L'organisation du plus grand événement du monde à Paris en 2024 suscite beaucoup d'attentes, mais aussi de nombreuses craintes quant à son impact écologique. Alors que la France peine à atteindre ses objectifs climatiques, comment les Jeux Olympiques peuvent-ils s'inscrire dans la transition écologique ? Explications de Frédéric Lebrun, directeur délégué énergie pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.


au sommaire


    Au cours de l'été prochain, Paris va accueillir plus de 800 épreuves sportives, mais aussi héberger 15 000 athlètes. Une telle organisation représente évidemment un coût environnemental important dans un pays, la France, qui se réchauffe bien plus vite que la moyenne mondiale. Ces Jeux Olympiques se doivent donc de servir de test, mais aussi d'exemple au niveau environnemental. Le budget carbonecarbone de l'événement est estimé à 1,58 MTEQ de CO2 : 34 % pour les déplacements, 33 % pour l'opération des Jeux et 33% pour la constructionconstruction. Des experts ayant travaillé sur la façon de rendre ces JO 2024 plus écologiques se sont exprimés lors d'une conférence organisée par l'association Seinergy Lab le 28 avril dernier.

    Les JO de Paris émettront 50 % de carbone en moins que ceux de Londres

    L'énergieénergie représente une part du budget carbone non-négligeable, et c'est justement la mission confiée à Frédéric Lebrun qui travaille l'enjeu énergétique des Jeux avec des solutions innovantes : « l'objectif, c'est de réaliser Paris 2024 avec un bilan carbone aussi bas que possible. En général, pour alimenter les événements on utilise des groupes électrogènes, que ce soit pour les festivals de musique en plein airair ou les matchs de football dans des stades. Nous avons décidé d'éviter cet usage qui est fortement émetteur de carbone ».

    Les Jeux de Paris émettront 50% moins de carbone que les jeux de Londres en 2012. En 12 ans, le monde a changé, l'évolution du climat aussi, ainsi que les manières de concevoir un événement d'une si grande ampleur. « Les Jeux de Londres en 2012 ont consommé 4 millions de litres de diesel, nous avons donc fait le choix novateur de brancher l'ensemble des sites sur le réseau électriqueréseau électrique grâce au support d'Enedis, et d'utiliser en complément les énergies renouvelables grâce à notre partenaire EDF. Le choix du raccordement électrique a permis d'éviter l'équivalent de 13 000 tonnes équivalent CO2 », explique Frédéric Lebrun.

    Les JO 2024 comptent réduire l'empreinte carbone de l'événement par deux comparé aux précédentes éditions. © Olympics.com
    Les JO 2024 comptent réduire l'empreinte carbone de l'événement par deux comparé aux précédentes éditions. © Olympics.com

    Si l'impact écologique du transport de milliers d'athlètes en provenance du monde entier fait débat, le transport entre les différents sites a également été pensé de manière plus écologique : des véhicules et bus électriques seront présents en massemasse sur tous les sites.

    Des constructions moins nombreuses et pensées différemment 

    Les 15 000 athlètes et leurs équipes seront hébergés dans le village olympique à Saint-Denis, un site de 52 hectares. Celui-ci a été pensé comme une vitrine des énergies renouvelables, avec des panneaux photovoltaïques sur tous les bâtiments, et des aérofiltres permettant de nettoyer l'air des particules de pollution. Mais la grande innovation de ce village olympique est l'utilisation de la géothermie, un procédé qui consiste à  faire remonter la chaleurchaleur des nappes du sol pour l'injecter dans le réseau : cela permet de  chauffer, comme de refroidir, les bâtiments de manière plus propre. Le village des athlètes fonctionnera donc avec 60 % d'énergie renouvelable. Et du côté de la piscine olympique, celle-ci utilisera 68 % d'énergie renouvelable : principalement de la chaleur issue d'un data center qui va être aussi réinjectée dans le réseau. Engie, qui gère la géothermie sur le site, annonce une économie de 18 000 tonnes de CO2 par an en ce qui concerne la piscine, et une économie de  5 000 tonnes de CO2 par an pour le village des athlètes.

    « Nous avons aussi fait le choix de très peu construire, c'est l'un des éléments qui a permis de limiter drastiquement le bilan carbone de Paris 2024 » précise également le représentant de Paris 2024. 95 % des infrastructures sont déjà existantes ou temporaires. Les plus grands bâtiments qui accueilleront des épreuves se doivent d'être novateurs également : à l'image de l'Adidas Arena, avec ses 6 700 m2 de toiturestoitures végétalisées et ses 1 800 m2 de panneaux photovoltaïques. Cet espace a été d'ailleurs été pensé par Equans en prenant en compte l'augmentation de la température en Ile-de-France jusqu'en 2050, que ce soit au niveau des matériaux utilisés (du bois), des couleurscouleurs (du blanc majoritairement) ainsi qu'au niveau de la consommation (en réutilisant la chaleur humaine produite dans le bâtiment).

    Frédéric Lebrun le rappelle, les événement du futur seront différents : « si on peut le faire pour les Jeux qui sont le plus grand événement du monde, alors on peut le faire pour d'autres événements. On espère changer l'état d'esprit, et aussi inspirer le comité d'organisation futur des Jeux Olympiques d'hiver ».