Éditeur du navigateur Chrome, Google a décidé d'imposer des règles plus drastiques aux développeurs d'extensions qui bloquent les publicités. Bientôt, seuls les possesseurs d'une version payante de Chrome, et donc les entreprises, pourront installer des bloqueurs de publicité.


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    En octobre dernier, GoogleGoogle avait annoncé son intention d'améliorer le système d'extensions de son navigateur Chrome. Parmi les nouveautés annoncées, celles regroupées dans son Manifest V3 étaient censées améliorer la sécurité et le respect de la vie privée. En janvier, des développeurs ont découvert que ces changements risquent d'empêcher le fonctionnement de nombreuses extensions, dont des bloqueurs de publicités. Google vient de clarifier sa position, confirmant l'essentiel des changements prévus.

    Les nouvelles informations proviennent d'un message de Simeon Vincent de chez Google, et surtout une phrase : « Chrome retire les capacités de blocage de l'API webRequest dans le Manifest V3, pas l'API webRequest tout entière (bien que le blocage sera toujours disponible pour les installations Entreprise. » L'API webRequest est utilisée par de nombreuses extensions, comme uBlock Origin, AdBlock Plus, Ghostery ou Privacy Badger, qui suppriment les publicités et protègent la vie privée en bloquant certains contenus sur les pages avant qu'ils ne soient chargés. Les changements à venir signifient que seule la version « Entreprise », et donc payante de Chrome, aura accès aux bloqueurs de publicité sous leur forme actuelle.

    Une alternative insuffisante pour les développeurs

    Les développeurs pourront utiliser un autre système, baptisé declarativeNetRequest, mais celui-ci fonctionne différemment et nécessite l'utilisation de règles de filtrage. Il est non seulement moins efficace, mais Chrome impose une limite de 30.000 règles. Si ce chiffre peut paraître élevé, certaines listes de filtrage utilisées dans les bloqueurs, comme EasyList, contiennent plus de 75.000 règles.

    Google a indiqué réfléchir à augmenter cette limite, sans préciser dans quelle mesure. Selon Simeon Vincent, Google prévoir « d'augmenter ces valeurs, mais nous n'aurons pas de nouveaux chiffres avant de réaliser des tests de performances pour trouver une bonne valeur maximale qui fonctionne sur tous les appareils pris en charge ».

    Adblock Plus est installé dans Chrome par plus de 10 millions d'internautes pour bloquer les publicités qui s'affichent sur les sites Internet. © Adblock Plus
    Adblock Plus est installé dans Chrome par plus de 10 millions d'internautes pour bloquer les publicités qui s'affichent sur les sites Internet. © Adblock Plus

    Une occasion en or pour la concurrence comme Firefox et Edge

    Raymond Hill, principal développeur d'uBlock Origin, a accusé Google de vouloir limiter les bloqueurs pour augmenter ses propres revenus publicitaires. « Pour que Google Chrome puisse atteindre son public actuel, il devait prendre en charge les bloqueurs de contenu - il s'agit des extensions les plus utilisées sur n'importe quel navigateur. La stratégie de Google a été de trouver le point optimal entre les deux objectifs d'augmenter le nombre d'utilisateurs de Google Chrome, et d'empêcher les bloqueurs de contenu de nuire à ses affaires. »

    Ces changements pourraient inciter les utilisateurs à changer de navigateur et opter pour le concurrent principal Mozilla Firefox, mais aussi des navigateurs basés sur Chromium, le projet libre sur lequel est basé Chrome. Ces derniers proposeraient un navigateur similaire à celui dont les utilisateurs de Chrome ont l'habitude, mais continueront à proposer des bloqueurs de publicité performants, comme la nouvelle version de MicrosoftMicrosoft Edge, Opera ou encore Brave.