La vision idyllique de la nature selon les promoteurs d’OGM serait-elle en train de s’effondrer ? Une petite noctuelle, contre laquelle le coton transgénique produit son propre insecticide, vient de développer une résistance à cette toxine.


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    Helicoverpa zea, le résistant. Crédit Université de Floride

    Helicoverpa zea, le résistant. Crédit Université de Floride

    L'information n'est pas nouvelle, puisque les premières observations de cette résistancerésistance inattendue en pleine nature remontent à 2003, quand avaient été détectées les premières larveslarves résistantes du Helicoverpa zea, un petit papillon amateur de coton.

    Et quelle résistance ! L'organisme modifié, cette fois par la seule force de la sélection naturelle, arrive à supporter sans dommage une concentration 500 fois plus importante de la toxine Cry1Ac que les mêmes insectesinsectes se nourrissant de la plante non-OGM.

    Un tel phénomène de résistance à un insecticideinsecticide produit par une plante génétiquement modifiée, maïs ou coton, avait déjà été obtenu en laboratoire. Mais les données en pleins champs restaient insuffisantes. Bruce Tabashnik et ses collègues de l'université de l'Arizona publient dans la revue Nature Biotechnology, une compilation de dix années d’études consacrées aux cotons et maïs transgéniquestransgéniques cultivés essentiellement aux Etats-Unis, Australie, Chine et Espagne. Leur travail démontre qu'à ce jour, seul le papillon Helicoverpa zea s'est adapté à cette toxine, produite à partir d'un gène tiré de la bactérie Bacillus thuringiensisBacillus thuringiensis (alias Bt).

    Larve de <em>Helicoverpa zea</em>. Crédit Université de Floride
    Larve de Helicoverpa zea. Crédit Université de Floride

    La solution : se réfugier !

    Les promoteurs d'OGM ne baissent cependant pas les bras. Afin de prolonger l'efficacité de leurs semences génétiquement modifiées, ils préconisent la plantation de zones refuges où ne pousseraient que des plantes conventionnelles, afin de maintenir des populations d'insectes non résistants. En se croisant régulièrement avec les insectes mutants, cette population sensible diluerait, en quelque sorte, le gène de résistance. Mais en Arkansas, justement là où les premiers insectes résistants ont été découverts, pas moins de 39 % des cultures de coton sont non-OGM... Ce qui n'a visiblement pas empêché le gène de la résistance de se propager.

    Pour fonctionner, le principe des zones refuges devrait concerner des zones très vastes. Selon Bruce Tabashnik, le taux de résistance devrait être nul d'ici dix ans en Caroline du Sud, où le pourcentage des zones non-OGM atteint 82 %. Mais cela vaut-il encore la peine de dépenser des sommes astronomiques pour mettre au point des organismes génétiquement modifiésorganismes génétiquement modifiés, qui rencontrent de plus en plus d'opposition parmi le consommateur, pour ensemencer seulement 18 % des cultures ?

    En corollaire, on peut se demander si beaucoup d'agriculteurs accepteront de consacrer la majorité de leurs terres à la culture de coton destiné exclusivement à nourrir des larves affamées de Helicoverpa zea...