Alors que la rencontre et l’hybridation entre Néandertal et Homo sapiens se sont produites après la sortie de ce dernier du territoire africain, il y a 75 000 ans, une nouvelle étude révèle qu’à ce moment-là, Néandertal possédait déjà les traces dans son génome d’une précédente hybridation avec la lignée de l’Homme moderne !


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    Il y a 75 000 ans, Homo sapiensHomo sapiens entamait sa migration hors d'Afrique et sa colonisation des territoires eurasiatiques. C'est là qu'il a rencontré NéandertalNéandertal, qui s'est établi sur ces terres du nord plus de 300 000 ans auparavant ! Pendant quelques milliers d'années, les deux espècesespèces vont ainsi cohabiter et se mélanger. Néandertal finira par disparaitre il y a 40 000 ans, dans des circonstances qui restent encore floues. Quoi qu'il en soit, l'hybridationhybridation entre Néandertal et Homo sapiens a laissé des traces dans notre génome, qui comporte un petit pourcentage de gènesgènes hérités de ce lointain cousin.

    Toutefois, cette histoire pourrait être plus compliquée qu'on ne le pensait jusqu'à présent. Une nouvelle étude révèle en effet que Néandertal possédait des gènes associés à l'Homme moderne bien avant sa rencontre avec Homo sapiens ! Impossible ? Non, car il apparait que ces 6 % du génomegénome de Néandertal seraient hérités non pas d'Homo sapiens, mais d'une lignée plus ancienne d'Hommes modernes, aujourd'hui disparue.

    Représentation d'un père Néandertal et de sa fille. © Tom Bjorklund, Laurits Skov et <em>al.</em> (2022)
    Représentation d'un père Néandertal et de sa fille. © Tom Bjorklund, Laurits Skov et al. (2022)

    Une première hybridation il y a 250 000 ans

    Il y a 250 000 ans, des membres de cet ancien lignage auraient en effet migré hors d'Afrique pour rejoindre l'Eurasie, où ils se seraient hybridés avec Néandertal, leur transmettant ainsi une partie de leur génome... et vice versa ! Car l'étude génomiquegénomique publiée dans la revue Current Biology révèle que certaines populations sub-sahariennes possèdent des traces du génome de Néandertal. Or Néandertal n'est à priori jamais descendu au-delà de la zone saharienne. Cet héritage suggère que le groupe humain s'étant hybridé avec Néandertal est ensuite revenu en Afrique. Le plus fort héritage néandertalien est ainsi observé dans les populations d'Amhara en Éthiopie et de Fulani au Cameroun.

    Une hybridation précoce entre les deux lignées humaines donc, mais qui n'aurait cependant pas été vraiment profitable aux deux espèces. En effet, l'étude génomique montre que pour Néandertal, posséder de l'ADNADN provenant de la lignée des Hommes modernes aurait été plutôt préjudiciable pour la santé. Il en est de même chez les Hommes modernes possédant des gènes néandertaliens. Ceux-ci semblent en effet avoir été progressivement exclus du génome par la sélection naturellesélection naturelle.

    Carte présentant l'extension avérée de Néandertal. © Nilenbert, Nicolas Perrault III, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 3.0 
    Carte présentant l'extension avérée de Néandertal. © Nilenbert, Nicolas Perrault III, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0 

    Une hybridation source de problèmes de santé

    Dans l'arbrearbre évolutif, l'ancêtre communancêtre commun entre Néandertal et la lignée des Hommes modernes remonte en effet à 500 000 ans avant cette première hybridation. Les deux espèces auraient donc évolué trop longtemps chacune de leur côté pour produire un mélange génétiquegénétique favorable. Il est en effet intéressant de noter que les gènes hérités de Néandertal que nous possédons sont à la source de nombreuses maladies qui nous touchent actuellement, comme la maladie de Dupuytren ou encore la tendance à la dépression et au tabagisme ! Posséder certains allèlesallèles néandertaliens serait même un facteur aggravant de la Covid-19 !

    Néandertal n'est cependant pas le seul à avoir croisé la route de Sapiens. L'ADN de certaines populations révèle en effet une hybridation entre ce dernier et l'Homme de Denisova, il y a 200 000 ans. Un mélange génétique qui aurait pour le coup été plus favorable à Homo sapiens en lui procurant un avantage pour optimiser la réponse immunitaire face à certaines maladies infectieuses.