Les réticences à la high-tech posent des limites aux industriels qui cherchent des moyens pour les franchir. Deux entreprises ont trouvé un moyen (technique) grâce à la low-tech : réduire l'interface à un seul bouton…

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    Partant du constat qu'une partie significative de la population reste réservée, voire hostile, à la consommation effrénée de nouvelles technologies, des entreprises ont fait le pari d'outils simples d'utilisation pour attirer ce public vers les objets connectés. Selon une étude du cabinet Deloitte sur les usages mobilesmobiles en France, seuls 2 % des Français ont eu accès par exemple aux montres intelligentes en 2014, signe d'une utilisation encore restreinte.

    « Les objets connectés qu'on vend dans nos magasins sont de plus en plus sophistiqués à tel point qu'il faut beaucoup de services autour pour bien expliquer aux clients comment les utiliser », explique à l'AFP Vincent Gufflet, directeur des services chez Darty. L'entreprise a ainsi lancé un bouton connecté de service après-vente (SAV) en octobre 2014, permettant d'une simple pressionpression et via une connexion Internet sans fil, d'être rappelé « en moins d'une minute » par un conseiller clientèle en cas de questions, en échange de 25 euros et d'un abonnement mensuel de deux euros.

    La compagnie des Taxis bleus a également fait ce choix en avril, avec l'installation d'un bouton aux allures de buzzer blanc et bleu, à destination des hôtels et restaurants parisiens, permettant de commander un des 3.000 chauffeurs de la société. « Non seulement le bouton vise un public non geekgeek, et c'est ce qui séduit certains professionnels qui l'adoptent, mais sa simplicité d'utilisation [...] ne nécessite pas de mode d'emploi », précise Yann Ricordel, directeur général des Taxis bleus.

    Un habitat connecté où les appareils de la maison communiquent avec des smartphones et où l'on porte de l'électronique « wearable », c'est-à-dire à porter sur soi. Cette connexion généralisée ne plaît pas à tout le monde. © LG

    Un habitat connecté où les appareils de la maison communiquent avec des smartphones et où l'on porte de l'électronique « wearable », c'est-à-dire à porter sur soi. Cette connexion généralisée ne plaît pas à tout le monde. © LG

    Trente objets connectés par foyer en 2020

    Au-delà de la dimension pratique, ce dispositif devient surtout un moyen habile d'attirer un public non-technophile à ces nouveaux produits, à l'aubeaube d'un véritable essor, selon plusieurs études. « Le développement des objets connectés est récent et reste un marché en devenir qui va décoller le jour où Monsieur Tout-le-monde en achètera », explique Vincent Gufflet, qui revendique déjà 40.0000 boutons vendus (forme physiquephysique et numérique confondues) depuis son lancement en octobre 2014.

    Dans une étude publiée en février, le cabinet Gfk table en effet sur des ventes de deux milliards d'objets connectés en France d'ici 2020, soit 30 objets connectés par foyer à cette date, qui deviendront un rouage essentiel de la domotique. Avec une activité encore modeste à 150 millions d'euros, le marché a déjà doublé en 2014. Sous couvert de simplification, ces innovations low-tech servent en réalité d'outil de « différenciation pour passer devant le concurrent » et « capter l'essentiel du flux » de clients potentiels, estime Philippe Moati, coprésident de l'Observatoire des sociétés et de la consommation. « Avec ce type de bouton, l'idée de l'entreprise est de se mettre tout en haut du seuil de conscience du consommateur. Comme cela, quand l'idée de besoin se manifeste, elle sera la première à laquelle vous allez penser », précise-t-il.