ChatGPT menace-t-il Google et son moteur de recherche ? Depuis que le grand public s'est emparé de l'agent conversationnel de l'éditeur Open AI, le géant de l'Internet qui dominait la toile est sérieusement ébranlé sur ses fondations. Comment Google compte-t-il tiré son épingle du jeu, pris en étau entre les différentes législations internationales et la concurrence ? Kent Walker, le directeur juridique d'Alphabet, la maison mère de Google, apporte quelques réponses.


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    L'arrivée de ChatGPTChatGPT en novembre 2022 a modifié la recherche sur Internet, pré carré de GoogleGoogle depuis quinze ans. Le groupe américain a dû accélérer l'intégration de cet outil, mais veut rester prudent, explique à l'AFP son directeur des affaires publiques Kent Walker.

    Il y a un an était lancé ChatGPT. Quel a été l'impact pour Google ?

    S'ils ont utilisé le moteur de recherche de Google, Maps, Google Traduction ou Gmail, les gens utilisent l'intelligence artificielle (IA) depuis une douzaine d'années. Au cours de la dernière année, l'IA est devenue plus visible. L'essor de ces chatbots a accéléré notre travail et élargi l'acceptation populaire de l'IA. Mais bon nombre des nouvelles avancées s'appuient sur des articles que nous avons publiés depuis 2012. 

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    Pourtant, des internautes préfèrent maintenant utiliser chatGPT que le moteur de recherche de Google. Est-il menacé ? 

    Certains de ces nouveaux outils d'IA ne sont pas toujours aussi précis que la recherche traditionnelle. Ils font ce que l'on appelle des hallucinations. Nous devons donc utiliser notre expérience de la recherche pour fonder les résultats sur des informations précises. Nous intégrons donc l'IA à notre moteur de recherche pour obtenir ce que nous appelons une expérience générative de recherche, afin d'avoir le meilleur des deux mondes.

    Google est justement en procès aux États-Unis pour la place prépondérante de son moteur de recherche. La première phase est terminée, diriez-vous que Google s'en est bien sorti ?

    Le procès aux États-Unis portait sur la question de savoir pourquoi les utilisateurs utilisent Google. Nous étions heureux de prouver que les utilisateurs choisissent Google parce qu'ils le veulent, et non parce qu'ils doivent le faire. Cela signifie que, lorsque nous travaillons avec d'autres plateformes qui nous facturent la distribution de nos produits, nous devons en faire le choix par défaut. Nous espérons que la Cour sera d'accord avec cela et nous le saurons probablement au printemps prochain. 

    Google a introduit son intelligence artificielle, Bard, dans toutes ses applications.© sdx15, Adobe Stock
    Google a introduit son intelligence artificielle, Bard, dans toutes ses applications.© sdx15, Adobe Stock

    Que pensez vous du futur IA Act européen ? 

    Nous sommes d'accord avec les gouvernements français, allemand et italien qui ont récemment publié un document disant que l'IA Act devrait se concentrer sur une réponse proportionnée et fondée sur le risque, en examinant ses utilisations spécifiques. Les enjeux sont très différents dans les secteurs de la banque, la santé ou les transports. Nous nous référons donc à ce que nous appelons une approche en étoileétoile, où il y a un centre d'expertise mais où chaque agence de régulation doit comprendre le potentiel et les risques dans son domaine. 

    Nous espérons être en mesure de nous associer aux gouvernements pour créer un environnement juridique qui favorise l'innovation et l'adoption par les entreprises européennes. Il était remarquable de voir 150 entreprises européennes de premier plan dire qu'ils veulent une réglementation flexible. 

    Nous voyons se développer des tentatives de censure dans une série de pays : Chine, Arabie saoudite, Russie, Iran… Pensez-vous qu'un Internet mondial survivra ?

    La mission fondatrice de Google était de rendre l'information mondiale universellement accessible. Nous travaillons toujours pour atteindre cet objectif, de manière responsable

    Mais vous acceptez parfois la censure ? 

    Nous travaillons dur pour en minimiser les impacts sur nos services. En 2010, nous avons fini par retirer nos services de Chine à cause du régime de censure. Partout dans le monde, les gouvernements exercent de plus en plus de pressions, et nous reconnaissons que nous devons nous conformer aux lois des pays où nous exerçons nos activités. Mais nous plaidons en faveur d'un accès accru à l'information partout où cela est possible. Nous espérons que la vision d'un Internet ouvert et libre prévaudra. Nous pouvons partager des idées et des découvertes en quelques minutes, cela aurait pris des mois ou des années il y a une génération. 

    Quelle a été votre tâche la plus difficile en tant que directeur juridique de Google ? 

    Peut-être le fondement de la règlementation de l’intelligence artificielle, le développement technologique le plus important de notre époque. Il est d'une importance cruciale de bien établir cette base. Mais c'est compliqué parce qu'il y a beaucoup de parties prenantes.