En mai 2005, le professeur sud-coréen Hwang Woo-suk avait affirmé avoir isolé onze lignées de cellules souches embryonnaires humaines  à partir de prélevements de peau réalisés sur des volontaires. Alors que la commission d'enquête de l'Université de Séoul vient de statuer sur cette affaire et de reléguer le professeur au rang de charlatan, ce dernier persiste et signe en affirmant être victime d'une machination visant à le décrédibiliser.

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    Le comité d'experts se penche à présent sur le cas de SnuppyInfo ou Intox ?

    Le comité d'experts se penche à présent sur le cas de SnuppyInfo ou Intox ?

    Hwang Woo-suk, un usurpateur ? <br />C'est en tous cas l'avis du comité d'experts de l'Université de Corée du Sud <br />Pour sa part, il pense avoir été manipulé... <br />(Crédits : Stanford University)

    Hwang Woo-suk, un usurpateur ?
    C'est en tous cas l'avis du comité d'experts de l'Université de Corée du Sud
    Pour sa part, il pense avoir été manipulé...
    (Crédits : Stanford University)

    Du statut de héros à celui de charlatan

    La nouvelle avait propulsé le professeur Hwang Woo-suk au rang de héros national : après avoir déjà réussi à cloner une vachevache en 1999 et un lévrier afghan en 2005  , il avait en effet annoncé dans un article publié dans le journal Science de mai 2005 avoir obtenu 11 lignées de cellules souches embryonnaires à partir de cellules humaines. Une telle découverte le plaçait d'office sur les rangs pour un futur Prix Nobel de médecine et de physiologie.

    Le protocoleprotocole opératoire suivi par son équipe pour obtenir ces cellules souches était le suivant :

    1) Prélèvement de cellules sur l'épiderme des patients ;
    2) Extraction de l'ADN de ces cellules ;
    3) Enucléation d'ovules fournis par des mères donneuses ;
    4) Introduction de l'ADN extrait en phase 2 dans ces ovules ;
    5) Stimulation des ovules en vue de la formation d'un embryonembryon ;
    6) Interruption du développement embryonnaire au sixième jour (stade du blastocyte) et culture des cellules souches obtenues, en vue de leur multiplication.

    Néanmoins, pendant longtemps le doute a plané sur la véracité de cette révélation. Afin de tirer l'affaire au clair, l'université de Corée du Sud avait chargé un comité d'experts d'étudier les travaux et les expériences du professeur. Rendues publiques le 29 décembre dernier, les conclusions sont sans appel : « Nous avons découvert que Hwang et son équipe n'ont aucune donnée scientifique pour prouver qu'ils ont bien produit des lignées de cellules souches correspondant spécifiquement à l'ADN d'une personne. »

    Les indices du méfait ? En premier lieu, l'annonce faite par Hwang en personne d'avoir « perdu » par contaminationcontamination six des onze lignées présentées. En second lieu, les retouches de photographiesphotographies et les falsifications des résultats publiés dans l'article du magazine Science. Et enfin, la découverte par le comité d'experts que, parmi les cinq lignées restantes, seules deux correspondaient à des cellules de patients : « Les conclusions de trois laboratoires montrent que les lignées de cellules numéros 2 et 3, qui avaient besoin d'une confirmation par rapport à l'article de mai 2005, ne correspondent pas à des cellules de patients mais sont des cellules d'ovules » a déclaré à ce sujet Roh Jung-hye, le porteporte-parole du comité d'enquête.

    Hwang est-il la victime d'un complot ?

    Après avoir présenté son mea culpa devant la communauté scientifique, Hwang a démissionné de son poste de professeur à l'Université de Corée du Sud. L'affaire aurait pu s'arrêter là. Néanmoins, dans un récent entretien accordé au journal Beopbo, Hwang s'est déclaré victime d'une machination et a soutenu qu'on essayait de le discréditer afin de s'emparer de ses travaux : « Je maîtrise la technologie pour fabriquer des cellules souches 'sur mesure', c'est sûr. Je peux reproduire le processus à l'infini. Ma crainte est que la technologie sud-coréenne sur les cellules souches soit exportée à l'étranger. »

    Et Hwang d'ajouter que, selon lui, quelqu'un aurait pu falsifier ses travaux : « Ma pensée personnelle est que le remplacement est le résultat d'un plan détaillé à long terme. J'ai déjà demandé à des procureurs d'enquêter sur le remplacement des cellules souches. Le remplacement ne peut être le fait que d'une poignée de personnes ».

    En tous cas, la commission d'enquête ne compte pas revenir sur ses conclusions. En effet, elle se penche d'ores et déjà sur les précédents travaux du professeur Hwang, qui avaient tenu en émoi le monde de la recherche scientifique, notamment au sujet du célèbre SnuppySnuppy, le lévrier afghan cloné.