Ce n'est plus de réchauffement climatique que l'on doit parler en Haut Arctique, mais de véritable vague de chaleur. L'été dernier, les conditions ont été à ce point extrêmes qu'elles ont stupéfié les chercheurs.

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    Ile de Melville (photo satellite). Crédit Nasa

    Ile de Melville (photo satellite). Crédit Nasa

    Le Dr Scott Lamoureux, à la tête d'une expédition conduite dans le cadre de l'Année Polaire Internationale, a déclaré en ce début de semaine que les modifications observées dans le Nunavut (le plus jeune et le plus grand des territoires du Canada) étaient extêmement rapides. "Nous avions bien prévu tous ces changements pour le futur, mais les voir se produire maintenant est tout à fait remarquable", annonce-t-il.

    Cette expédition, qui fait partie d'une des 44 initiatives canadiennes de recherches prévues pour une duréedurée de quatre ans, est conduite par le Dr Lamoureux sur l'île de Melville, dans le nord-ouest de l'Arctique, et rassemble des scientifiques de trois universités canadiennes ainsi que du Nunavut. Un de leurs objectifs est d'évaluer la modification de la qualité de l'eau sous l'effet du réchauffement, et d'en déterminer l'impact sur l'écosystème sachant que l'ensemble de la population et des industries en dépendent étroitement.

    Alors que la température moyenne d'un mois de juillet au camp de Melville est de 5° C, ce sont des pics dépassant nettement les 20° C qui ont été enregistrés cette année durant la même période. Les membres de l'équipe ont aussi observé avec stupéfaction que l'eau contenue dans le pergélisol se mettait à fondre, lubrifiantlubrifiant la couverture végétale qui se mettait à glisser en bas des pentes, balayant tout sur son passage et se plissant en formant des arêtes dans les creux du relief "comme une couverture", selon les termes du Dr. Lamoureux. "Les bandes de terrain se déchiraient littéralement en lambeaux sous nos yeuxyeux, et un fleuve important a été complètement endigué sur une longueur de 200 mètres. Son tracé en sera modifié pour des années, sinon pour des décennies", ajoute-t-il.

    L'été meurtrier

    Ces conditions sont qualifiées de "sans précédent" par l'équipe scientifique, notamment par comparaison avec les photos aériennes prises depuis les années 1950 ainsi que les rapports fournis régulièrement au cours des cinq dernières années. "Le plus impressionnant", déclare le Dr Lamoureux, "c'est que ces résultats ne représentent que l'impact d'un seul été exceptionnel".

    "Une quantité considérable de végétation a été dérangée et nous avons observé une élévation importante d'érosion et de modification des charges de sédiments transportés par le fleuve", ajoute le Dr Lamoureux. "Si la température s'accroît encore et si le dégel atteint une plus grande profondeur, l'effet cumulatif produit par les prochaines années pourrait créer d'énormes problèmes aux populations aquatiques et terrestres. Ces perturbations auront aussi des conséquences importantes sur les infrastructures actuelles et futures de la région, comme les routes et les canalisationscanalisations".

    Le Dr Lamoureux conclut en annonçant que si une telle situation se produisait dans des régions habitées du Canada, elle s'avérerait catastrophique en termes d'utilisation du territoire et des ressources.

    L'équipe de recherches conduite par le Dr Lamoureux se compose notamment de Paul Treitz, Melissa Lafreniere et Neal Scott du Queen's Geography Department ; Myrna Simpson et Andre Simpson de l'université de Toronto; Pierre Francus de l'INRS-ETE (Eau, Terre & Environnement), Quebec; Linda Lamoureux de la Kingston's Martello School.