Une équipe d'archéologues polonais a mis la main sur le cimetière d'un site historique légendaire du Pérou : Pachacamac. Les chercheurs ont eu la surprise de déterrer 73 corps enveloppés dans des tissus, une momification sous forme de « paquetage ». Certaines momies se sont vues affublées d'inquiétants masques de bois.


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    En creusant sur l'un des sites précolombiens les plus fouillés du Pérou, les archéologues de l'université de Varsovie ne pensaient pas tomber sur 73 momies vieilles de presque 1 000 ans. Dans un article publié sur le blog Archeowieści le 28 novembre dernier, les chercheurs ont fait état de cette impressionnante découverte, s'étant déroulée à 30 kilomètres au sud de Lima. On pensait pourtant le site de Pachacamac exsangue après de multiples campagnes de fouilles et des pillages depuis sa découverte en 1896.

    Des momies huaris vieilles de 1 000 ans

    Ce ne sont pas de « simples » squelettes que les archéologues ont exhumé à Pachacamac, mais des restes humains enterrés en utilisant une méthode appelée « fardo ». Dans plusieurs cultures précolombiennes, notamment au pied des Andes, les défunts étaient installés dans des sortes de paniers en osier. Les structures étaient ensuite recouvertes de tissus pouvant atteindre 20 mètres de long et 4 mètres de large. Après avoir apposé plusieurs couches sur le corps, le fardo était déposé dans une tombe. Les historienshistoriens ont rapidement pu dater les 73 momies : elles seraient issues de la culture huari, s'étant développée durant l'ère du Middle Horizon, entre 500 et 1 200 de notre ère.

    Un masque rustique, figeant le visage de plusieurs momies lors du passage des défunts vers un monde parallèle… © PUCP <em>Archaeology Program « Valley of Pachacámac »</em>, ed. M. Giersz, CC by-sa 4.0
    Un masque rustique, figeant le visage de plusieurs momies lors du passage des défunts vers un monde parallèle… © PUCP Archaeology Program « Valley of Pachacámac », ed. M. Giersz, CC by-sa 4.0

    Dans la culture huari, les défunts ne mourraient pas à proprement parler. La vie continuait dans un monde parallèle, les morts rejoignant ainsi leurs ancêtres. Les fardos adoptant une forme de graine pourraient symboliser la continuité de la vie au-delà de la mort charnelle. Le rituel s'appliquait ainsi aux hommes comme aux femmes de tout âge. « Le devoir d'assurer la continuité de la vie auprès des ancêtres du défunt était pris très au sérieux dans les cultures pré-andéennes », explique le professeur Krzysztof Makowski sur le site Archeowieści.

     Fouilles d'un complexe funéraire collectif dans les chambres du cimetière de Pachacamac 1 : trois momies dans un empaquetage funéraire. © PUCP Archaeology Program « <em>Valley of Pachacámac</em> », ed. M. Giersz, CC by-sa 4.0
     Fouilles d'un complexe funéraire collectif dans les chambres du cimetière de Pachacamac 1 : trois momies dans un empaquetage funéraire. © PUCP Archaeology Program « Valley of Pachacámac », ed. M. Giersz, CC by-sa 4.0

    Des artefacts en excellent état de conservation

    D'autres éléments découverts ces dernières semaines à Pachacamac viennent souligner l'importance de cette cité comprenant bon nombre de lieux liés aux rituels. À côté du sépulcre, les archéologues ont trouvé deux sceptres de boisbois représentant des divinités andéennes et des dignitaires huaris. Quelques sculptures permettent d'affirmer que la peuplade était en contact avec le royaume Tiwanaku, à la frontière entre la Bolivie et le Chili. Signe des compétences artistiques de la société Huari, plusieurs poteries ornementées de peintures colorées

    Deux sceptres finement ciselés représentant des divinités andéennes et des dignitaires huaris, trouvés à l'entrée du cimetière. © PUCP <em>Archaeology Program « Valley of Pachacámac »</em>, ed. M. Giersz, CC by-sa 4.0
    Deux sceptres finement ciselés représentant des divinités andéennes et des dignitaires huaris, trouvés à l'entrée du cimetière. © PUCP Archaeology Program « Valley of Pachacámac », ed. M. Giersz, CC by-sa 4.0

    Sur certains fardos, on retrouve des masques de bois relativement sommaires. Ces figures figées représentent cependant une énigme pour les archéologues : désignent-elles des personnalités importantes de Pachacamac ? Les masques sont-ils des accessoires utiles au défunt dans sa seconde vie ? On sait aussi que les Huaris procédaient à des sacrifices humains... En attendant d'en savoir plus sur ces mystérieux fardos masqués, dix-neuf momies encore enveloppées dans leurs tissus ont été envoyées pour un examen approfondi en laboratoire.