Sous des ballons construits par des amateurs, les objets les plus insolites débarquent dans la stratosphère, accompagnés de caméras pour envoyer ensuite les images sur Internet. Voici quelques vidéos et également quelques rappels techniques et réglementaires.

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    Longtemps, la stratosphère est restée vierge d'occupation humaine. Depuis le XXe siècle, des étages de lanceurs et d'autres engins spatiaux y font de brefs passages, dans un sens ou dans l'autre. Les avions de ligne à dix kilomètres d'altitude sillonnent souvent ses basses couches puisque sa limite inférieure varie entre 8,5 et 20 km au-dessus du sol. Ils viennent y chercher un air raréfié, générant moins de traînées (la pression est d'environ 200 hectopascals en bas, contre 1.000 au sol, et à peu près 1 tout en haut), mais aussi une atmosphèreatmosphère calme, donc sans turbulence.

    De 9 à 60 km : le calme de la stratosphère

    La stratosphèrestratosphère, en effet, est une couche stable. En son sein, l'air, chauffé par les ultraviolets du soleilsoleil, voit sa température augmenter avec l'altitude. Le plus chaud (-3 °C tout de même) est installé au-dessus et le plus froid (-50 °C) en bas, au niveau de la tropopause. Résultat : pas de mouvementmouvement de convectionconvection qui brasse l'air verticalement, donc pas de nuagenuage et très peu de turbulence. Un monde vraiment calme.


    Avec l’expédition Nos jouets dans l’espace, deux petits personnages, partis de la chapelle de Notre-Dame-des-Conches, dans l’Ain, ont fièrement atteint environ 20.000 m d’altitude avant de retoucher terre à 60 km du site de décollage. © Nos jouets dans l’espace, YouTube

    Les plus insolites des promeneurs stratosphériques

    Les ballonsballons-sondes, envoyés par les scientifiques et les météorologistes sont les objets qui y restent le plus longtemps. Gonflés à l'héliumhélium, pressurisés ou pas, ou encore de type montgolfière avec une enveloppe qui chauffe au soleil et, la nuit, aux infrarougesinfrarouges venus du sol, ils peuvent y rester des jours, voire des semaines. Depuis peu d'années, après l'apparition des caméras légères automatiques, une nouvelle cohortecohorte hétéroclite y fait des incursions de plus en plus nombreuses. Des amateurs réalisent des petits ballons, les lâchent munis des objets les plus divers, récupèrent l'engin (c'est le plus difficile) et poste la vidéo sur InternetInternet. Le concours est à l'objet le plus original, pour réaliser une « première ». Voici un classement très subjectif (à part pour les deux premiers, cliquez sur les liens pour voir les vidéos) :

    Le concours continue.

    La stratosphère : les conditions de l’atmosphère martienne

    La réalisation n'est pas si simple, car les conditions de l'environnement sont extrêmes. Avec ces températures et ces pressions basses, la stratosphère vers 20 à 30 km d'altitude ressemble à l'atmosphère de la planète Mars au sol. La caméra et l'électronique devront continuer à fonctionner... L'usage veut que l'on place des réflecteurs radars (petites surfaces métalliques) pour que l'engin soit repérable.

    Les amateurs doivent bien sûr garder en tête que le milieu aérien est peuplé d'engins habités et qu'un gentil ballon peut faire du mal à une hélice ou un réacteur. La réglementation aérienne n'interdit pas les lancements, mais impose que les aéronautes préviennent la DGAC locale (Direction générale de l'aviation civile).


    Une navette spatiale a repris la route de l’espace… Elle est en Lego et n’a atteint que la stratosphère, mais l’image est belle. Rappelons que l’espace, le vrai, commence officiellement à 100 km d’altitude et que ces ballons ne peuvent espérer dépasser les 30 km. © VideoFromSpace, YouTube

    Les autres usagers de l’atmosphère

    Prévenir est en effet indispensable pour que la circulation aérienne puisse éviter le cylindre dans lequel montera le ballon. « 80 % des gens le font » résume-t-on à la DGAC. Les 20 % restants génèrent donc de vrais risques pour les avions et les planeursplaneurs, voire les ULM ou les montgolfières. Il n'est d'ailleurs pas impossible que l'augmentation de ce trafic aérien ludique conduise à durcir la réglementation.

    Pour l'instant, le document de référence est l'appendice 4 de la Convention relative à l’aviation civile internationale, téléchargeable en PDF. Résumé : mieux vaut rester en dessous de 4 kgkg de charge utile. La DGAC a des antennes régionales et un petit tour sur leur site indiquera le bon numéro de téléphone.


    Une balade dans la stratosphère organisée par une classe de cinquième Astro du collège Notre Dame-Saint Sigisbert de Nancy, une expérience financée par le Cnes et soutenue par Planète Sciences. © collège Notre Dame-Saint Sigisbert, The Vosegus, YouTube

    Comment redescendre de la stratosphère

    Il faut aussi prévoir la descente. Parvenu entre 20 et 30 km, le ballon d'hélium a beaucoup gonflé à cause de la baisse de la pression atmosphériquepression atmosphérique. En général, il explose. « L'avionique », selon le terme consacré, c'est-à-dire l'électronique, tombe. Vu les dégâts que peut provoquer au sol une charge de seulement quelques centaines de grammes arrivant très vite, une autre obligation est celle du déploiement d’un parachute. Avec les ventsvents rencontrés, l'objet peut dériver sur plusieurs dizaines de kilomètres. Une balise de positionnement GPSGPS sera la bienvenue pour, en émettant sa position, permettre de la retrouver... si une personne mal intentionnée n'est pas passée par là auparavant...

    Planète Sciences et le Cnes : les vrais spécialistes

    Pour expérimenter tout cela, l'idéal est sans doute de passer par Planète Sciences, une association qui réalise - entre autres - des lâchers de ballons tous les ans avec l'aide de lycéens. Les ballons sont réalisés avec le Cnes (Centre national d'études spatiales), spécialiste des ballons-sondes. Au lieu du jouet en plastiqueplastique, ces expériences ramènent des mesures de températures, de pression ou autre. Balade de nounours ou jeu scientifique, ce genre de vol reste très formateur s'il est fait dans les règles et avec un peu de sérieux.