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    À la fin du Moyen Âge et durant la Renaissance, nombreux furent les mages et mystiques qui inventèrent des systèmes magiques pour atteindre, mémoire ultime, la connaissance divine. Raymond Lulle (1235-1315) inventa le grand art de la mémoire. Différent de la méthode des lieux, le grand art est plutôt l'ancêtre des codes, avec l'idée qu'une combinaison magique permettait d'accéder à la connaissance divine.

    Les rotules et systèmes magiques de la mémoire. Ici, la machine Enigma, pour le cryptage. ©<em> The Central Intelligence Agency</em>, DP

    Les rotules et systèmes magiques de la mémoire. Ici, la machine Enigma, pour le cryptage. © The Central Intelligence Agency, DP

    Les systèmes de roues concentriques sont explicitement publiés comme procédés de cryptage de messages secrets par Trithème (1462-1516). Trithème, théologien et épris de culture, fut lui aussi chassé du monastère dont il était abbé par les moines dont il voulait réformer les mœurs et l'ignorance. Sa science, prodigieuse pour son temps, le fit accuser de magie.

    Voir aussi

    Cryptologie : l'art des codes secrets

    Armoire des argenteries. Vue d'ensemble de la roue mystique (Fra Angelico). © Dunod

    Armoire des argenteries. Vue d'ensemble de la roue mystique (Fra Angelico). © Dunod

    Rotules et messages secrets

    Les rotulesrotules furent utilisées par le mystique Giordano BrunoGiordano Bruno d'une façon effarante de complexité dans son ouvrage Les ombres à Paris en 1582. Il est représenté spatialement comme un cercle formé de quatre rotules, système inspiré de Lulle ou Trithème. Chaque rotule (ou roue) possède deux entrées : la première est alphabétique et composée de trente cases correspondant à 30 lettres (alphabet latin + lettres grecques et hébraïques), chacune de ces 30 cases est subdivisée en cinq parties correspondant à cinq voyelles.

    Exemple de rotules utilisées pour crypter des messages secrets (<em>Steganographia</em>, Trithème, Cologne, 1635). © DP

    Exemple de rotules utilisées pour crypter des messages secrets (Steganographia, Trithème, Cologne, 1635). © DP

    Dans une autre roue, le principe de constructionconstruction est le même, mais il s'agit d'un système qui par rotation permet de générer 150 images. La première roue est celle des images stellaires, et l'on reconnaît un système proche de Métrodore de Scepsis, dont parle Quintilien. Au total, le système aboutit à 150 images. Par leurs combinaisons, ces systèmes aboutissaient à des centaines ou milliers d'images à mémoriser.

    Dans son livre <em>Les ombres</em>, Giordano Bruno présente des roues qui, s’articulant entre elles, produisent des milliers de lieux de mémoire. © DP

    Dans son livre Les ombres, Giordano Bruno présente des roues qui, s’articulant entre elles, produisent des milliers de lieux de mémoire. © DP

    Les roues ou rotules, permettant de faire correspondre des lettres et des chiffres, sont le système précurseur du code chiffre-lettre qui a inspiré les mathématiciens Hérigone et Leibniz, puis les mnémonistes du XIXe siècle.