles ». Un idéal des plus louables qui, espérons-le, rencontrera un écho favorable auprès des professionnels et du grand public. L'application sera testée à partir du mois prochain avec quelques associations avant un déploiement plus large.
Trois questions à Raphael Thiebault, co-concepteur de l’application We Save Homeless
Quelles ont été les grandes problématiques techniques et humaines qu'il vous a fallu prendre en compte pour créer cette application ?
Raphael Thiebault. Notre application ne pouvant fonctionner sans le consentement des sans-abris, la première question était de savoir quelles informations nous pouvions retenir d'eux. Nous avons donc décidé de seulement enregistrer dans notre application les besoins et un point de rencontre du sans-abri. Toutes ces informations sensibles sont stockées sur une petite carte, qui lui est remise à son inscription à We Save Homeless par une association. Elle permet aux personnes sans-abri un respect du droit à l'oubli qui peut quitter le système quand il le veut, simplement en détruisant sa carte personnelle. Le respect des droits et des informations personnelles de la personne à la rue est notre première préoccupation.
En quoi une application mobile peut-elle inciter les particuliers à faire preuve de plus d'attention ou d'empathieempathie envers les SDF ?
Nous souhaitons avant tout sensibiliser les particuliers, grâce à des statistiques. S'inscrire sur We Save Homeless, c'est une façon de devenir acteur. Grâce à cet outil, vous faites partie d'une équipe composée d'associations, institutions et même d'autres particuliers. Une action envers une personne de la rue devient aussi simple que d'ouvrir une application, car en étant membre du système, vous vous sentez responsable.
Avez-vous considéré les risques de dérive d'un tel outil ? Certaines municipalités pourraient par exemple être tentées d'établir une cartographie de la population SDF afin de mieux la surveiller voire l'évincer...
Les institutions inscrites sur l'application n'auront accès à aucune visualisation des points de rencontre. Il en va de même pour les particuliers. De plus, nous ferons signer une charte à chacun des utilisateurs de l'application spécifiant que cet outil les aide à accompagner les sans-abris et que chaque action proposée sera en accord avec les droits de la personne à la rue.