On parle peu de l'archéologie d'Asie centrale en France, et pourtant, de nombreuses découvertes y sont faites régulièrement. La dernière notable en date est la fouille minutieuse de la sépulture d'une jeune fille de l'âge du bronze entourée de 180 ossements de moutons ainsi que d'objets précieux. Parmi ceux-ci, se trouve un disque en bronze dont on n'a pour l'heure trouvé aucun équivalent au Kazakhstan.
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La découverte de la tombe d'une jeune fille de l'âge du Bronze au Kazakhstan a été annoncée le 2 Août 2023 par le ministère des Sciences et de l'Enseignement supérieur à la presse. Il n'est pas rare de retrouver des squelettes en archéologie, mais la sépulturesépulture de cette pré-adolescente a révélé de nombreux objets d'accompagnement à ses côtés. Certains, à l'image d'un disque de bronze sculpté en son centre représentant une grenouille s'avère être unique pour l'heure dans le paysage archéologique du Kazakhstan.
Des corps en tumulus
Le site de Ainabulak-Temirsu est actuellement fouillé par une équipe conjointe composée de scientifiques kazakhs et de scientifiques anglais. Des fouilles qui se déroulent depuis plusieurs années puisque la région est propice à la découverte de tumulus sous lesquels se trouvent des corps inhumés. Il est possible de croiser le terme de kourgane pour parler de ces monticules artificiels construits en terre au-dessus des morts au cœur des steppessteppes du pays. C'est dans ce contexte qu'a été découverte la dépouille d'une jeune fille dont l'âge est estimé entre 12 et 15 ans. Sa tombe se différencie nettement de celles des autres individus de son âge ou d'autres adultes de par la présence de nombreux objets d'accompagnement.
180 ossements d'animaux et des bijoux
Les peuples d'Asie centrale se caractérisent en archéologie par leur proximité avec leurs animaux dans le cadre de l'élevage. Idem pour la grande proximité avec les chevaux, des animaux qui permettaient de combattre mais aussi de se déplacer plus rapidement dans l'immensité des steppes. La jeune fille, inhumée sur le côté, a eu un amas de centaines d'os de moutons ou de bovins placé vers son visage. Ces ossements, des astragalesastragales se retrouvent à l'heure actuelle dans la culture kazakhe puisqu'ils composent les pièces principales de l'Assyk, un jeu traditionnel qui peut s'assimiler au jeu des osselets. Pour autant, les archéologues ne savent pas si ces ossements ont eu une fonction pratique spirituelle ou non en lien avec la défunte ou une autre symbolique. D'autres objets ont été retrouvés près d'elle comme des objets usuels en bronze, des ornements du type boucles d'oreilles et collier. En revanche, un objet a intrigué davantage les chercheurs au sein de cette tombe.
Un disque unique orné d'une grenouille
Auprès de cette jeune fille, un disque en bronze avec, au cœur de ce dernier, une grenouille interroge les chercheurs. Ce type d'objet au Kazakhstan en archéologie s'avère rare puisqu'il est le seul exemplaire connu à l'heure actuelle. Difficile de dire quel est le sens réel de cet objet ainsi que sa fonction. Selon les cultures et les époques, la grenouille peut avoir diverses interprétations, en particulier dans le monde antique. Il est possible de la retrouver à diverses occasions dans le monde grec par exemple en lien avec la question des morts. Est-ce que, dans la culture de l'âge du bronze au Kazakhstan, la grenouille avait une fonction en lien avec l'autre monde ? Ou bien une symbolique magique ? Les réponses manquent, et la rareté du motif dans les tumulus découverts jusqu'ici sur place ouvre de nouvelles pistes de recherches concernant ce motif.
Une centaine de tumulus a été pour l'heure fouillée sur le site permettant de mieux comprendre les habitudes funéraires locales pour les périodes les plus anciennes de l'âge du bronze. Si le cas de cette jeune fille est notable, la possibilité de mieux comprendre l'ensemble de ces objets d'accompagnement et leur répartition au sein des tombes sera envisageable en trouvant de nouvelles tombes qui porteront peut-être la trace de pratiques similaires. Pour l'heure, ces populations n'ayant pas laissé d'écrits, l'interprétation reste complexe afin de ne pas transposer un regard contemporain sur des pratiques du passé, comme pour tout travail archéologique.