Une nouvelle étude suggère un lien entre le temps passé devant la télévision et la quantité de spermatozoïdes produits. L’inactivité physique pourrait être une des causes de la baisse de la fertilité constatée ces dernières décennies, mais ce ne serait probablement pas la seule.

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    Les dernières études n'ont rien de rassurant. Toutes concordent et semblent démontrer que le sperme des hommes perd en qualité et en quantité depuis quelques décennies. Pourquoi ? On ne le sait pas précisément. Plusieurs pistes sont lancées, avec comme principaux suspects notre mode de vie moderne ainsi que certains polluants de l'environnement.

    Par exemple, l'obésité et les régimes hypercaloriques figurent sur la liste des accusés. Plusieurs études ont également semblé incriminer le sport : un excédent d'activité physique pourrait provoquer une baisse de la concentration en spermatozoïdes. Une thèse discréditée par une étude parue en novembre dernier.

    Une nouvelle recherche, menée par Jorge Chavarro et ses collègues de la Harvard School of Public Health, va également dans ce sens. Elle montre que les hommes qui passent le plus de temps assis à regarder la télévision produisent beaucoup moins de spermatozoïdes que les plus sportifs.

    Des spermatozoïdes n’aiment pas la télévision

    Cette étude, publiée dans le British Journal of Sports Medicine, se base sur les échantillons de sperme et les réponses à un questionnaire de 189 jeunes américains âgés de 18 à 22 ans. Ils devaient notamment préciser le temps moyen hebdomadaire passé devant la télévision ou à pratiquer une activité physiquephysique.

    Le sport favoriserait la production de spermatozoïdes quand la télé aurait l'effet inverse. Nos gamètes ne seraient donc pas faits pour l'inactivité. © Anna Tanczos, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Le sport favoriserait la production de spermatozoïdes quand la télé aurait l'effet inverse. Nos gamètes ne seraient donc pas faits pour l'inactivité. © Anna Tanczos, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Le constat semble clair. Chez ceux passant plus de 20 h par semaine à zapper sur leur canapé, le nombre de spermatozoïdes est inférieur de 44 % à celui de leurs homologues qui y consacrent moins de temps. À contrario, les hommes pratiquant au moins 15 h de sport par semaine disposent en moyenne de 73 % de gamètes en plus. En revanche, pour les autres paramètres, comme la motilité ou la morphologie, les auteurs n'ont constaté aucune différence entre les groupes. Que les amoureux de la télécommande se rassurent, aucun des participants ne se situait en dessous du seuil de fertilité, fixé par l'OMSOMS à 15 millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme.

    D'autre part, il est impossible pour les chercheurs d'affirmer si de tels écarts peuvent effectivement influer sur la capacité à procréer, leur travail n'ayant pas évalué ce paramètre.

    La télévision, un coupable idéal ?

    Les chiffres sont inquiétants quand on sait qu'en 2012, les Français sont restés en moyenne 24 heures et 50 minutes par semaine devant le petit écran, soit 30 minutes de plus qu'en 2011. Cela pourrait-il expliquer pourquoi le taux de spermatozoïdes a diminué d'un tiers entre 1989 et 2005, au sein de l'Hexagone ?

    La télévision est déjà associée à des pathologiespathologies cardiaques ou métaboliques, comme l'obésité ou le diabète, et la position assise qu'elle implique contribuerait à réchauffer le scrotum et les testiculestesticules, diminuant ainsi la concentration spermatique. Cependant, les études portant sur les travailleurs qui passent leur journée sur leur chaise de bureau sont plus contrastées. Jorge Chavarro et ses consorts suggèrent que l'effet néfaste de la télévision serait dû à la diffusiondiffusion de publicités pour des aliments riches en caloriescalories et que son visionnage s'accompagne parfois d'une nourriture peu équilibrée.

    Malgré tout, il existe d'autres facteurs de risquesfacteurs de risques affectant les populations de spermatozoïdes. Pour trouver les explications au phénomène, il faut probablement mixer tous les résultats qui nous parviennent afin de constater que les paramètres sont nombreux. Ce travail ne concerne en effet qu'un faible effectif et, de l'aveu même des auteurs, ne peut être généralisé. Des recherches complémentaires s'imposent afin de vérifier le lien de cause à effet. Une question demeure : se mettre à courir plutôt que de regarder un DVDDVD permettrait-t-il aux hommes de restaurer leurs spermatozoïdes perdus ?