Ce taux particulièrement élevé, notamment chez les jeunes praticiens et les urgentistes, peut conduire à des erreurs médicales, un manque d’empathie envers les patients et un risque accru de suicide. 


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    En France, 49 % des médecins sont exposés au burn-out, un taux 2 à 3 fois plus élevé que dans les autres professions, révèle une étude publiée le 7 janvier par deux psychiatres de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, dans la revue Journal of Affective Disorders. Et 5 % des praticiens sont même affectés par une forme sévère de ce symptôme. Cet état des lieux préoccupant est issu d'une compilation de 37 études scientifiques menées dans différents hôpitaux français entre 2000 et 2017 et rassemblant les témoignages de 15.000 médecins hospitaliers ou en ambulatoireambulatoire. Le burn-out est, ici, défini à partir de trois critères anormaux sur l'échelle internationale MBI.

    Les urgentistes et les jeunes plus touchés par le burn-out

    Les urgentistes sont plus vulnérables au risque d'épuisement professionnel en raison « des troubles du rythme provoqués par la répétition des gardes de nuit, l'alternance de périodes calmes et de coups de chaud, ainsi que l'exposition à des situations de violence et de grande détresse sociale contribuent à expliquer leur fragilité », soulignent les auteurs. Les jeunes médecins, eux, sont plus exposés à la dépersonnalisation car ils se voient confiés les tâches et les patients difficiles qu'ils ne peuvent pas refuser.

    Les jeunes médecins sont plus exposés aux situations de stress et de tâches non choisies. © Syda Productions, Fotolia
    Les jeunes médecins sont plus exposés aux situations de stress et de tâches non choisies. © Syda Productions, Fotolia

    Manque d’empathie et risque accru d’erreurs médicales

    « Ce constat est alarmant dans la mesure où le burn-out est une cause majeure d'arrêt de travail, mais également de dépressions, d'addictionsaddictions, voire de suicide chez les médecins », soulignent les deux psychiatres. Selon des précédentes études, la dépersonnalisation et le déclin d'accomplissement personnel induits par le burn-out peut se traduire par une attitude cynique envers les patients, des erreurs médicales plus fréquentes ou un risque accru de prise de stupéfiants.

    « Le système médical français, présenté à juste titre comme l'un des plus performants pour les patients, ne protège pas suffisamment les médecins », concluent les auteurs, qui remarquent tout de même que le malaise n'est pas spécifique à la France, des taux similaires de burn-out dans cette profession étant observés dans d'autres pays ; aux États-Unis, il est de 50 %.