Après avoir montré que les prémices de l’apprentissage du langage ont lieu in utero, des chercheurs viennent de révéler que les fœtus s’entraînaient également aux expressions faciales dans le ventre de leur mère. Cela leur permettrait de mieux transmettre leurs émotions à la naissance.

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    Les bébés ont besoin d'exprimer leur ressenti dès la naissance. Les pleurs leur permettent de signaler à leur entourage que quelque chose ne tourne pas rond, qu'ils ont faim par exemple. Les nourrissons accompagnent en général leurs cris de grimaces de douleur qui invitent leurs proches à se précipiter pour les consoler et pour répondre à leur besoin.

    Comment et quand les nourrissons apprennent-ils à exprimer leurs troubles par le visage ? Une équipe de l'université de Durham au Royaume-Uni a tenté de répondre à cette question. Leur étude, publiée dans la revue Plos One montre que les fœtus commencent à pratiquer ces mimiques in utero.

    Image d'échographie 3D à 24 semaines de grossesse. La lèvre du fœtus semble se retrousser un peu mais l'expression du visage change peu. © Université de Durham

    Image d'échographie 3D à 24 semaines de grossesse. La lèvre du fœtus semble se retrousser un peu mais l'expression du visage change peu. © Université de Durham

    Au cours de leurs travaux, les scientifiques ont observé l'évolution des expressions faciales de 15 fœtus, garçons et filles confondus, au cours du deuxième et troisième trimestre de la grossesse. Pour ce faire, des images d'échographies en 3D ont été prises au cours du développement embryonnaire, puis ont été montées en vidéo (échographies dites « 4D »). Les chercheurs ont ensuite analysé ces films, représentatifs de quatre moments différents, pour identifier des mouvementsmouvements du visage, comme un nez froncé, une lèvre retroussée ou un sourcilsourcil relevé.

    Les fœtus s'entraînent aux expressions faciales in utero

    Leurs résultats montrent que les premières expressions apparaissent vers la 24e semaine de grossesse. À ce moment-là, les fœtus sont capables de réaliser des mimiques simples pour lesquelles une seule région du visage se modifie. Au bout de 36 semaines, leurs expressions sont beaucoup plus complexes et font intervenir au moins quatre mouvements en même temps. À partir de ces images on pourrait penser que le fœtus exprime une douleurdouleur.

    Images d’échographie 3D à 32 semaines de grossesse. (a) visage neutre non expressif ; (b) visage exprimant la douleur. Plusieurs mouvements interviennent : abaissement des sourcils, froncement du nez, soulèvement de la lèvre supérieure et ouverture de la bouche. © Université de Durham

    Images d’échographie 3D à 32 semaines de grossesse. (a) visage neutre non expressif ; (b) visage exprimant la douleur. Plusieurs mouvements interviennent : abaissement des sourcils, froncement du nez, soulèvement de la lèvre supérieure et ouverture de la bouche. © Université de Durham

    Bien que les fœtus soient en bonne santé, tous affichaient une expression de souffrance à la fin de la grossesse. Selon les auteurs il est pour le moment difficile de savoir si ces mimiques reflètent une réelle détresse ou si elles sont le résultat d'un apprentissage in utero de l'expression faciale. « Notre étude suggère que les mouvements du visage font partie intégrante du processus de développement, indique Nadja Reissland, principal auteur de l'étude. L'expression faciale serait liée au processus de maturation du cerveau plutôt qu'aux émotions réelles du fœtus. »

    Ces résultats ne sont pas les premiers du genre. Une étude précédente a par exemple montré que les bébés commençaient à se préparer à l'apprentissage du langage à partir de six mois de gestationgestation. D'autres travaux avaient également prouvé que les fœtus baillaient déjà dans le ventre de leur mère afin de stimuler les régions cérébrales impliquées dans les mouvements de la mâchoire. Ces données pourraient permettent de mieux suivre le développement du futur bébé au cours de la grossesse. L'absence de l'apprentissage facial pourrait par exemple être le signe d'un mauvais développement embryonnaire.