Le 4 octobre, Santé publique France a dévoilé ses premières conclusions sur les cas de malformations relevés dans trois départements français et dont la presse s’est récemment fait l’écho. L’agence confirme un excès de cas dans le Morbihan et la Loire-Atlantique mais pas dans l'Ain.

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    Depuis la diffusiondiffusion d'un reportage sur France 2 sur sept cas d'enfants nés sans bras ou sans main dans l'Ain, la polémique enflait : serait-on face à un nouveau scandale sanitaire ? Dans deux autres régions, en Bretagne et en Pays de la Loire, des cas similaires avaient été relevés. L'agence Santé publique France a réagi en publiant jeudi 4 octobre plusieurs rapports sur ces malformations congénitales.

    Dans la commune de Guidel (Morbihan), qui compte 11.000 habitants, trois enfants sont nés avec des malformations de l'avant-bras - des agénésies transverses - entre octobre 2011 et avril 2013. C'est la mère de l'un des enfants, elle-même médecin, qui a fait remonter l'information. Cette commune enregistre une centaine de naissances chaque année. En comparant la commune bretonne à d'autres communes de taille similaire, les auteurs concluent que « L'évènement observé dans la commune de signalement était donc hautement improbable. »

    De la même façon, à Mouzeil, en Loire-Atlantique, en 2013, un médecin a alerté l'ARS (Agence régionale de santé) d'une concentration anormale de cas dans une même école maternelle. Il s'agissait de trois enfants nés en 2007 et 2008. Dans cette commune, le rapport entre le nombre de cas observés et le nombre de cas attendus était de 88.

    Pour ces deux communes de l'Ouest de la France, il y avait donc bien un excès anormal de cas. Les scientifiques ont exploré les causes possibles, en analysant le mode de vie des parents, leurs activités professionnelles, sans arriver à pointer précisément un responsable.

    Localisation des agénésies transverses dans l’Ain. L’étoile correspond au lieu où des malformations ont été notées sur des animaux. © REMERA 2018

    Localisation des agénésies transverses dans l’Ain. L’étoile correspond au lieu où des malformations ont été notées sur des animaux. © REMERA 2018

    Un dispositif de surveillance des malformations à renforcer

    Concernant les sept enfants nés dans l'Ain, l'agence ne trouve pas d'excès anormal de cas dans ce secteur. Ici, c'est le Registre des malformationsmalformations en Rhône-Alpes (Remera) qui a mené l'enquête, après le signalement fait par un médecin. En tout, sept enfants nés entre 2009 et 2014 étaient concernés, dans des communes différentes, mais situées dans un rayon de 18 kilomètres. Des malformations ont aussi été détectées chez des veaux, dans une commune du même secteur.

    Le Remera et Santé publique France n'ont pas employé la même méthode statistique, ce qui peut expliquer la divergence de leurs conclusions. D'un côté, le Remera a étudié un cluster de 67 communes situées à 18 kilomètres autour du village de Druillat et calculé le rapport cas observés/cas attendus : il était de 58. De l'autre côté, Santé publique France, avec la méthode qu'elle utilise habituellement, ne trouve pas d'excès de cas. Contactée, Santé publique France a répondu par la voix de son directeur scientifique qui justifie la méthode employée par son agence par le fait que « C'est la méthode que l'on utilise pour toutes les investigations de clusters que nous faisons depuis une vingtaine d'années, que ce soient des cancers, des malformations ou des maladies neurodégénératives. »

    Le test que nous utilisons est différent du Remera. Il y a une différence d’approche.

    Il ajoute : « Le test que nous utilisons est différent du Remera. Il y a une différence d'approche. » Mais même si les résultats n'étaient pas significatifs dans l'Ain, l'agence a approfondi chaque cas « pour essayer de trouver une éventuelle exposition commune. » Mais comme expliqué dans le rapport de Santé publique France, « Il n'a pas été mis en évidence d'exposition à risque commune dans l'environnement des mères hormis le fait qu'elles résident dans un milieu rural à dominante agricole. »

    En l'occurrence, la médiatisation de ces cas a mis en lumièrelumière la problématique de la surveillance de ces malformations. Actuellement, un enfant qui naît avec une agénésie transverse dans une maternité n'est pas forcément répertorié dans un registre. Dans ces conditions, l'agence Santé publique France a proposé la création d'un dispositif national de veille et de surveillance : « Nous avons six registres en France, dont deux, aux Antilles et à La Réunion, et quatre en métropole, dont le registre Remera, qui est l'un des plus anciens et auquel nous tenons ! On ne veut pas le supprimer ! Nous souhaitons développer d'autres registres et fédérer, mettre des bases de donnéesbases de données ensemble. »