Plusieurs espèces de requins sont en danger de disparition, ce qui a incité la Commission européenne à élaborer un plan d’action destiné à réduire, sinon interdire, la pêche au grand squale et aux espèces voisines, comme les raies.

au sommaire


    Hydrolagus sp. (chimère), une espèce abyssale bientôt protégée. Source Commons

    Hydrolagus sp. (chimère), une espèce abyssale bientôt protégée. Source Commons

    Selon l'IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature), une espèce de requin sur trois vivant dans les eaux européennes risque de disparaître à moyen terme, et même à court terme pour certaines d'entre elles.

    Autrefois pratiquement inconnue, la vente et la consommation de chair de requin a débuté en Europe dans les années 1950 avec l'avènement de la réfrigération industrielle. Le plus précieux d'entre tous est l'aiguillat, aussi dénommé chien de mer (Squalus acanthias), dont les Britanniques raffolent, surtout dans leurs fish and chips. Aussi ce squale risque-t-il aujourd'hui l'extinction.

    Aiguillat, ou chien de mer. Source <em>Commons</em>

    Aiguillat, ou chien de mer. Source Commons

    D'autres requins courent le même danger, comme le requin-taupe bleu, ou requin Mako (Isurus oxyrinchus), pêché au large de l'île d'Yeu et dont la chair ravit les gourmets italiens, mais dont l'huile qu'on en tire intéresse au plus haut point les fabricants de cosmétiques.

    Alors que cette année les quotas de pêchequotas de pêche ont été réduits de 50% pour l'aiguillat et de 25% pour le requin-taupe sous la pressionpression de la France, de l'Espagne, de l'Angleterre et du Portugal, l'Union européenne devrait recommander une interdiction totale de ces pêches en 2010.

    Une interdiction difficile à faire respecter

    Mais l'instauration de telles mesures exige la mise en place de structures de surveillance et l'organisation d'inspections à bord des bateaux, étant entendu que les interdictions ne peuvent viser toutes les espèces de requins.

    Bruxelles souhaiterait également éviter de distribuer des passe-droit dans certaines pratiques de pêche. Est notamment visé le shark finning. Officiellement interdite depuis 2003 par le Council Regulation (EC) No1185/2003, cette technique frustre consiste à couper les ailerons des squales, pour les exporter vers les pays asiatiques, en rejetant le reste des animaux à la mer. Rien qu'en Espagne, 165 navires de pêche se sont vus accorder un permis spécial pour cette pratique, la Grande-Bretagne et le Portugal usant aussi de telles dérogations. Dans l'usage courant, il est autorisé de pêcher des requins dans le but de prélever les ailerons, mais dans ce cas le reste de l'animal doit obligatoirement être conservé à bord, ceci afin de limiter les captures.

    Grand requin blanc. Source <em>Commons</em>

    Grand requin blanc. Source Commons

    Or, les pays dépendant de l'Union européenne n'ont généralement pas la volonté et encore moins les moyens, de déléguer les escouades d'inspecteurs indispensables à bord des bateaux si l'on veut s'assurer que la réglementation soit respectée, d'autant que de nombreux squales sont aussi pêchés par accidentaccident, se trouvant pris dans les filets destinés aux thons et aux espadons.

    Le plan de protection préparé par l'Europe pour 2010 ne concernera pas seulement les requins, mais aussi tous les poissons cartilagineux (chondrichtyenschondrichtyens) comme les raies et les chimèreschimères. Il prévoit la limitation voire l'interdiction de la pêche dans certaines zones et des mesures spécifiques pour les espèces les plus menacées. Par ailleurs, la remise à l'eau sera obligatoire en cas de « prise accessoire », c'est-à-dire quand l'animal est pris dans un filet utilisé pour la capture d'autres espèces. Avant d'être mis en œuvre, ce plan de la Commission européenne devra être adopté par les eurodéputés.