Image du site Futura Sciences
Charles Rydel

Charles Rydel

Concepteur d'ASIC

Télescope

Amas

Lentille

Faire, et en faisant se faire et n’être rien que ce qu’on fait. Voilà un impératif difficile qui s’applique parfaitement à la plupart des astronomes amateurs qui partent à l’assaut du ciel. Ils  construisent des instruments performants et de dimensions respectables, télescopes évidemment, transportables ou à poste fixe, mais aussi machines à polir les miroirs, interféromètres pour les tester, coronographes pour observer la prodigieuse couronne solaire, spectrohéliographe pour observer les taches solaires dans diverses longueurs d’onde et d’autres encore. Ils savent aussi simuler ces instruments sur ordinateur afin que d’en tirer la quintessence. Voilà qui  en étonnera plus d’un. C’est que leur imagination n’a que le ciel pour limite ! Comment remercier Futura-Sciences qui nous rappelle partout sur son site que la curiosité est le début de la science ? Puisse donc Futura-Sciences demeurer ce passeur généreux faisant le lien entre les professionnels, les amateurs et le grand public passionné par le ciel, par les découvertes qu’on y fait et aussi par sa part de mystère.
Charles Rydel Novembre 2012

Découvrez sa

Biographie

Charles Rydel a mené une carrière d'ingénieur en électroniqueingénieur en électronique analogiqueanalogique dans l'automobileautomobile au cours de laquelle il a toujours travaillé en R&D. Il a déposé une trentaine de brevets dans des domaines innovants tel que la radio fréquencefréquence, la conversion d'énergieénergie, la détection des faibles signaux, l'optique. Il a créé, chez un grand équipementier automobile en tant que chef de service, un groupe de développement de circuits intégréscircuits intégrés à la demande (ASICASIC) et a occupé la position de Senior Expert. Il a aussi contribué au partage des connaissances, des savoirs faire et à la méthodologie de conception et de développement.

Il est l'auteur de divers articles tant concernant des applicationsapplications de l'électronique analogique comme le filtrage que dans le domaine de l'optique astronomique et pour ces derniers, publiés dans la revue de la SAF «L'astronomie » . Il a en outre participé et a dirigé l'édition d'un ouvrage : « Conception et constructionconstruction des télescopestélescopes et astrographes amateurs » publié chez de Boeck.

Charles Rydel est désormais retraité et consacre une partie de son temps à la formalisation du savoir faire dans le domaine de l'astronomie d'amateur et plus particulièrement la conception et la construction des instruments. Il est membre de la Société Astronomique de France qui lui a remis le prix Georges Bidault de l'Isle en 2008 pour l'introduction de l'interféromètreinterféromètre de Bath et de l'outil segmenté en céramiquecéramique dans la communauté amateur. Il a été Président de la Commission des Instruments de la SAF.

Découvrez son

métier

Développer des ASICs pour votre voiture.

Mais d’abord, que sont donc les ASIC ? Le terme ASIC signifie dans la langue de Shakespeare :  « Application Specific Integrated Circuit », en d’autres termes dans la langue de Molière, « Circuits Intégrés pour des Applications Spécifiques ». Ce sont des petites puces électroniques comme on en trouve un peu partout aujourd’hui dans les ordinateurs, les téléphones portables ou les liseuses par exemple. Mais on dit ASIC pour faire court et puis c’est le terme consacré depuis très longtemps par une tradition vivace. Pourquoi faire des ASICs ? Parce qu’ils concentrent dans un tout petit volume beaucoup de fonctions diverses à l’opposé des circuits discrets (on dit les « Discrets ») qui sont des composants unitaires, tels que résistances, condensateurs, diodes etc. Il arrive même que se trouvent associés au sein d’un ASIC un microprocesseur et de la mémoire pour que tout le monde joue la partition selon un plan préétabli en fonction d’événements extérieurs. En bref, un ASIC, permet de gagner de la place et de l’argent. Paradoxalement cela le rend plus discret que des circuits discrets mais bon…Il permet accessoirement de cacher le savoir faire de l’entreprise aux yeux intéressés des concurrents démunis de principes, toujours avides de copier le savoir faire d’une grande entreprise compétitive ! Composé d’ingénieurs souvent responsables de projet, le Département ASIC a plusieurs facettes. D’une part, recueillir les besoins et desideratas des clients (souvent une autre branche de l’Entreprise) pour leurs projets propres, au cours de réunions souvent houleuses et qui se prolongeront tard dans la nuit  et d’autre part de les transcrire sous la forme d’un CDC. CDC ? Tout simplement « Cahier Des Charges ». Un «CDC » comprend divers rubriques censées définir l’entité  « ASIC », comme les spécifications d’environnement (température de fonctionnement, ruissellement, chocs…), les spécifications électriques (tensions de fonctionnement, caractéristiques des entrées/sortie, gain… ), spécifications mécaniques d’encombrement car ces petites bêtes prennent de la place etc. etc. Attention personne (sauf le Chef) ne parlera de « Spécifications », l’Homme de l’Art parlera ici de « Specs » pour désigner ce document qui prendra de l’embonpoint au fur et à mesure que le projet avance et que lui sera adjoint des « Docs » ou documents. « CDC », « Spec », « Doc », « ASIC », « Discrets »… On le voit, raccourcir, élaguer, et aussi à la fin, rendre obscure aux non initiés une activité technique au travers d’une Novlang particulière est commun à de nombreuses autres activités et pas seulement aux responsable de partis politiques ! Il faut aussi savoir que l’un des charmes de cette activité c’est qu’elle est très variée. En effet, le client change d’avis constamment, rajoute ceci, supprime cela. Il y a même des fois où il oublie de vous avertir que la fonction à laquelle il tenait tant la semaine passée à été supprimée la semaine qui suit et remplacée par une autre, aussi indispensable qu’improbable. Heureusement de tels évènements restent assez rares même si on en apprend le plus souvent l’existence à la sortie de la cafétéria, ce qui ne facilite pas la remise à jour de la « Spec » ou de la « Doc » à la base du « CDC ». Mais c’est la loi du genre… Une autre facette du travail apparait quand le CDC est achevé et signé par le client, ce qu’il a généralement tendance à retarder le plus possible pour préserver sa marge de manœuvre tout en réduisant la vôtre, cela en émettant de multiple réserves formelles visant à se décharger du maximum de responsabilités en cas de problèmes. Tout l’art du Responsable de Département, qui est aussi l’art du joueur de Go, consistera à reformuler ces réserves sans vexer personne, en sorte que le client prenne les responsabilités qui sont les siennes (voire les vôtres…). Le fin du fin sera de donner au client l’illusion que c’est lui qui prend les décisions alors que c’est vous qui les lui avez suggérées... Mais quand vous avez en face de vous un de ces vieux briscards, plus proche de la retraite que de l’augmentation, il est moins facile de jouer ce jeu là. Il arrive alors quelquefois qu’une sorte de complicité naisse et un compromis acceptable se trouvera alors rapidement. De retour à votre bureau, il faut former l’équipe et trouver des collaborateurs compatibles entre eux, respecter une certaine parité, sachant que tous et toutes travaillent déjà sur d’autres projets, tous plus prioritaires les uns que les autres avec des délais qui sont tous largement dépassés, à commencer par le nouveau que vous venez d’apporter qui a déjà pris du retard avant même de commencer ! Etablir un premier planning global, sachant que le responsable de projet va l’étoffer, le recaler et le suivre tout au long du développement permettra d’avoir les idées claires et de bien synchroniser les développements. Le mieux c’est de demander des volontaires, quitte à corriger à la marge quelques (rares) anomalies. Il faut quand c’est possible, imposer le moins possible, c’est ainsi que l’on est le mieux à même de motiver et impliquer le personnel. Mais quelle est la suite de cette première journée ? Normalement, il existe dans l’entreprise une « Short List » de 3 ou 4 fournisseurs par produits, il en va ainsi pour les fabricants d’ASIC avec lesquels ont été tissés des liens de partenariat sur le long terme. L’objectif est d’obtenir des ressources dédiées qui viendront s’intégrer dans l’équipe formée, cela avec un engagement de volume de business conséquent pour le fournisseur. L’intégration du fournisseur, moyennant des clauses de confidentialités réciproques, est une stratégie gagnant/gagnant quand elle est bien mise en pratique. Le choix des fournisseurs a été ici réalisé en concordance avec la direction des achats. Cette « concordance » et le plus souvent un compromis car les objectifs des achats et de la technique ne sont pas nécessairement les mêmes. Les achats souhaitent les prix les plus bas quand la technique cherche le produit le plus adéquat pour le projet. On comprend qu’une confiance réciproque doit exister en sorte que s’établisse le meilleur compromis et de ce cas, on aura tendance à réitérer les choix précédents. En effet, travailler avec un nouveau partenaire présente toujours un risque. Cela est néanmoins obligatoire quand les performances d’une nouvelle technologie sont nécessaires, car sur un marché concurrentiel comme celui de l’automobile, il faut innover en permanence. Le choix du fournisseur effectué, des rencontres quadripartites incluant le représentant de la branche cliente, du fournisseur, du Département ASIC  et de la qualité, seront fixées. Travailler ensemble et de façons transparente sera un gage de succès. Je participais souvent aux premières réunions, afin d’être certain que le projet est sur les bons rails et qu’il n’y aura pas de problèmes qualité majeurs. Une fois les premiers échantillons disponibles, des tests seront effectués en interne. Il arrive que des erreurs de conception ou des problèmes liés aux technologies doivent être corrigés. On parle alors d’un nouveau «Run » pour l’Asic car les corrections doivent se faire directement sur le silicium. Il fallait en général trois runs pour obtenir un circuit conforme aux spécifications du CDC, souvent plus, rarement moins. C’est là qu’une bonne connaissance de la technologie du fabriquant d’ASIC (l’Asiceur) et de ses moyens de fabrication est importante. Des variations infimes du Process de fabrication peuvent avoir des répercussions énormes sur la qualité du produit fini. Et l’asiceur n’est pas forcément très transparent sur ce qui est le cœur de son métier… A sa décharge, disons que souvent, la cause des problèmes est partagée. Parvenir à la Qualité Totale est un long combat toujours recommencé et jamais gagné d’avance. On raconte les soirs à la veillée, que certains y seraient même parvenus…