Les plumes remplissaient déjà toutes leurs fonctions actuelles à la fin du Crétacé, lorsque la majorité des dinosaures ont disparu. Les Similicaudipteryx les utilisaient par exemple pour attirer l’attention de partenaires potentiels grâce à des mouvements vifs de la queue, tandis que d’autres espèces s’en servaient pour voler et se réchauffer.

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    De nos jours, plus de 20 genres de dinosaures, principalement des théropodes, sont connus pour avoir possédé des plumes. L'origine de ces structures fait débat, mais une étude de 2012 a montré qu'elles seraient aussi vieilles que les dinosaures eux-mêmes. Un autre point suscite de nombreuses interrogations : quelles étaient leurs principales fonctions au cours de l'évolution ? Selon une découverte récente, les plumes auraient été utilisées relativement tôt dans le cadre de parades amoureuses (elles étaient alors fixées sur des ailes primitives), avant de servir pour la thermorégulation et le vol. 

    Une nouvelle étude réalisée par Scott Persons de l'université d'Alberta (Canada) vient de confirmer qu'elles étaient toujours utilisées dans le cadre de parades amoureuses peu de temps avant la crise du Crétacé-Tertiaire qui vit disparaître presque tous les dinosaures. Ce chercheur vient par la même occasion de prouver qu'à cette époque, les plumes remplissaient déjà les mêmes fonctions qu'aujourd'hui chez les oiseaux modernes. Ces faits ont été rapportés dans la revue Acta Paleontologica Polonica

    Modèle digital de l’ostéologie caudale et de la musculature d’un oviraptosaure <em>Khaan mckennai</em>. Les trois étapes de la reconstitution sont affichées en vue latérale droite puis en vue dorsale. En A, les os ont été recréés à partir d’observations. Le pygostyle constitue l’extrémité gauche, sur environ 10 cm. En B, le muscle <em>m. caudofemoralis longus </em>(en rouge) a été ajouté au modèle. En C, tous les autres muscles ont été remis en place : le <em>M. spinalis</em><em>/M. longissimus (en jaune) et le M. ilio-ischiocaudalis </em>(en rose). © Persons <em>et al.</em>, 2013, <em>Acta Palaeontologica Polonica</em>

    Modèle digital de l’ostéologie caudale et de la musculature d’un oviraptosaure Khaan mckennai. Les trois étapes de la reconstitution sont affichées en vue latérale droite puis en vue dorsale. En A, les os ont été recréés à partir d’observations. Le pygostyle constitue l’extrémité gauche, sur environ 10 cm. En B, le muscle m. caudofemoralis longus (en rouge) a été ajouté au modèle. En C, tous les autres muscles ont été remis en place : le M. spinalis/M. longissimus (en jaune) et le M. ilio-ischiocaudalis (en rose). © Persons et al., 2013, Acta Palaeontologica Polonica

    Un pygostyle au bout d’une queue de dinosaure flexible

    Ses conclusions sont basées sur l'analyse morphologique des queues de quatre espèces d'oviraptosaures, un groupe rassemblant des dinosaures injustement qualifiés de « voleurs d'œufs », ayant vécu à différentes époques. Deux d'entre elles ont par exemple peuplé notre planète, plus précisément la Mongolie, la Chine et l'Alberta, à 45 millions d'années d'intervalle. Leur point commun ? Elles possèdent toutes un pygostyle résultant de la fusionfusion des quatre dernières vertèbres caudales. Cet os en forme de lame existe encore chez tous les oiseaux modernes au niveau de leur croupion. Il sert de support pour l'insertion des rectrices.

    Les observations réalisées sur un Similicaudipteryx, un oviraptosaure primitif, ont mis en évidence la présence de plumes qui devaient rayonner à partir du pygostyle. Cette espèce bipède ne volait pourtant pas. À quoi pouvait donc servir une telle adaptation ? Détail intéressant, l'os incriminé était connecté à une série de petites vertèbres, ce qui devait conférer une grande mobilité à la queue des reptilesreptiles. Selon le chercheur, les mouvementsmouvements de l'appendice caudalcaudal pourraient avoir été utilisés pour déplacer les plumes et ainsi s'en servir pour attirer l'attention. 

    Pas de traces de plumes, mais des preuves indirectes

    Pour s'en convaincre, le chercheur a également reconstruit la musculature de la queue des Similicaudipteryx. Il s'est pour cela inspiré de dissections d'appendices caudaux réalisées sur des oiseaux et des reptiles modernes. Selon lui, le dinosaure possédait bien les muscles requis pour réaliser des mouvements vigoureux aussi bien à la verticale qu'à l'horizontale. Certains muscles longs connectaient en effet suffisamment de vertèbres entre elles ou avec le pygostyle. 

    Aucune preuve directe trahissant la présence de plumes n'a été trouvée chez les trois autres espèces étudiées. Cependant, la présence d'une morphologiemorphologie caudale parfaitement identique chez chacun d'entre eux suggère qu'ils devaient présenter les mêmes attributs, y compris vers la fin du Crétacé. Qui plus est, Similicaudipteryxcaudipteryx possédait une crête sur la tête. Elle pourrait également avoir été utilisée pour attirer l’attention de partenaires. Toutes ces caractéristiques feraient de cette espèce une championne de l'exhibitionnisme visuel. Au moment de leur disparition, les dinosaures utilisaient donc des plumes pour voler (ou du moins planer), se réchauffer ou uniquement parader, comme de nombreux oiseaux actuels.