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L'informatique quantique va franchir un nouveau palier cette année, même si l'on est encore loin du moment où ces ordinateurs super performants auront prouvé leur efficacité en entreprise, estime Bo Ewald, le président du fabricant d'ordinateurs quantiques D-Wave. Cette entreprise canadienne, basée à Vancouver, est la seule firme ayant vendu à des clients ces ordinateurs qui seraient beaucoup plus puissants que les machines actuelles, car capables d'utiliser des propriétés étonnantes des particules permettant d'échapper aux règles de la physiquephysique classique. Cela leur donnerait le potentiel de faire un grand nombre de calculs en parallèle, réduisant énormément le temps nécessaire pour effectuer une tâche.
D-Wave en a construit une vingtaine d'exemplaires qui sont utilisés pour la recherche, dont huit vendus à des acteurs extérieurs, détaille Bo Ewald dans un entretien avec l'AFP au salon technologique Vivatech. Pour l'instant, les développeurs de D-Wave ont conçu « une cinquantaine de proto-apps », des logiciels expérimentaux pour tenter de maîtriser ces machines au potentiel énorme, explique-t-il. Sur ces 50 applicationsapplications quantiques - qui s'attaquent à résoudre des « petits problèmes », admet Bo Ewald - « la moitié environ ont démontré des performances qui s'approchent de celles des ordinateurs classiques, voire font un peu mieux ».
Pour l'instant, l'ordinateur quantiqueordinateur quantique de D-Wave a par exemple été capable de faire tourner avec succès un programme optimisant les flux de 500 taxis allant du centre-ville de Pékin vers l'aéroport, en gérant des coordonnées GPS « reçues toutes les cinq secondes ». Mais « d'ici la fin de l'année », ces proto-apps devraient résoudre des problèmes « plus importants » ou « nouveaux », et donc plus intéressants pour les entreprises clientes, assure-t-il.
Google et IBM aussi dans la course à la suprématie quantique
D-Wave n'est pas le seul à progresser, a-t-il relevé : Google et IBM ont tous les deux annoncé la constructionconstruction de nouvelles machines plus puissantes, qui seront testées d'ici la fin de l'année. Par ailleurs, des chercheurs du Oak Ridge National Laboratory viennent de réussir la première simulation d'un noyau d'atomeatome par un calcul quantique.
Pour autant, la suprématie quantique, ou la démonstration claire qu'un ordinateur quantique bat en performance un ordinateur classique, dans une utilisation industrielle réelle, n'est pas encore à portée de vue, estime le président de D-Wave. « Nous avons encore de longues années » avant de pouvoir réaliser de vraies applications industrielles, comme par exemple gérer une flotte de 500.000 véhicules autonomesvéhicules autonomes, reconnaît Bo Ewald. Quant à atteindre le Graal de l'ordinateur quantique, à savoir casser le système de cryptographie RSA massivement utilisé dans l'informatique et sur InternetInternet, « c'est encore très, très loin, 10 ou 20 ans », estime-t-il.
Pour l'instant, les ordinateurs et leurs applications de D-Wave se concentrent sur des problèmes d'optimisation, dit « du voyageur de commerce » (analogue au calcul du circuit le plus court entre des villes). Mais ils progressent aussi pour des applications d'apprentissage automatique (utilisées en intelligence artificielleintelligence artificielle) ou en chimiechimie et physique des matériaux, selon Bo Ewald. « D'ici un an ou deux, nous serons capables de créer de meilleurs modèles d'interactions quantiques entre moléculesmolécules, ce que nous ne pouvons pas faire avec des ordinateurs traditionnels », assure-t-il.
D-Wave espère vendre encore deux machines d'ici la fin de l'année
Cet élargissement des compétences est important pour D-Wave. Ses ordinateurs quantiques sont en effet réputés avoir un champ d'application beaucoup plus limité que ceux qu'IBMIBM ou GoogleGoogle sont en train de développer. Ces derniers seront de vrais calculateurs universels, mais ils reposent sur une technologie moins éprouvée. D-Wave ne compte qu'environ 175 salariés, mais compte bien résister à la pressionpression des géants de l'informatique mondiale. « Nous allons garder la diversité quantique, avec au moins deux architectures différentes », celle de D-Wave et celle de Google et d'IBM, sur les dix prochaines années, affirme-t-il.
D-Wave, qui espère vendre encore deux machines d'ici la fin de l'année, dont une en Europe, a pour lui une vraie expérience industrielle, argumente-t-il : « Nous avons installé pour environ 75 millions de dollars d'ordinateurs quantiques chez des clients », quand Google et IBM n'ont jamais encore vendu de machines.