Le numérique s’insinue décidément toujours plus loin dans nos vies. L’autorité de santé américaine vient de reconnaître une application smartphone comme contraceptif, au même titre que la pilule ou le préservatif.


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    Après l'Union Européenne, qui a approuvé sa commercialisation en janvier 2017, la FDA (l'autorité américaine qui régule le marché des médicaments) a délivré à l'applicationapplication Natural Cycles l'autorisation de faire de la publicité en tant que moyen de contraception aux États-Unis, au même titre que la pilule contraceptive ou le préservatif. Une grande première en matièrematière de santé connectée.

    Pour appuyer sa décision, la FDA s'est basée sur une étude cliniqueétude clinique portant sur 15.570 femmes ayant utilisé l'application pendant huit mois. Il en ressort un taux d'échec d'à peine 1,8 %, bien meilleur que les autres formes de contraception : 18 % pour le préservatif, 22 % pour le retrait, 9 % pour les patchs ou la pilule. Trois autres études scientifiques ont par ailleurs déjà été commandées par Natural Cycles elle-même. L'une démontrait que l'algorithme utilisé pour calculer les jours d'ovulation est aussi précis qu'une échographie, une autre a calculé que cinq femmes sur 1.000 seulement étaient tombées enceintes à la suite d'une « fausse journée verte » attribuée par l'application.

    L’application mobile Natural Cycles calcule les périodes de fertilité en fonction de la température corporelle. © Natural Cycles
    L’application mobile Natural Cycles calcule les périodes de fertilité en fonction de la température corporelle. © Natural Cycles

    Fondé par deux chercheurs d'origine suédoise, Elina Berglund et Raoul Scherwitzl, Natural Cycles est basée sur le fait que la température corporelletempérature corporelle augmente de quelques dixièmes de degrés après l'ovulation en raison de changements hormonaux. La femme doit relever sa température au réveil et rentrer le résultat dans l'application, qui calcule si elle est féconde ou pas en fonction de divers paramètres (taille, poids, duréedurée des cycles et ses irrégularités...). Journée verte, on peut avoir un rapport sexuel, journée rouge, il faut employer un moyen de contraception ou s'abstenir. Le thermomètrethermomètre, à placer sous la langue, est offert pour tout abonnement annuel.

    De très nombreuses applications de suivi de fertilité sont disponibles sur l’Apple Store ou le Google Play Store. © Period Tracker, Ladytimer, Flo: date de règles, Clue, Life
    De très nombreuses applications de suivi de fertilité sont disponibles sur l’Apple Store ou le Google Play Store. © Period Tracker, Ladytimer, Flo: date de règles, Clue, Life

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    Le retour des méthodes de contraception naturelles

    Natural Cycles n'est de loin pas la seule application dans sa catégorie. Mon Ovulation, Clue, Kindara, Glow, Flo date de règles, Ladytimer... Toutes ces applis promettent de prédire les jours les plus favorables pour tomber enceinte, ou inversement, les périodes à éviter. Natural Cycles est pourtant la seule reconnue officiellement par l'UE et les États-Unis, sans doute grâce à de plus gros moyens pour réaliser des études cliniques et organiser un lobbying. Payante (l'abonnement est de 9,99 dollars par mois ou 79,99 dollars par an), elle revendique plus de 800.000 utilisatrices à travers le monde. 

    Si les applications mobilemobile connaissent un tel succès, c'est parce que la méfiance envers la pilule grandit depuis plusieurs années. Le recours à la pilule a reculé de plus de 14 points en une décennie, pointe un rapport de l’INED. Près d'une femme sur cinq déclare avoir changé de méthode depuis le débat médiatique de 2012-2013 sur les pilules de 3e et 4e génération et le retrait provisoire de la pilule Diane 35, un traitement anti-acnéacné détourné en contraceptif et accusé de provoquer des thrombosesthromboses veineuses. Beaucoup de femmes se sont alors tournées vers des méthodes dites « naturelles » comme le retrait ou les dates (méthode Oginométhode Ogino). Ces dernières représentent aujourd'hui près de 10 % des moyens de contraception chez les Françaises.

    La pilule contraceptive fait l’objet d’un rejet croissant. © waranyu - Fotolia.com
    La pilule contraceptive fait l’objet d’un rejet croissant. © waranyu - Fotolia.com

    Ces méthodes sont pourtant loin d'être infaillibles. Natural Cycles est elle-même plongée dans une polémique depuis janvier 2018, quand 37 Suédoises, ayant eu recours à un avortementavortement, ont déclaré être tombées enceintes tout en utilisant l'application. Deux enquêtes ont été ouvertes en Suède et au Royaume-Uni.

    « Aucune méthode de contraception n'est 100 % fiable, mais leur efficacité dépend en grande partie de la manière dont on les utilise », rappelle Terri Cornelison, la directrice adjointe en charge de la santé féminine à la FDA. Les « oublis » ou les cycles irréguliers sont ainsi des causes fréquentes de grossessesgrossesses non désirées. Rappelons enfin que le préservatif est la seule méthode de contraception protégeant des maladies sexuellement transmissiblesmaladies sexuellement transmissibles (MST).