Dans le secret de leur laboratoire de recherche et développement, les ingénieurs d’HP travaillent sur une nouvelle architecture d’ordinateur qui proposera un système d’exploitation inédit, une mémoire d’un nouveau genre et des interconnexions photoniques ultrarapides. Baptisé The Machine, le projet pourrait voir le jour avant la fin de la décennie.


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    Avec le projet The Machine, HP travaille sur une nouvelle architecture informatique qui reposera notamment sur un type de mémoire appelé memristor, illustré ici. Cette mémoire à résistance non volatile, qui a été conceptualisée dans les années 1970, remplacera la Ram, la mémoire Flash et le stockage sur disque dur. © HP Labs

    Avec le projet The Machine, HP travaille sur une nouvelle architecture informatique qui reposera notamment sur un type de mémoire appelé memristor, illustré ici. Cette mémoire à résistance non volatile, qui a été conceptualisée dans les années 1970, remplacera la Ram, la mémoire Flash et le stockage sur disque dur. © HP Labs

    Remplacer l'infrastructure d'un datacenter par un ordinateur de la taille d'un réfrigérateur : voilà, pour résumer, l'objectif d'HP. Avec ce projet baptisé The Machine, le constructeur états-unien tente de reprendre la main en inventant ni plus ni moins qu'une architecture informatique alternative à la plateforme x86x86 qui règne en maîtresse. Lancé il y a deux ans, The Machine est en cours de développement dans le centre de recherche et développement HPHP Labs, où 75 % du personnel est affecté à ce projet.

    Il s'agit pour les ingénieurs de faire aboutir quatre technologies émergentes et de les associer pour créer ce superordinateur censé répondre aux besoins des prochaines décennies en matièrematière de traitement des données. Tout d'abord, le processeur centralprocesseur central sera remplacé par des « cores », des noyaux de traitement spécialisés qui intégreront la mémoire et les interconnexions réseau sous la forme d'une seule puce. L'architecture mémoire à trois couches telle qu'elle existe aujourd'hui (SRam, DRam et stockage sur disque dur) sera remplacée par des memristors. Raccourci pour memory resistor, mémoire à résistancerésistance, le terme désigne un composant, également appelé ReRam (Resistive Ram), combinant les avantages des mémoires Ram et FlashFlash. Fonctionnellement, il s'agit d'une mémoire non volatile aussi rapide que la Ram. Elle réduirait considérablement l'énergieénergie nécessaire au stockage des données et rendrait les systèmes invulnérables aux coupures de courant. De plus, elle occupe moins de surface, à capacité égale, que la mémoire Flash.

    Avec The Machine, HP dit vouloir créer un ordinateur susceptible de faire face à la croissance exponentielle du volume des données. Alors que l’on commence à parler aujourd’hui en zettaoctets (10<sup>21</sup> octets), le constructeur prédit que d’ici la fin de la décennie, nous verrons le bronto-octet (10<sup>27</sup> octets), soit un milliard d’exaoctets. © HP Labs
    Avec The Machine, HP dit vouloir créer un ordinateur susceptible de faire face à la croissance exponentielle du volume des données. Alors que l’on commence à parler aujourd’hui en zettaoctets (1021 octets), le constructeur prédit que d’ici la fin de la décennie, nous verrons le bronto-octet (1027 octets), soit un milliard d’exaoctets. © HP Labs

    Cent téraoctets sur un smartphone avec les technologies de The Machine

    Pour illustrer la densité que pourrait atteindre ce type de mémoire, Martin Fink, le directeur technique d'HP qui a initié le projet, a expliqué lors de la conférence Discover qu'elle serait 1.000 fois supérieure à la capacité de stockage d'un iPhone 5S« Nous voulons que vous soyez en mesure de stocker votre vie entière. Imaginez 100 téraoctets sur votre smartphone. » La troisième innovation que proposera The Machine concerne les interconnexions entre les processeurs et la mémoire, qui passeront par des câbles photoniques. Ils supporteraient un taux de transfert de six téraoctets par seconde.

    La quatrième brique du projet consiste à créer un système d'exploitationsystème d'exploitation capable de gérer cette architecture. Trois équipes d'HP Labs travaillent en parallèle. La première développe un OS open sourceopen source en partant d'une feuille blanche, la deuxième planche sur une adaptation de LinuxLinux tandis que la troisième équipe travaille sur une version Android. Car si dans un premier temps, HP cible le marché des serveursserveurs, tout ou partie de ces innovations pourraient un jour arriver dans les ordinateurs personnels et les terminaux mobilesmobiles. Mais les défis techniques à relever sont encore immenses, et HP n'a pas fixé de calendrier précis. Le constructeur a simplement indiqué que The Machine pourrait être prête entre 2017 et 2020.