Une récente méta-analyse par réseau a comparé l'efficacité de différentes doses de médicaments et de l'exercice physique sur un paramètre clé du risque cardiovasculaire, la rigidité artérielle, chez des patients à haut risque cardiaque. Les résultats suggèrent que la combinaison – dose modérée de médicaments et activité physique à haute intensité – est la meilleure solution pour réduire le risque chez ces patients. 


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    Comment savoir si un traitement est plus ou moins efficace qu'un autre sur un paramètre précis, sans avoir mené d'essais cliniques qui les comparent simultanément ? Répondre à ce défi, c'est l'objectif de la méta-analyse par réseau, qui permet d'évaluer différents traitements entre eux sans perdre les bénéfices de dispersion des facteurs de confusion prodigués par la randomisation. Des chercheurs espagnols et britanniques ont décidé de comparer différents dosages de statines - des médicaments visant à inhiber la production de cholestérol dans le foie - à différentes intensités d'activité physiquephysique sur la rigiditérigidité artérielle de patients considérés comme étant à haut risque cardiovasculaire. Ils publient leur article dans la revue Public Library of Science Medicine.

    Pourquoi une telle étude ? 

    La rigidité artérielle est un paramètre associé au stade précoce de vieillissement vasculaire. Il constitue un indicateur indépendant du risque cardiovasculaire, aigu ou chronique. Des mécanismes biochimiques, comme l'inflammation ou le stress oxydant, ont été proposés et étudiés afin de comprendre ce qui déterminait la progression de cette rigidité. On sait, grâce à des études antérieures, qu'agir sur ce paramètre permet, en préservant l'intégritéintégrité des artères, d'éviter des évènements cardiovasculaires, même si l'efficacité de la diminution de la rigidité artérielle sur la préventionprévention d'évènements cardiovasculaires sur le long terme reste à démontrer empiriquement. 

    De l'autre côté, nous avons deux interventions cliniques complètement différentes pour agir sur ce paramètre. L'une est médicamenteuse et consiste en la prise de statinesstatines. L'autre est comportementale et consiste à pratiquer une activité physique. Contrairement aux statines, l'exercice a été considérablement sous-évalué en milieu clinique. Pourquoi donc ? Plusieurs études expliquent ce phénomène par la facilité de prescription, la duréedurée des consultations de prévention primaire, le fait que les praticiens sous-évaluent généralement l'efficacité de l'exercice et qu'ils ont rarement été formés à prescrire des comportements. Mais tout cela semble changer.

    Par ailleurs, il n'existe aucun essai comparant simultanément la prise de statines à l'activité physique chez ce type de patients. L'analyse comparative de l'effet de plusieurs doses de statines et de différentes intensités d'exercice physique sur la rigidité artérielle pourrait éclairer les cliniciens sur l'efficacité des deux méthodes dans la prévention des malades cardiovasculaires et être utilisée pour informer la prise de décision partagée entre les médecins et les patients.

    Contrairement aux statines, l'exercice a été considérablement sous-évalué en milieu clinique. © roger ashford, shutterstock
    Contrairement aux statines, l'exercice a été considérablement sous-évalué en milieu clinique. © roger ashford, shutterstock

    Quels sont les résultats ? 

    Les scientifiques ont inclus 22 études expérimentales dont 18 essais cliniques randomisés. Parmi ces études, 11 concernent les statines (une à faible dose, une à dose élevée, sept à dose modérée, et deux comparant un dosagedosage modéré et un dosage élevé en plus de la comparaison avec le groupe contrôle) et 10 en rapport avec l'activité physique (quatre à intensité modérée, six à haute intensité). Le risque de biais était fort dans toutes les études incluses dans l'analyse.

    Leurs conclusions, qui sont à prendre avec précaution et n'ont pas vocation à modifier les recommandations cliniques pour l'instant, sont que la combinaison d'activité physique à haute intensité avec des statines à dosage modéré semble être la plus efficace contre la rigidité artérielle. Depuis 2014, les recommandations internationales en matièrematière de traitement ont étendu la portée du traitement par statines. Pour autant, elle recommande également une modification de la posologie si le patient change radicalement de mode de vie.