Les facteurs psychosociaux, environnementaux, biologiques et génétiques jouent tous un rôle important dans la dépendance, comme l'explique un nouveau rapport publié par l'OMS.

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    Un rapport d'experts en neurosciences sur le cerveau et les toxicomanies

    Un rapport d'experts en neurosciences sur le cerveau et les toxicomanies


    Le 18 Mars est sorti sous le titre Neuroscience of Psychoactive Substance Use and Dependence (Neurosciences : usage de substances psychoactives et dépendance) un rapport officiel de l'Organisation mondiale de la SantéOrganisation mondiale de la Santé (OMS) qui récapitule les dernières découvertes scientifiques sur le rôle du cerveau dans les toxicomanies. Premier ouvrage de ce type établi par l'OMS, le rapport décrit les progrès fulgurants des neurosciences et montre que les toxicomanies sont un trouble du cerveau au même titre que les troubles neurologiques et psychiatriques.

    D'après le rapport, les toxicomanies dépendent de facteurs multiples : elles sont déterminées par des facteurs biologiques et génétiques dans lesquels l'hérédité intervient pour une bonne part, ainsi que par des facteurs culturels et environnementaux. On sait depuis longtemps que le cerveau contient des douzaines de types de récepteurs et de messagers chimiques ou neurostransmetteurs. Le rapport fait le point des nouvelles connaissances sur la propriété qu'ont les substances psychoactives de mimer les effets des neurotransmetteurs naturels ou endogènesendogènes et de perturber le fonctionnement normal du cerveau en altérant les processus de stockage, de libération et d'élimination des neurotransmetteurs.

    Le rapport expose les nouvelles avancées de la recherche en neurosciences sur l'état de manque, l'usage compulsif, la tolérance et la notion de dépendance. Même si les substances psychoactives agissent sur le cerveau selon des modes différents, on constate des similitudes dans la façon dont elles affectent d'importantes régions cérébrales qui interviennent dans les motivations et les émotions. Le rapport explique comment les caractéristiques génétiques s'associent aux facteurs environnementaux pour conduire à la répétition des comportements de consommation de substances psychoactives. Cette interaction est à la base de nouveaux outils diagnostiques et de nouveaux traitements comportementaux et pharmacologiques.

    Le rapport incite à prendre conscience de la nature complexe de ces problèmes et des processus biologiques qui sous-tendent la pharmacodépendance. Il préconise des politiques efficaces, la préventionprévention et le traitement, et la mise au point d'interventions communautaires rentables qui n'exposent pas les patients à la stigmatisation.
    « Les responsables de la santé publique devraient accorder une plus grande attention aux problèmes sanitaires et sociaux liés à la consommation de tabac, d'alcoolalcool et de substances illicites, et à la dépendance qu'elle engendre, estime le Directeur général de l'OMS, le Dr LEE Jong-wook. Des politiques adaptées sont nécessaires pour remédier à ces problèmes dans différentes sociétés. Même s'il reste encore d'importantes lacunes, le rapport montre que nous en savons déjà beaucoup sur la nature de ces problèmes. »

    D'après les estimations de l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), 205 millions de personnes environ utilisent un type de substance illicite ou un autre. La plus fréquemment consommée est le cannabis, suivi par les amphétamines, la cocaïne et les opioïdesopioïdes. L'usage de substances illicites est une activité essentiellement masculine, plus encore que le tabagisme et la consommation d'alcool. Les jeunes sont également plus nombreux à utiliser des substances psychoactives que les tranches d'âge plus âgées. Les données de l'ONUDC indiquent que 2,5% de la population mondiale totale et 3,5% des 15 ans et plus ont consommé du cannabis au moins une fois entre 1998 et 2001.

    « La dépendance est un trouble chronique caractérisé par des rechutesrechutes fréquentes et souvent associé à d'autres affections physiquesphysiques et mentales, explique le Dr Catherine Le Galès-Camus, Sous Directeur général de l'OMS, Groupe Maladies non transmissibles et santé mentale. On ignore encore dans quelle mesure elle est curable, vu les perturbations à long terme qu'engendre l'abus de substances dans le fonctionnement du cerveau, mais on sait que le rétablissement est possible grâce à une série d'interventions efficaces. »