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    Face au risque feu de forêt, l'État et les collectivités territoriales ont un rôle de préventionprévention, qui se traduit notamment par des actions d'information préventive, une politique d'entretien et de gestion des espaces forestiers, principalement aux interfaces habitat-forêt, ainsi que la réalisation de plans de prévention des risques naturels (PPR) pour les communes les plus menacées.

    Faire des coupe-feu pour arrêter les incendies. © Swanson Scott, U.S. Fish and Wildlife Service, CC0
    Faire des coupe-feu pour arrêter les incendies. © Swanson Scott, U.S. Fish and Wildlife Service, CC0

    La population tout comme les propriétaires de terrains boisés ont un rôle essentiel à jouer pour que cette prévention porteporte ses fruits. La première doit adopter un comportement approprié en cas de survenance d'un feu, tandis que les seconds doivent mettre en œuvre tous les moyens existants afin de prévenir les incendies sur les terrains privés.

    La prévision et la prévention

    • La prévision

    Elle consiste en une observation quotidienne de l'ensemble des paramètres pouvant concourir à la formation des incendies, principalement lors des périodes les plus critiques de l'année. Les conditions hydro-météorologiques ainsi que l'état de la végétation sont régulièrement surveillés, non seulement pour déterminer les situations pour lesquelles le risque est le plus élevé, mais également pour mobiliser préventivement les secours qui seront nécessaires en cas d'incendie.

    Une surveillance constante de tous les massifs sensibles permet également de détecter au plus tôt tout départ de feu. Les secours peuvent ainsi intervenir le plus rapidement possible. Cette rapiditérapidité d'intervention conditionne fortement l'étendue potentielle d'un incendie. La surveillance est réalisée au moyen de guets terrestres (tours de guet), complétés par des patrouilles mobilesmobiles, voire des patrouilles aériennes lorsque les massifs forestiers à surveiller s'étendent sur de vastes périmètres.

    • La prévention

    Pour maîtriser les facteurs naturels à l'origine de départs de feux, la mise en place d'une politique globale d'aménagement et d'entretien de l'espace rural et forestier s'avère la solution la mieux adaptée. Elle impose des mesures de sécurité des personnes et de prévention de l'incendie, qui doivent être prises par les collectivités publiques dans le cadre de leurs compétences, mais peuvent également incomber aux particuliers.

    Image du site Futura Sciences

    Des documents spécifiques au contrôle des implantations humaines ont également été créés : les plans de zones sensibles aux incendies de forêts (PZSIF). Actuellement remplacés par les PPR, ils avaient originellement pour objectif de définir les mesures de prévention à mettre en œuvre tant par les propriétaires que par les collectivités publiques.

    Le Code forestier, dans son livre III, comporte également des dispositions relatives à la protection des forêts contre l'incendie.

    Les plans intercommunaux de débroussaillement et d'aménagement forestier (les PIDAF) sont les principales structures de prévention des forêts contre les incendies. Ils ont notamment pour but de planifier et de hiérarchiser l'aménagement et l'entretien des massifs forestiers. L'aménagement de la forêt consiste, entre autres, en la création de coupures de combustible, qui permettent de cloisonner les massifs et de réduire le risque de propagation du feu. La réduction de la biomassebiomasse combustible par le pastoralisme ou l'agricultureagriculture constitue également une mesure de prévention du risque de propagation du feu.

    Débroussailler est une opération de prévention utile, notamment aux abords des habitations.
    Débroussailler est une opération de prévention utile, notamment aux abords des habitations.
    • Le débroussaillement

    Le débroussaillement est une opération qui consiste à couper ou broyer la végétation broussailleuse (d'une hauteur maximale de deux mètres) aux abords des habitations, des voies de communication, dans les plantations et sur les pistes pare-feu.

    • Une coupure de combustible

    Une coupure de combustible est une discontinuité dans le couvert forestier, permettant de diminuer la vulnérabilité de la forêt envers le feu. Ces zones, généralement cultivées, sont dépourvues au maximum d'essences inflammables. Elles sont encore appelées coupure verte, zone tampon, zone coupe-feucoupe-feu.

    Enfin les propriétaires, gestionnaires et utilisateurs de l'espace forestier sont particulièrement sensibilisés à la prévention des incendies, afin de réduire les départs de feux liés à des imprudences ou de la malveillance.

    • La prise en compte du risque dans l'aménagement

    Le Code forestier ou les PIDAF ne permettant pas de réglementer l'usage du sol, d'autres outils ont été créés dans ce but. Les efforts de la politique de prévention de l'État se portent prioritairement sur les interfaces habitat-forêt. Ces zones sont en effet les plus propices aux départs de feu, mais également les plus « à risque », en raison de la présence d'enjeux, personnes et biens susceptibles d'être endommagés.

    Afin de diminuer l'aléa (nombre d'éclosions), tout en réduisant la vulnérabilité (zones exposées), il est nécessaire d'y maîtriser l'urbanisation, c'est-à-dire d'éviter toute nouvelle constructionconstruction, tout en protégeant l'existant. Les PPR sont les outils privilégiés de la prévention. Les territoires les plus sensibles aux incendies de forêt, qu'il s'agisse de communes ou de massifs, peuvent bénéficier d'un PPR spécifique.

    Le PPR, dont l'élaboration est conduite sous l'autorité du préfet, permet de délimiter les zones concernées par les risques et d'y définir ou d'y prescrire des mesures de prévention. Il couvre ainsi les domaines de l'utilisation et de l'exploitation du sol, de la construction et de la sécurité publique. Il propose des mesures appropriées à l'importance des risques et proportionnées à l'objectif de prévention recherché.

    La prévention consiste aussi à refuser un permis de construire dans une zone à risque.
    La prévention consiste aussi à refuser un permis de construire dans une zone à risque.

    Le Code de l'urbanisme prévoit également l'élaboration de documents prenant en compte les risques : les plans locaux d'urbanisme (PLU) et les plans d'aménagement de zone (PAZ) sont des documents de synthèse en matière d'urbanisme. Ils permettent de refuser ou d'accepter sous certaines conditions un permis de construire, dans des zones pouvant être soumises aux incendies.

    Enfin, parmi les documents de planification, les directives territoriales d'aménagement (DTA) expriment les orientations fondamentales et les objectifs principaux de l'État dans les domaines du développement économique, social, culturel, urbain et de protection des espaces naturels des sites et des paysages. Elles constituent une stratégie à moyen et long terme d'aménagement du territoire.

    • L'information préventive

    La loi du 22 juillet 1987 a instauré le droit des citoyens à une information sur les risques majeurs auxquels ils sont soumis sur tout ou partie du territoire, ainsi que sur les mesures de sauvegardesauvegarde qui les concernent. Cette partie de la loi a été reprise dans l'article L 125.2 du Code de l'environnement.

    Sous l'autorité du préfet deux documents d'information des populations sont réalisés, généralement par les services interministériels de défense et de protection civiles (SIDPC). Les dossiers départementaux des risques majeurs (DDRM) recensent à l'échelle d'un département l'ensemble des risques par commune. Ils expliquent les phénomènes et présentent les mesures de sauvegarde. Les dossiers communaux synthétiques (DCS) situent les risques dans chaque commune, au moyen de cartes au 1/25.000 et rappellent les évènements historiques, ainsi que les mesures de sauvegarde.

    Les dossiers d'information communaux sur les risques majeurs (DICRIM) sont établis par le maire. Ils complètent les informations contenues dans les précédents documents par les mesures spécifiques prises en vertu des pouvoirs de police du maire. Ils peuvent être accompagnés d'un plan de communication comprenant une campagne d'affichage et une campagne d'information. Disponibles en mairie, ces documents ne sont pas opposables aux tiers.

    L'alerte et les consignes

    • Le signal national d'alerte

    Il consiste en trois émissions successives d'une minute chacune et séparées par des intervalles de cinq secondes, d'un son modulé en amplitude ou en fréquence. Des essais ont lieu le premier mercredi de chaque mois à midi.

    Le signal est diffusé par tous les moyens disponibles et notamment par le réseau national d'alerte et les équipements des collectivités territoriales. Il est relayé par les dispositifs d'alarme et d'avertissement dont sont dotés les établissements recevant du public et par les dispositifs d'alarme et de détection dont sont dotés les immeubles de grande hauteur.

    • Les messages d'alerte

    Ils contiennent des informations relatives à l'étendue du phénomène (tout ou partie du territoire national) et indiquent la conduite à tenir. Ils sont diffusés par les radios et les télévisions (Sociétés nationales de programme Radio France et France Télévisions, Société nationale de radio-diffusiondiffusion et de télévision pour l'outre-mer, services autorisés de télévision par voie hertzienne terrestre desservant une zone dont la population est supérieure à six millions d'habitants, société d'exploitation de la quatrième chaîne).

    Le signal de fin d'alerte consiste en une émission continue d'une duréedurée de trente secondes d'un son à fréquence fixe.

    • La fin de l'alerte

    La fin de l'alerte est annoncée sous la forme de messages diffusés par les services de radiodiffusion sonore et de télévision, dans les mêmes conditions que pour la diffusion des messages d'alerte. Si le signal national d'alerte n'a été suivi d'aucun message, la fin de l'alerte est signifiée à l'aide du même support que celui ayant servi à émettre ce signal.

    Le signal d'alerte permet d'appliquer les différentes consignes de prévention et de secours.
    Le signal d'alerte permet d'appliquer les différentes consignes de prévention et de secours.

    Le signal d'alerte peut être écouté sur le site InternetInternet de l'IFFO-RME.

    Le signal d'alerte est déclenché sur ordre du Premier ministre, du ministre chargé de la sécurité civile, du représentant de l'État dans le département (ou dans la région, si plusieurs départements sont concernés) ou du maire en tant qu'autorité de police compétente.

    Les consignes : un certain nombre de consignes générales à suivre « avant, pendant et après » une alerte ont été définies. Elles sont complétées par des consignes spécifiques à chaque risque.

    Consignes générales

    1. Avant

    Prévoir les équipements minimums :

    • radio portable avec piles ;
    • lampe de poche ;
    • eau potable ;
    • papiers personnels ;
    • médicaments urgents ;
    • couvertures, vêtements de rechange ;
    • matériel de confinement.

    S'informer en mairie :

    • des risques encourus ;
    • des consignes de sauvegarde ;
    • du signal d'alerte ;
    • des plans d'intervention (PPIPPI).

    Organiser :

    • le groupe dont on est responsable ;
    • discuter en famille des mesures à prendre ;
    • si une catastrophe survient (protection, évacuation, points de ralliement).

    Simulations :

    • y participer ou les suivre ;
    • en tirer les conséquences et enseignements.

    2. Pendant

    • Évacuer ou se confiner en fonction de la nature du risque.
    • S'informer : écouter la radio où les premières consignes seront données par France Inter et les stations locales de RFO.
    • Informer le groupe dont on est responsable.
    • Ne pas aller chercher les enfants à l'école.

    3. Après

    • S'informer : écouter et suivre les consignes données par la radio et les autorités.
    • Informer les autorités de tout danger observé.
    • Apporter une première aide aux voisins : penser aux personnes âgées et handicapées.
    • Se mettre à la disposition des secours.

    Il est important de savoir évaluer les dégâts, les points dangereux et s'en éloigner, et de ne pas téléphoner.

    Consignes spécifiques

    1. Avant

    • Repérer les chemins d'évacuation, les abris.
    • Prévoir les moyens de lutte (points d'eau, matériels).
    • Débroussailler.
    • Vérifier l'état des fermetures, portes et volets, la toituretoiture.

    2. Pendant

    • Si vous êtes témoin d'un départ de feu : informer les pompiers (en appelant le 18 ou le 112) le plus vite et le plus précisément possible.
    • Attaquer le feu, si possible.
    • Dans la nature, s'éloigner dosdos au ventvent.
    • Si on est surpris par le front de feu, respirer à travers un linge humide.
    • À pied, rechercher un écran (rocher, murmur...).
    • Ne pas sortir de votre voiturevoiture.

    3. Après

    • Une maison bien protégée est le meilleur abri : fermer et arroser volets, portes et fenêtresfenêtres.
    • Occulter les aérations avec des linges humides.
    • Rentrer les tuyaux d'arrosage.
    • Éteindre les foyersfoyers résiduels.

    À noter :

    Le plan de communication établi par le maire peut comprendre divers supports de communication, ainsi que des plaquettesplaquettes et des affiches, conformes aux modèles arrêtés par les ministères chargés de l'environnement et de la sécurité civile. Le maire peut imposer ces affiches :

    • dans les locaux accueillant plus de 50 personnes ;
    • dans les immeubles regroupant plus de 15 logements ;
    • dans les terrains de camping ou de stationnement de caravanes regroupant plus de 50 personnes.

    Les propriétaires de terrains ou d'immeubles doivent assurer cet affichage (sous contrôle du maire) à l'entrée des locaux ou à raison d'une affiche par 5.000 m2 de terrain.

    La protection et les secours

    • Les moyens de protection

    Dans le cadre de la protection de la forêt contre les incendies, les PIDAF ont pour but d'améliorer les conditions de sécurité des secours et de la population. L'équipement des massifs consiste notamment à assurer aux sapeurs-pompiers des pistes d'accès et à implanterimplanter des citernes dans les zones forestières, afin d'améliorer la rapidité d'intervention.

    La protection des forêts contre l'incendie est également une préoccupation de l'Union européenne, qui a instauré les schémas départementaux. Ces documents doivent être établis par les États membres, pour toutes les zones à risques de leur territoire, et transmis à la commission européenne. Ils consignent les mesures de protection déjà mises en œuvre et l'évaluation de leur efficacité.

    • Les secours

    Lorsque cela s'avère nécessaire, la protection est relayée par des actions de lutte contre le feu. Les acteurs de la surveillance et ceux chargés des secours sont regroupés au sein de la Défense de la forêt contre les incendies, la DFCI. La gestion et la coordination des moyens de secours tendent vers une départementalisation, par la mise en place des centres opérationnels départementaux d'incendie et de secours (CODIS).

    Les pompiers disposent de moyens terrestres et aériens.
    Les pompiers disposent de moyens terrestres et aériens.

    Deux centres inter-régionaux de coordination de la sécurité civile (CIRCOSC) coordonnent sur le territoire national les moyens humains et matériels : ils sont situés à Bordeaux (Gironde) et à Valabre (Bouches-du-Rhône).

    Les secours ont pour mission la protection de la forêt, des zones habitées ou aménagées et des personnes menacées par un incendie de forêt. Pour s'attaquer au feu, les sapeurs-pompiers disposent de moyens terrestres (véhicules d'intervention), qui peuvent être complétés par des moyens aériens (avions ou hélicoptèreshélicoptères bombardiers d'eau, Canadairs), en cas de grands incendies.

    • L'indemnisation

    Contrairement à d'autres risques naturels, ce n'est pas la garantie « catastrophes naturellescatastrophes naturelles » qui s'applique. Les préjudices causés par les feux de forêt figurent en effet parmi les risques assurables et peuvent donc faire l'objet d'un dédommagement, au titre du régime de l'assurance incendie.

    Quelques précisions pour en savoir plus sur les réglementations en vigueur, se référer au guide méthodologique Plan de Prévention des Risques naturels (PPR), risque d'incendie de forêt.