Encore une étude sur le cerveau d’Einstein, portant sur 14 photographies récemment retrouvées. Et encore le même résultat : il était exceptionnel.

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    Les zones sensorimotrices du visage et de la langue ont été trouvées inhabituellement étendues dans l'hémisphère gauche du cerveau d'Einstein. © Arthur Sasse, 1951

    Les zones sensorimotrices du visage et de la langue ont été trouvées inhabituellement étendues dans l'hémisphère gauche du cerveau d'Einstein. © Arthur Sasse, 1951

    Prélevé quelques heures après sa mort à 76 ans, le 18 avril 1955, et conservé dans le formol, le cerveau d'Albert EinsteinEinstein continue de fasciner. Certains veulent y découvrir le secret de l'intelligence manifestement hors normes du grand physicienphysicien père de la théorie de la relativité. Tout le monde peut d'ailleurs s'atteler à la tâche puisque, pour 9,99 dollars, le National Museum of Health and Medicine de Chicago fournit l'Einstein Brain Atlas, une série d'images du cerveau d’Einstein à télécharger sur iPadiPad.

    Le cerveau conservé a en effet été disséqué par Thomas Harvey, puis découpé en 240 morceaux, inclus dans de la résine, dûment photographiés, chaque image étant répertoriée dans un document qui existe toujours. Ces blocs ont ensuite été découpés en tranches fines destinées à la microscopie optique et elles ont semble-t-il été ensuite dispersées dans des collections privées.

    Une des photographies du cerveau d'Albert Einstein prises par Thomas Harvey en 1955. On voit ici l'hémisphère droit montrant l'insula, après la découpe de l'opercule pariétal. Ces images montrent les différents sillons (<em>s</em> sur les légendes – d'époque – incluses dans l'image). ©<em> Brain</em> (2012)/<em>National Museum of Health and Medicine</em>

    Une des photographies du cerveau d'Albert Einstein prises par Thomas Harvey en 1955. On voit ici l'hémisphère droit montrant l'insula, après la découpe de l'opercule pariétal. Ces images montrent les différents sillons (s sur les légendes – d'époque – incluses dans l'image). © Brain (2012)/National Museum of Health and Medicine

    Les structures particulières du cerveau d’Einstein

    Dean Falk, un anthropologiste de l'université de Floride (qui avait planché sur le sujet en 2009), a travaillé, avec son équipe, sur 14 photographiesphotographies inédites, venant de la collection personnelle de Thomas Harvey (mort en 2007) et les a comparées avec l'anatomie de 85 cerveaux anonymes, décrits dans la littérature. Scrutant l'anormal, traquant l'exception et pointant l'inhabituel, il a repéré une série de caractéristiques, publiées dans un long article dans la revue scientifique Brain.

    Il retrouve les particularités déjà remarquées, au niveau du sillon latéral et du lobe pariétal (qui seraient associés à des compétences en mathématiques et en visualisation de l'espace), en contredit d'autres (le cerveau du grand homme ne serait pas sphérique par exemple) et en ajoute de nouvelles.

    Photographie de 1955, avec les légendes et le dessin de l'époque. ©<em> Brain</em> (2012)/<em>National Museum of Health and Medicine</em>

    Photographie de 1955, avec les légendes et le dessin de l'époque. © Brain (2012)/National Museum of Health and Medicine

    Des replis complexes

    Le cortex préfrontal serait surdimensionné. Cette région du cerveau, à l'avant, étant censément le lieu des plus hautes réflexions, on comprend qu'on puisse établir un lien avec les capacités cognitives du physicien... L'étude décrit des sillons (des replis du cortex) qui seraient anormaux. Les circonvolutions seraient même exceptionnellement complexes et l'hémisphère gauche (celui du langage et du raisonnement analytique), en particulier, présenterait quelques anomaliesanomalies structurelles. Par exemple, les régions sensorimotrices dédiées au visage et à la langue seraient « inhabituellement étendues dans l'hémisphère gauche ».

    Les auteurs se gardent d'interpréter toutes ces observations et appellent à d'autres études, sur le cerveau d'Einstein et celui d'autres physiciens de renom, car le père de la relativité n'est pas le seul à avoir été immortalisé sous cette forme de relique scientifique. L'environnement familial d'Albert Einstein et son propre parcours ont bien sûr leur rôle. « Einstein a lui-même programmé son cerveau, résume Dean Falk, pour le magazine ScienceNow. Il a eu le bon cerveau, au bon endroit et au bon moment... »