Au milieu de l’océan, les serpents de mer sont entourés d’eau salée, qu’ils ne peuvent boire. Comment font-ils pour se désaltérer ? Cette question, existentielle au moins pour ces reptiles, vient de trouver sa réponse : ils boivent dans la pellicule d’eau douce qui recouvre les mers après les pluies.

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    L'être humain ne peut pas supporter plus de quelques jours sans boire. Une performance pitoyable en comparaison de ce que peut faire le serpent de mer Hydrophis platurus, capable de s'imposer un jeûne de boisson durant 6 ou 7 mois. Bien qu'il vive au milieu de l'océan, il ne peut s'abreuver d'eau salée. Et doit donc attendre de fortes pluies pour enfin remplir les réservoirs, d'après une nouvelle étude publiée dans Proceedings of the Royal Society.

    Le contexte : une étendue d’eau qu’il ne faut pas boire

    Mammifères et reptiles marins font face à deux problématiques majeures par rapport aux poissons : descendants d'animaux terrestres, ils doivent régulièrement remonter à la surface pour inspirer de l'airair et trouver des solutions pour boire de l'eau douce, la seule potable. Comment la nature les a-t-elle équipés ?

    Les cétacés s'abreuvent tout en mangeant, en récupérant l'eau douce contenue dans leurs proies. Une pratique qui existe même sur la terre ferme : les rapaces en font tout autant, tandis que les phoques boivent la neige. Néanmoins, les mammifères marins disposent également d'un reinrein particulièrement bien adapté pour excréter le sel.

    Pour certains reptilesreptiles, la même question se pose. Un serpent de mer pélagiquepélagique noir et jaune, Hydrophis platurus, naît et vit l'essentiel, si ce n'est la totalité, de sa vie en haute mer, parfois très loin de la terre ferme. Quelles solutions ont trouvé ces marins contre la déshydratationdéshydratation ? La question intéresse Harvey Lillywhite, de l'université de Floride, à Gainesville.

     La pluie qui tombe sur la mer s’accumule à la surface des océans et ne se mélange pas aussitôt du fait de sa plus faible densité. Une aubaine pour les serpents de mer qui bénéficient d’eau potable ! © PublicDomainPictures, pixabay.com, DP

    La pluie qui tombe sur la mer s’accumule à la surface des océans et ne se mélange pas aussitôt du fait de sa plus faible densité. Une aubaine pour les serpents de mer qui bénéficient d’eau potable ! © PublicDomainPictures, pixabay.com, DP

    L’étude : vivre de pluie et d’eau fraîche

    Des spécimens de ces serpents, très répandus entre la côte sud-est de l'Afrique et la façade ouest de l'Amérique du Nord, ont été prélevés au large du Costa Rica afin de les étudier. Les auteurs ont finalement repéré leur astuce, plutôt inattendue.

    Lors d'épisodes de précipitations, les eaux de pluie ne se mélangent pas à celles des océans, du fait d'une différence de densité. En surface se trouvent des zones recouvertes d'une pellicule d'eau douce, certaines épaisses de près d'un mètre qui s'amenuisent au bout de quelques jours seulement.

    Bien que personne ne l'ait encore vérifié, les scientifiques supposent que ces serpents de mer comprennent la météorologiemétéorologie et savent détecter les zones de leur voisinage où la pluie est tombée, comme le font quelques-uns de leurs cousins sans pattes. Ainsi, ils parviennent jusqu'à leurs réserves d'eau douce et peuvent ainsi se ravitailler.

    L’œil extérieur : les serpents de mer, ces chameaux des océans

    Néanmoins, ils disposent d'autres atouts majeurs dans leur besace. Sous leur peau, imperméable à l'eau de mer, les serpents de mer possèdent des glandesglandes capables, comme les reins des cétacés, d'excréter le sel. D'autre part, ces reptiles marins supportent de grandes variations dans les niveaux hydriques. Si à l'état hydraté ils se composent à 80 % d'eau, contre 60 % pour l'Homme et bon nombre d'animaux, ils restent en vie à des taux si bas qu'ils seraient mortels pour nous. Avec une perte de liquideliquide lente, ces serpents de mer peuvent tenir 6 ou 7 mois sans boire. Bien plus forts que les chameaux !

    Chronique Science décalée

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    Pourquoi une rubrique Science décalée ? Cette chronique hebdomadaire a pour ambition de montrer que la science peut aussi être drôle et inattendue, et surtout qu’elle brasse vraiment tous les domaines possibles et imaginables. Ainsi, on peut faire du sérieux avec du farfelu, et de l’humour avec des sujets à priori peu risibles. Chaque semaine donc, nous sélectionnons l’info la plus étrange ou surprenante pour vous la faire partager le dimanche, entre le fromage et le dessert.