Les turbulences rencontrées en avion sont devenues de plus en plus fréquentes, et de plus en plus sévères, en l'espace de 40 ans à cause du réchauffement climatique. La hausse globale des température déclenche en effet plus d'instabilité dans la haute atmosphère et cette tendance va continuer à s'aggraver.


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    Même si les accidentsaccidents sont rarissimes, les turbulences en avion sont très coûteuses pour les compagnies aériennes. On estime à 200 millions de dollars par an le coût de ces turbulencesturbulences, rien qu'aux États-Unis. Pour les passagers, il ne s'agit bien souvent que de petits désagréments, mais il arrive tout de même que ces turbulences causent des dégâts sur les appareils, des retards, des annulations, des déroutes, ou pire, des blessures aux passagers pour les plus fortes d'entre elles. Et malgré les progrès de la météorologie, les « turbulences en ciel clair » (ou TAC, « turbulences en atmosphérique claire ») ne peuvent souvent pas être évitées. Lorsqu'elles ne sont pas liées à de la convectionconvection (un orage, par exemple), il est très difficile de les prévoir. Ces turbulences sont liées à un cisaillement des vents (des changements de vitessevitesse et de direction), et celui-ci est plus important lorsque les températures sont plus élevées.

    L'océan Atlantique Nord est une zone de plus en plus perturbée

    Une étude publiée dans Geophysical Research Letters explique que le nombre de turbulences enregistrées dans l'atmosphère n'a fait que progresser en l'espace de 40 ans, de 1979 à 2020. Le fait que le réchauffement climatique influence le courant jet, dans la haute atmosphère, n'est pas un fait nouveau : les scientifiques ont depuis longtemps prévu que l'augmentation des températures provoquerait davantage de turbulences en avion, mais il ne s'agissait jusqu'à maintenant que d'une hypothèse sans aucune preuve.

    Les ondulations du jet stream au-dessus des États-Unis, l'une des zones les plus turbulentes de la haute atmosphère. © Nasa
    Les ondulations du jet stream au-dessus des États-Unis, l'une des zones les plus turbulentes de la haute atmosphère. © Nasa

    L'analyse de données sur une période de 40 ans a permis de mettre en évidence l'évolution : les turbulences globales ont augmenté de 17 % au-dessus de l'océan Atlantique Nord, les turbulences sévères de 55 %, et les turbulences modérées de 37 %. L'océan Atlantique Nord est l'une des zones les plus fréquentées du monde par les vols commerciaux, et la plus concernée avec les États-Unis. L'augmentation des turbulences est aussi visible à l'est de l'Asie, à l'est de l'océan Pacifique, dans le sud de l'Atlantique et au-dessus du Moyen-Orient, mais de manière moins marquée.

    En rouge foncé, les zones où les turbulences ont le plus augmenté entre 1979 et 2020 selon deux modèles différents. © <em>Geophysical Research Letters</em>
    En rouge foncé, les zones où les turbulences ont le plus augmenté entre 1979 et 2020 selon deux modèles différents. © Geophysical Research Letters

    Pourquoi les vols sont-ils plus perturbés au-dessus des USA et de l'Atlantique Nord ? Tout simplement car c'est au-dessus de cette vaste zone que circule le jet streamjet stream polaire, et celui-ci est particulièrement affecté par le changement climatique. Le réchauffement planétaire va continuer d'affecter le courant jet dans le futur et le nombre de turbulences va continuer d'augmenter. L'objectif de l'étude est donc de préparer les compagnies aériennes à faire face à ces désagréments parfois très problématiques, d'autant plus sur une zone aussi fréquentée que celle de l'océan Atlantique Nord.