Lire les pensées reste encore un rêve mais des chercheurs américains ont prouvé qu’il est déjà possible de reconstruire les sons entendus par le cerveau, grâce à des électrodes. Des patients atteints par exemple de la même maladie que Stephen Hawking pourraient peut-être un jour retrouver une certaine capacité à communiquer.

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    La possibilité de lire dans l’esprit d'une personne grâce à une machine est un vieux rêve de la science-fiction, à moins qu'il ne s'agisse d'un cauchemar. On s'en rapproche un peu plus chaque jour et nul doute que des patients atteints de la même maladie que Stephen Hawking pourraient bénéficier d'une telle technologie. On sait malheureusement que le grand cosmologiste britannique, dont on vient de fêter les 70 ans récemment, est en train de perdre la capacité à communiquer, même avec les machines actuelles, avec ses proches et ses collègues.

    La réussite de chercheurs de l'université de Berkeley pourrait redonner un peu d'espoir et de confort de vie à des personnes affligées des mêmes problèmes dans un avenir pas trop lointain. Ces spécialistes du cerveau sont en effet parvenus à reconstruire des sons entendus par des patients atteints d'épilepsie, à partir des enregistrements d'électrodesélectrodes mesurant en particulier l'activité d'une aire de leur cerveau, du nom de gyrus temporaltemporal supérieur.

    Cette image prise avec un scanner montre les électrodes implantées pour enregistrer l'activité de certaines zones du cerveau afin de tenter de reconstruire les sons entendus à partir des modifications électrochimiques du cerveau. © Adeen Flinker, UC Berkeley

    Cette image prise avec un scanner montre les électrodes implantées pour enregistrer l'activité de certaines zones du cerveau afin de tenter de reconstruire les sons entendus à partir des modifications électrochimiques du cerveau. © Adeen Flinker, UC Berkeley

    Cette performance a été possible grâce à l'aide de 15 patients épileptiques présentant des convulsions résistantes aux traitements conventionnels. Initialement, il s'agissait d'abord d'implanterimplanter 256 électrodes dans des zones de leur cerveau pour chercher à déterminer des régions où se produiraient des disfonctionnements neurologiques. En cas de succès, des opérations auraient pu être tentées pour supprimer les régions du cerveau responsables des convulsions dégradant la vie des patients.

    Ils ont accepté de servir de cobayes à une autre expérience conduite par Brian Pasley et ses collègues dont les résultats viennent d'être publiés dans la revue Plos Biology.

    Un dictionnaire sons entendus-activation de zones corticales

    Pasley s'est rendu auprès de chacun d'entre eux et a enregistré leur activité neuronale pendant 5 à 10 minutes, dans les régions du cerveau consacrées à l'audition. L'idée du chercheur et de ses collègues était que pour des ensembles de fréquences contenues dans le son associé à un mot, des zones bien précises du cerveau devaient s'activer. C'est bien ce qu'ils ont constaté et grâce à un traitement mathématique des données enregistrées, il leur a été possible d'établir un dictionnaire des sons des mots entendus par les cobayes volontaires et de l'activité correspondante de certaines zones corticales. Les chercheurs ont ensuite pu vérifier leur modèle mathématique en prédisant les mots entendus, en regardant uniquement l'activité du cerveau des patients.

    Intéressant en lui-même pour aider à comprendre les mystères du cerveau, ce résultat est de plus un premier pas vers des avancées plus fascinantes... ou inquiétantes. Les neurologues ont des raisons de penser que les zones du cerveau qui s'activent lorsque l'on entend un mot sont les mêmes lorsque l'on entend ce mot intérieurement en y pensant. En effet, des études ont montré que lorsque des gens sont invités à imaginer dire un mot, des régions cérébrales similaires à celles qui le sont lorsque la personne prononce le mot sont activées. À terme, on pourrait donc être capable de lire la pensée d'une personne en train de « parler » dans sa tête.

    On comprend tout l'intérêt qu'aurait la réalisation d'un dispositif capable de lire effectivement les pensées de cette façon lorsque la personne est murée dans son corps, incapable de communiquer par la parole ou l'écriture, par exemple des suites d'un AVC grave. On pense aussi à des personnes atteintes de la maladie de Charcot comme Stephen HawkingStephen Hawking.

    Pour le moment, on n'en est pas encore là. Mais on peut l'imaginer, à la manière d'un Mitchell Gant aux commandes d'un Firefox, comme dans le film américain d'espionnage et d'action réalisé par Clint Eastwood et sorti sur les écrans en 1982...