Au cours de l’histoire, l’est de la Méditerranée a déjà connu de nombreuses éruptions catastrophiques. Une nouvelle étude révèle d’ailleurs que l’un des volcans sous-marins les plus actifs de la région est en train de se constituer une importante réserve de magma. Des données qui font craindre une future éruption qui pourrait s’avérer dévastatrice.
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Les eaux calmes et bleutées de la Méditerranée sont trompeuses, car loin en dessous de la surface une multitude de plaques tectoniques s'affronte dans cet espace restreint soumis à d'importantes contraintes de compression et de cisaillement. Les reliefs montagneux et les volcans actifs qui marquent une bonne partie du paysage méditerranéen ne sont en effet que les témoins émergés du formidable mouvementmouvement des plaques qui anime cette région du globe.
La Méditerranée, une région très active
L'une des régions les plus actives est sans doute la partie est de la Méditerranée. Dans cette zone, la plaque africaine s'enfonce en effet sous la plaque égéenne et le bloc anatolien (Turquie, plaque eurasiatique), lui-même étant poussé par la remontée vers le nord de la plaque arabe.
Ce complexe puzzle tectonique a donné naissance à plusieurs grands systèmes de failles actives, notamment les tant redoutées failles nord et est anatoliennes, mais également à plusieurs zones de subductionzones de subduction qui produisent un volcanisme intense. La fosse de subduction hellénique, qui passe au sud de la Crète, alimente ainsi un arc volcanique dans le sud de la mer Égéemer Égée. Cet arc est constitué de nombreux volcans, la plupart sous-marinssous-marins. Le célèbre Santorin, qui provoqua certainement la chute de la société minoenne, 1600 ans avant notre ère, en fait d'ailleurs partie.
Avec des manifestations sismiques et volcaniques régulières, il n'est pas étonnant que cette zone soit l'objet d'une surveillance scientifique accrue. C'est le volcan Kolumbo qui a cette fois attiré l'attention des chercheurs après une campagne de mesures sismiques en mer. Ce volcan est situé à environ 500 mètres sous la surface de l'eau. Il s'agirait même du volcan sous-marinvolcan sous-marin le plus actif de la Méditerranée.
Grâce à une nouvelle technique de traitement des données sismiques, les scientifiques ont ainsi mis en évidence un accroissement significatif de la quantité de magmamagma présent dans la chambre magmatiquechambre magmatique. D'après les résultats publiés dans la revue Geochemistry, Geophysics, Geosystems, le volumevolume serait d'ailleurs en passe d'atteindre celui qui aurait provoqué la dernière éruption en l'an 1650. De quoi craindre un réveil du volcan...
Un réservoir magmatique qui se remplit progressivement
D'après les données sismiques, le réservoir magmatique situé sous le volcan pourrait ainsi avoir atteint les 1,4 km3. Si l'augmentation de volume continue au même rythme qu'actuellement, le réservoir devrait atteindre les 2 km3 d'ici 150 ans, ce qui est le volume mis en jeu lors de la dernière éruption il y a 400 ans. Impossible, cependant, de savoir quand exactement le volcan entrera en éruption. Cela peut être bien avant, ou bien plus tard. Dans tous les cas, les scientifiques alertent sur la nécessité de mettre en place un monitoring continu de la région le plus rapidement possible.
En effet, le Kolumbo se caractérise par des éruptions explosiveséruptions explosives de forte puissance et le fait qu'il s'agisse d'un volcan sous-marin ne le rend pas moins dangereux, au contraire : l'éruption pourrait ainsi produire un tsunamitsunami et d'importantes retombées de cendres. Elle pourrait ainsi être relativement similaire à l’éruption du Hunga Tonga, qui a tant marqué le début de l'année 2022. Bien qu'étant de plus faible magnitudemagnitude, cette explosion pourrait d'ailleurs s'avérer beaucoup plus désastreuse. En effet, contrairement au Hunga Tonga, le Kolumbo est situé à seulement 7 km des côtes très fortement peuplées de l'île de Santorin et de la Grèce.
Bien que particulièrement dangereux, les volcans sous-marins actifs restent bien moins surveillés que leurs homologues émergés. L'installation d'un réseau de surveillance continue, comme le projet Santory en cours de développement mais non encore fonctionnel, pourrait pourtant permettre de prévenir une éruption quelques jours en avance et éviter un désastre sur les côtes de la région.