Lorsque les femmes sont touchées par des hommes à des endroits aussi intimes que la joue et la poitrine, la température de la peau de leur visage augmente fortement, reflétant leur excitation sexuelle. Si de telles observations avaient été faites durant des changements d’états émotionnels, la majorité des participantes ont déclaré ne rien ressentir durant l’expérimentation. Le plus souvent donc, ce phénomène est inconscient.


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    La communication ne passe pas que par des mots. Les gestes, les expressions faciales accompagnent également notre langage. Mais pas seulement : des signes beaucoup moins perceptibles peuvent trahir nos émotions. C'est typiquement sur ces principes que fonctionnent les détecteurs de mensonges, même s'il n'y a pas que les contrevérités qui nous amènent à exprimer physiologiquement nos pensées.

    Des études ont par exemple montré qu'en cas d'embarras ou d'intérêt sexuel, la température de la peau du visage pouvait augmenter de quelques dixièmes de degré en certains points. Un nouveau travail mené par des Britanniques de l'université de Saint-Andrews révèle que cela se passe aussi par un simple contact physiquephysique, quand des femmes sont touchées par des hommes, sans qu'elles ne ressentent aucune émotion particulière. Tous les détails figurent dans la revue Biology Letters.

    Un homme, ça réchauffe bien les femmes

    Vingt-trois jeunes femmes, hétérosexuelles, ont constitué le panel de participants. À l'aide d'une caméra thermique, les scientifiques ont mesuré la température à la surface de la peau du visage de leurs volontaires, pendant qu'un expérimentateur, masculin ou féminin, venait leur toucher la paume, le coude (régions non intimes), le visage et le haut de la poitrine (régions plus intimes).

    Cette image thermique reflète la température de la peau au niveau du visage d'une des participantes. Les yeux et la bouche sont les régions les plus chaudes (en orange), tandis que les cheveux et l'extrémité du nez sont des zones plus froides (en violet). © <em>Perception Lab</em>, université de Saint-Andrews
    Cette image thermique reflète la température de la peau au niveau du visage d'une des participantes. Les yeux et la bouche sont les régions les plus chaudes (en orange), tandis que les cheveux et l'extrémité du nez sont des zones plus froides (en violet). © Perception Lab, université de Saint-Andrews

    En moyenne, le contact physique quel qu'il soit fait monter la chaleurchaleur de 0,1 °C. Cela ne traduit pas cependant la forte disparité constatée. Si toucher le bras ou la paume n'induit pas ou très peu de changement, un contact avec les zones plus intimes augmente la température de 0,4 °C. Lorsque l'expérimentateur était un homme, l'amplitude thermique devenait jusqu'à trois fois plus importante, d'autant plus s'il était jeune.

    Lors d'une analyse plus fine des régions qui se réchauffaient, les chercheurs ont identifié trois zones représentant bien l'évolution de la température faciale, à savoir le pourtour des orbitesorbites oculairesoculaires, la bouche et le nez. 

    Un phénomène inconscient qui contribue à la communication ?

    Suite à cette petite expérimentation, les femmes ont été interrogées sur un éventuel changement de leur état émotionnel durant la manipulation. Les trois quarts d'entre elles déclarent ne rien avoir ressenti. Cette donnée suggère donc que ce phénomène est le plus souvent inconscient.

    Pour les auteurs, l'effet des hommes sur ces femmes hétérosexuelles reflète leur excitation sexuelle, même si celle-ci n'est pas consciemment ressentie. Ils s'interrogent aussi sur l'intérêt de ces manifestations. Aucun élément ne leur permet de préciser si ces changements thermiques sont perceptibles par les autres. Si un travail venait à le montrer, on pourrait alors considérer ce processus comme contribuant à la communication non verbale.