La Planète des Singes de Pierre Boulle a réussi à s'inscrire durablement dans la culture populaire. Dans ce best-seller, un manuscrit est retrouvé dans une bouteille par un couple de vacanciers de l'espace, Ulysse Mérou, journaliste et personnage principal, en est le narrateur. Partis visiter Soror, une planète semblable à la Terre, Ulysse et ses compagnons sont surpris de découvrir une planète dominé par des singes aux comportements humains, et des humains relégués au rang d'animaux. Capturé, Ulysse devra faire devant les singes la preuve de son humanité... Sous un aspect SF, ce roman est une satire profonde de notre société.


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    résumé du livre

    Image du site Futura Sciences

    Les jeunes Jinn et Phyllis voguent dans l'espace dans une petite capsule, profitant de leur lunelune de miel pour visiter le système de Bételgeuse. Pendant qu'ils contemplent l'immensité de l'espace, enlacés dans les bras l'un de l'autre, ils aperçoivent quelque chose d'absolument improbable dans le vide spatial non loin d'eux. Une bouteille de verre contenant un manuscrit, flottant dans l'espace comme un message lancé à la mer. Une fois repêchée, la bouteille délivre son message au curieux couple. Il s'agit du témoignage d'un homme nommé Ulysse Mérou, qui affirme avoir vécu dans un monde où les singes règnent en maîtres absolus. Il écrit ce message comme un avertissement pour l'humanité, une mise en garde contre ce monde simiesque.

    Ulysse Mérou est journaliste, membre d'une équipe d'exploration dont la mission est de visiter la planète Soror, une planète semblable à la Terre et susceptible d'accueillir la vie. Arrivés sur Soror après deux longues années de voyage, Mérou, Anselme et Levain sont surpris de constater que la race humaine est déjà présente sur cette planète. Mais ceux-ci se comportent comme des animaux : ils sont nus, ne parlent pas et ne communiquent qu'à renfortrenfort de cris et de grognements inarticulés. Ils ont de plus une peur panique des objets manufacturés et s'empressent de déchirer les vêtements des explorateurs et de détruire les instruments de navigation de leur navette spatiale. Les voilà nus et prisonniers de cette étrange planète. 

    Mais voilà que des cavaliers prennent en chasse le troupeau d'humains dans lequel Mérou et ses compagnons se sont intégrés. C'est une grande battue organisée par des chasseurs d'hommes. Sur le dosdos des chevaux, GorillesGorilles et ChimpanzésChimpanzés tirent en l'airair pour tenter de rabattre et capturer le troupeau. Mérou est attrapé. Le voilà revendu comme cobaye dans un centre de recherches. Les humains y sont utilisés pour tester de nouveaux médicaments et cosmétiques, et servent comme sujets à diverses études comportementales. 

    Ulysse Mérou devra prouver au monde des Singes qu'un humain peut avoir autant de cervelle qu'un singe. Beaucoup croiront qu'il n'est qu'un humain superbement dressé, mais avec l'aide de la chercheuse chimpanzé Zira et de son fiancé Cornélius, Mérou espère bien retrouver sa liberté, sa dignité, et surtout un pantalon ! Mais quel avenir réserve un tel monde à un « humain savant » ? Et comment se protéger des ultra-conservateurs qui voient en lui une hérésie, un monstre contre-nature ? S'il tient à la vie, il ne reste qu'une solution à Ulysse Mérou : trouver un moyen de quitter cette maudite planète.

    Comprendre la

    mythologie

    Tout au long du livre, le système social des singes nous est détaillé. Bien qu'il n'existe pas de nations à proprement parler sur la planète des Singes, un système de castescastes basé sur les différentes espècesespèces de singes se partageant la planète est mis en place.

    • Les GorillesGorilles : Bien que moins intelligents que les autres singes, les Gorilles ont une place prépondérante dans la société simiesque. On les retrouve à deux sortes de postes :
    1. Les « Gorilles » littéralement, à savoir les hommes de main. On les retrouve dans toutes sortes de rôles physiquesphysiques : assistants dans les laboratoires pour maîtriser les hommes réfractairesréfractaires, ouvriers dans les chantiers de constructionconstruction... ;
    2. Les « Managers ». Ils savent reconnaître les éléments prometteurs parmi leurs subordonnés et les mettre à des postes où ils pourront le mieux réaliser leur potentiel. Ce rôle de manager serait un héritage de leur longue histoire de chefs de guerre à l'époque des Grandes Guerres entre les singes.
    • Les Orangs-outans : Les Orangs-outans font partie de la caste des « conservateurs ». Dépourvus d'imagination, bornés mais cependant pourvus d'une mémoire éléphantesque, ils apprennent par cœur les écrits des experts de leur profession et en deviennent les farouches gardiens, perpétuant le savoir en y apportant rarement quelque chose de neuf. Ils sont le principal frein à l'avancée culturelle de la société des singes, mais font paradoxalement d'excellents professeurs. 
    • Les ChimpanzésChimpanzés : Esprits actifs et curieux, les chimpanzés sont respectés mais souvent considérés comme « dangereusement originaux » par les autres singes. Les grandes avancées scientifiques et philosophiques ont souvent été initiées par des Chimpanzés, à l'esprit plus souple. Mais la contrepartie de cet esprit d'avant-garde est que les chercheurs de cette race sont souvent limités à des postes de moyenne importance par leurs supérieurs qui leur préfèrent les Orangs-outans. Zira et Cornélius, les chimpanzés qui aideront Ulysse Mérou, se verront souvent confrontés à cette soupape bien-pensante qu'est leur hiérarchie et qui freinera de beaucoup le sauvetage du pauvre humain.

    analyse

    Deux versions, deux messages

    La Planète des Singes est bien connu du public, surtout sous la forme des nombreux films et de la vieille série télévisée du même nom. Le film ayant le plus de ressemblance avec le livre d'origine est celui de 1968 où figure dans le rôle titre le fameux Charlton Heston. Il y joue George Taylor, le Ulysse Mérou américain, échoué sur la Planète des Singes, et luttant pour défendre ses droits face à une société de Singes réfractaire au changement.

    La plus grande différence entre l'œuvre filmique et le roman se situe dans l'origine du déclin de l'humanité. Si dans le film de 1968, Taylor se rend compte que la planète des Singes n'est autre que la Terre et non pas Soror, l'humanité s'étant autodétruite par excès d'orgueil et de nucléaire, l'explication du roman de Pierre Boulle est tout autre. 

    Dans le livre, l'humanité de la planète Soror a dégénéré. Perdant en intelligenceintelligence, en volonté, en capacité de concentration, les humains se ramollissent. Ils dressent des singes pour les suppléer aux travaux pénibles, mais bien vite les singes n'ont plus besoin d'eux pour faire fonctionner usines et hôpitaux. Chassant les humains de leurs maisons, ils prennent leur place dans une société où ils ne sont plus nécessaires. Trop mous pour fuir, ils finissent souvent en cages et se trouvent satisfaits de leur sort. Ceux qui arrivent à se cacher n'ont plus assez de volonté pour fuir très loin et n'arrivent même plus à se concentrer ne serait-ce que pour jouer aux cartes. Privé de volonté et d'instinct de conservation, l'humain était condamné à l'extinctionextinction ou à retomber à l'état sauvage. Un point de vue presque plus pessimiste encore que le message écologique du film de 1968.