Aux Etats-Unis, les données satellitaires semblent montrer que, durant les orages estivaux, il pleut moins le week-end qu'en semaine ! Cet étrange couplage entre activités humaines et météorologie serait dû aux poussières en suspension dans l'air.

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    Thomas Bell est météorologiste au Goddard Space Flight CenterGoddard Space Flight Center (dépendant de la NasaNasa et installé à Greenbelt, dans le Maryland) et travaille notamment sur les observations du satellite TRMM (Tropical Rainfall Measuring Mission). Comme son l'indique, cet engin spatial mesure les pluies déversées sur les zones tropicales. Parmi les données cumulées de 1998 à 2005, Thomas Bell et son équipe ont repéré un inattendu rythme hebdomadaire dans les orages d'été du sud-est des Etats-Unis.

    Il pleut alors nettement moins les samedis et les dimanches, tandis qu'un pic de pluviosité s'étale du mardi au jeudi. Durant ces orages, il pleuvrait en moyenne 1,8 fois plus le jeudi que le samedi. Leurs résultats viennent d'être publiés dans le Journal of Geophysical Research-Atmospheres.

    La pollution fait-elle les beaux week-ends ?

    Les météorologistes ont confirmé cette observation par les enregistrements effectués au sol, concernant le vent, la pluviosité et la hauteur des nuages. Ils ont également comparé avec les mesures de la pollution urbaine effectuées par l'EPA (Environmental Protection Agency, Agence de protection de l'environnement). Le résultat est statistiquement significatif : à mesure qu'augmente la quantité de poussières contenues dans l'airair, la pluviosité durant les orages estivaux s'accentue. « Il est inquiétant de constater que nous affectons le temps, déplore Thomas Bell. Il semble que nous rendions les orages plus violents. » On le comprend, ce rythme hebdomadaire ne concernerait que les orages. Les week-ends ensoleillés ne sont pas dus, apparemment, à la pollution urbaine...

    Ce couplage n'est pour l'instant qu'une observation statistique. Mais un phénomène connu l'explique très bien. On sait que, dans un nuage, les poussières agrègent l'eau ou la glace, formant un supplément de gouttes, qui deviennent aussi plus grosses. La relation entre pollution urbaine et précipitations avait d'ailleurs déjà été démontrée par les observations du même satellite TRMM. Cette explication fait dire à certains que la même quantité d'eau, celle des nuages, est envoyée vers le sol. La pollution ne fait que la distribuer de manière différente dans le temps.

    Par ailleurs, d'autres phénomènes stimulent les précipitations et l'effet de l'ensemencement de poussières pourrait être secondaire. Selon l'équipe, l'influence de la pollution deviendrait plus importante en été durant les orages, à cause des vents ascendants qui font monter en haute altitude les matièresmatières en suspension dans l'air. Quel que soit son mécanisme, Thomas Bell affirme que ce couplage devrait être mieux pris en compte pour les prévisions météorologiquesprévisions météorologiques, qui tendent à surestimer la pluviosité du week-end.