Selon des chiffres annoncés par la Nasa, le niveau des mers augmentera bien d'environ un mètre à l'horizon des cent ans à venir. Une série de missions, qui durera cinq ans, va ajouter des moyens terrestres au suivi actuel par les satellites pour mieux surveiller cette montée des eaux qui, à l'échelle des décennies, menace de nombreuses populations humaines.

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    La NasaNasa prépare une vaste opération de suivi des glaces au Groenland, baptisée OMG (Oceans Melting Greenland), qui débutera l'an prochain et durera jusqu'en 2020. Des missions de cartographie ont déjà débuté pour ces grandes manœuvres, qui s'inscrivent dans la mesure du niveau des océans et son évolution dans le temps.

    Le suivi a commencé en 1992 avec Topex/PoseidonTopex/Poseidon, un satellite de télémétrietélémétrie réalisé par la Nasa et le Cnes (Centre national d'études spatiales). Lancé par une Ariane 4, il a fonctionné jusqu'en 2005, pour céder la place aux Jason 1 et 2, en attendant Jason-3. La paire de satellites Grace, qui mesurent finement la gravitégravité, suivent eux aussi les agitations de l'océan mondial.


    Entre 2016 et 2020, des mesures de suivi des glaces du Groenland faites par bateau et par avion viendront s'ajouter aux données venues des satellites. © Josh Willis/Nasa JPL/OMG

    Le niveau des mers grimpera d'un mètre, c'est « pratiquement certain »

    L'affaire n'est pas simple car le niveau des océans varie à l'échelle des saisons et régionalement. Durant un épisode El Niño par exemple (comme c'est le cas en ce moment), les eaux sont plus chaudes dans le Pacifique le long de l'équateur, côté est. Elles sont aussi plus élevées. Mais en 23 ans de suivi, les scientifiques ont appris à séparer ces variations à petite échelle de l'évolution à grande échelle, qui montre un effet incontestable : la mer monte. Les valeurs admises actuellement font état d'environ 1,7 mm par an en moyenne entre 1901 et 2011, et à 3,2 mm par an entre 1993 et 2014 (source Météo-France).

    À l'aubeaube de l'opération OMG, une réunion vient de se tenir, réunissant une équipe interdisciplinaire nouvellement créée et baptisée Sea Level Change Team (littéralement équipe de la variation du niveau de la mer). Diffusée sur InternetInternet, la conférence de presse a rencontré un certain écho grâce aux prévisions énoncées par Steve Nerem, de l'université du Colorado (à Boulder), qui dirige cette équipe. Elle est aussi résumée dans un communiqué de la Nasa. Selon lui, « il est pratiquement certain que l'océan s'élèvera d'au moins 3 pieds [soit 90 cm, NDLRNDLR], et probablement davantage ». L'échéance, en revanche, est nettement moins précise : « nous ne savons pas si cela arrivera d'ici à un siècle ou plus tard ». En 2013, le Giec annonçait pour 2100 une fourchette de 25 et 80 cm.


    Sur leur orbite polaire, séparés par 220 km, les deux satellites Grace (Gravity Recovery and Climate Experiment) mesurent très précisément la gravité terrestre. Les petites modifications du champ gravitationnel, causées par exemple par la présence de masses de glace, provoquent de légères variations de vitesse relative des deux engins, donc de la distance qui les sépare, laquelle est suivie en permanence par des récepteurs GPS. © Nasa Goddard's Scientific Visualization Studio

    L'apport d'eau douce par le Groenland et l'Antarctique doit être suivi

    L'incertitude sur l'agenda vient de la fontefonte des grandes réserves d'eau douce que sont la calotte glaciairecalotte glaciaire du Groenland et les grands glaciers de l’Antarctique. L'élévation actuelle du niveau des mers au fil des décennies vient d'abord de l'échauffement des eaux superficielles, qui se dilatent. Mais dans les années et les décennies à venir, l'apport d'eau douce pourrait augmenter dans de bonnes proportions. C'est le cas pour le Groenland, dont la couverture de glace s'est affinée ces dix dernières années, d'après les données des satellites jumeaux Grace.

    Pour l'Antarctique, qui contribue moins que le Groenland à l'apport d'eau douce, la situation semble incertaine. À l'ouest, rappelle la Nasa, deux études, en 2014, ont noté une accélération de la vitessevitesse des glaciers venant s'étaler sur la mer d'Amundsen. Dans la partie est du continent, l'inlandsis est stable actuellement « mais une étude récente montre deux fractures profondes qui pourraient amener de l'eau chaude provoquant la fonte ». Le suivi attentif du niveau de l'océan n'est sans doute pas un luxe...