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Des scientifiques de 15 pays ont uni leurs efforts, sous la direction d'une équipe de l'université de Yale, pour compter les arbres sur Terre. Ils ont bien sûr utilisé les images satellites mais elles ne suffisent pas pour obtenir la meilleure précision possible puisqu'elles ne montrent pas les individus isolément. L'évaluation effectuée ensuite dépend de la nature de la forêt et même des techniques de comptage qui varient d'un pays à l'autre. Des estimations avaient été faites depuis longtemps, selon différentes méthodes et essentiellement à partir des observations spatiales. Elles conduisaient à un total d'environ 400 milliards, soit 61 par Terrien.
Thomas Crowther et ses collègues se sont lancés dans une évaluation globale réalisée en une fois et avec une méthode plus standardisée. Aux images satellitaires, ils ont ajouté des mesures réalisées sur le terrain sur plus de 400.000 sites, venues notamment d'inventaires réalisés par des organismes de gestion des forêts et par des études scientifiques. Couvrant 430.000 hectares, ces zones de référence sont situées sur tous les continents (sauf l'Antarctique, bien sûr, où le nombre d'arbres est de zéro). Les chercheurs ont pu relier les densités d'arbres à différentes caractéristiques de la région comme le climatclimat, le relief ou l'occupation humaine. Ce lien a ensuite permis des extrapolations plus précises à partir des données satellitaires ou autres.
Les forêts mondiales sont très bien repérées par satellites mais le comptage individuel des arbres est en revanche très difficile. Il faut confronter ces données venues de l’espace avec des observations de terrain. © Université de Yale
Les activités humaines, le facteur déterminant pour les forêts
Les résultats, publiés dans la revue Nature, annoncent 3.040 milliards d'arbres, soit 422 par habitant, environ 7 fois plus que les estimations précédentes. Le nombre est donc plutôt une bonne nouvelle. Mais « ce n'est pas comme si nous avions découvert de nouveaux arbres, tempère Thomas Crowther dans le magazine en ligne Nature News. Nous avons en fait ajouté d'autres couches d'informations qui ont permis de réviser les estimations précédentes ».
Les disparités régionales sont bien sûr importantes. Les forêts boréalesforêts boréales d'Amérique du Nord, de Russie et de Scandinavie présentent les plus fortes densités et comptent 750 milliards d’arbres, soit 24 % du total. Dans les régions tropicales et subtropicales, les surfaces boisées, moins denses mais bien plus vastes, en abritent 1.300 milliards (43 %)).
Ces résultats donnent une image plus précise des forêts mondiales mais aussi de leur évolution. « En fait, les activités humaines sont le principal facteur influant sur le nombre d'arbres de la planète » résume Thomas Crowther dans le communiqué de l’université de Yale. Les auteurs de l'étude remarquent par exemple que la compétition entre arbres et agricultureagriculture est la plus forte dans les régions humides.
Globalement, affirment-ils, la déforestation retire 15 milliards d'arbres par an sur la Terre. Selon eux, il y a douze mille ans, avant que l'humanité ne se lance dans l'agriculture et l'urbanisation, la planète portait 6.600 milliards d'arbres. Il en reste aujourd'hui 46 %.