Un nouveau récepteur immunitaire, retrouvé chez deux tiers des Européens, était également présent chez les Néandertaliens, mais pas chez nos ancêtres africains. Un avantage évolutif qu'une partie de la population actuelle arbore toujours.

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    C'est ce qui s'appelle faire d'une pierre deux coups. Une équipe internationale de chercheurs germano-britanniques, dirigée par Norbert Koch de l'université de Bonn, vient de publier des résultats intéressants à double titre : d'une part parce qu'ils mettent en lumièrelumière un nouveau récepteur impliqué dans l'immunitéimmunité, et d'autre part parce qu'ils suggèrent qu'on le doit à l'Homme de Néandertal.

    Dans les colonnes du Journal of Biological Chemistry, les scientifiques exposent les caractéristiques de ce nouveau récepteur cellulaire intégré au complexe majeur d'histocompatibilitécomplexe majeur d'histocompatibilité (CMH). Il s'agit d'un système mis au point par l'organisme afin de déterminer les éléments qui viennent de lui, ou ce qui lui est étranger, de manière à exterminer d'éventuels intrus pathogènespathogènes. Il se décompose en deux grandes classes : dans la première, toutes les cellules du corps (à l'exception des globules rougesglobules rouges) sont concernées, afin d'éviter que le corps s'autodétruise ; la seconde n'implique que quelques cellules du système immunitairesystème immunitaire, chargées de présenter les antigènesantigènes (macrophagesmacrophages, lymphocyteslymphocytes B, cellules dendritiques, etc.).

    Dans ce deuxième cas de figure, l'organisme doit faire preuve d'inventivité pour essayer de balayer l'ensemble des anticorps correspondants aux protéinesprotéines exogènesexogènes. Jusque-là, on ne connaissait que trois récepteurs capables de reconnaître une vaste gamme d'antigènes grâce à des régions variables. Cette fois, c'est un quatrième type qui vient d'être décrit et qui, en fait, combine différemment les sous-unitéssous-unités des récepteurs déjà connus. Il a été nommé HLAHLA-DRαDPβ.

    Cette vue d'artiste montre la surface très découpée d'une cellule dendritique, lui conférant une plus grande surface de contact à la recherche d'éléments exogènes, avec notamment, dans une partie de la population humaine actuelle, un quatrième récepteur du complexe majeur d'histocompatibilité de classe II. © NIH, Wikipédia, DP

    Cette vue d'artiste montre la surface très découpée d'une cellule dendritique, lui conférant une plus grande surface de contact à la recherche d'éléments exogènes, avec notamment, dans une partie de la population humaine actuelle, un quatrième récepteur du complexe majeur d'histocompatibilité de classe II. © NIH, Wikipédia, DP

    Comment Néandertal participe à nos défenses immunitaires

    Mais l'analyse des chercheurs ne s'arrête pas là. Ils ont d'abord voulu avoir une idée de sa fréquence au sein de l'espèce humaine. Des séquençages génétiques suggèrent que ces récepteurs se retrouvent chez environ deux tiers des Européens. En revanche, il est beaucoup plus rare chez les populations de la partie méridionale de l'Afrique, celles du berceau de l'humanité. Une découverte qui suggère que le gènegène est apparu dans notre espèce après que nos ancêtres modernes ont migré vers l’Eurasie.

    Grâce à une célèbre étude de 2010 publiée dans Science, qui répertorie le génomegénome de l'Homme de NéandertalNéandertal, Norbert Koch et ses collaborateurs disposaient d'éléments permettant de rechercher les séquences d'ADN caractéristiques du récepteur HLA-DRαDPβ. Et leur enquête s'est révélée fructueuse : le gène est quasiment identique à celui que l'on trouve aujourd'hui.

    Les scientifiques privilégient donc le scénario suivant : l'Homme de Néandertal, vivant en Eurasie, aurait développé ce gène, qui aurait été sélectionné par les processus évolutifs. Nos ancêtres modernes, venus d'Afrique, en étaient dépourvus, mais auraient intégré le récepteur dans leur patrimoine génétiquegénétique en s'hybridant avec les Néandertaliens, du fait de l'avantage qu'il procure. Ainsi, chez un certain nombre d'entre nous, une partie de Néandertal contribue à nous défendre contre d'éventuels pathogènes.