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Malgré un léger mieux, les filières scientifiques sont un peu délaissées. Les études sont difficiles et, diplômes en poche, il est plus avantageux d’être dans la vente ou la communication plutôt que dans la recherche et le développement. Cependant, au contraire, un intérêt croissant se manifeste dans le « Grand Public » pour les différents aspects de la Science ; Internet joue un rôle très important dans cette tendance ; mais certains sites ne sont pas à la hauteur et d’autres sont franchement mauvais. Je suis donc heureux d’avoir l’opportunité de participer à « Futura-Sciences » qui est un site de haute qualité qui apporte aux internautes des informations précises dans un grand nombre de domaines.


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Biographie

Jacques Kornprobst est né à Strasbourg (Bas-Rhin) en 1937. Diplômé à la Sorbonne, il a été assistant, puis maître-assistant à l'Université de Paris jusqu'en 1972.

Ayant passé une année de « post-doc » à l'université d'Edimbourg (Ecosse), dans le laboratoire expérimental de Michael J. O'Hara, il a rejoint l'université de Clermont-Ferrand en octobre 1973 comme professeur de Pétrologie. Comme directeur du département de géologiegéologie, puis de l'Observatoire de PhysiquePhysique du Globe (qui rassemble la pétrologie, la géochimie, la volcanologie et les sciences de l'atmosphèreatmosphère sur le site de Clermont), il a directement contribué au développement de la pétrologie expérimentale à haute pressionpression, des méthodes analytiques, et de la télédétection appliquée à la volcanologie (le Volcanological Doppler Radar = VOLDORAD, est né sous son impulsion).

Son thème favori est la minéralogie, la pétrologie et la géochimie des roches du manteaumanteau supérieur, qu'il a poursuivi sur TerreTerre au Maroc, en Espagne, en Ecosse, en Cornouailles, dans les Pyrénées françaises et dans les Alpes italiennes, en Algérie, en Iraq, en Albanie, en Oman, en Syrie et aux Etats-Unis. Il a également observé et échantillonné ces roches du manteau à grande profondeur sous la mer (jusqu'à 5040 mètres), sur la marge passive de Galice, au large de l'Espagne et du Portugal.

Il éprouve aussi beaucoup d'intérêt pour l'étude minéralogique et pétrologique des roches métamorphiquesroches métamorphiques, et leurs relations avec la géodynamique ; il a écrit sur ce sujet un ouvrage pédagogique, qui a été traduit en anglais, en espagnol et en arabe.

Jacques Kornprobst est auteur ou co-auteur de plus d'une centaine de publications scientifiques dans lesquelles plusieurs modèles originaux ont été développés, sur l'évolution pression-température-temps dans les assemblages solidessolides par exemples (diagrammes PTt dont il est l'un des pionniers), mais aussi sur l'évolution du manteau supérieur, sur la signification des pyroxénitespyroxénites à grenat et sur la transition du manteau supérieur entre continent et océan.

Avec le concours de Christine Laverne, il a réalisé deux ouvrages destinés au « Grand Public » : Les VolcansVolcans, comment ça marche ? en 2002, et A la conquête des Grands Fonds en 2011. Il a été président de section au comité national de la Recherche, président de la Société française de Minéralogie et CristallographieCristallographie et président de la Société Géologique de France. Pendant 20 ans, il a mené les débats du conseil scientifique de Vulcania.

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métier

Nadir, Ifremer : une journée particulière

7 h 00 – Les rayons du soleil passant par le hublot balayent la cabine, au gré d’un léger roulis. Il fait beau ! La plongée aura bien lieu. Je saute de ma bannette. 8 h 00 – Sérieux petit déjeuner. La journée va être longue et frugale. Gilbert, chef de mission, répète l’objectif de la plongée : retrouver, au nord de la marge, les péridotites du manteau déjà observées par Jacques (plongée 4) à la colline 5100 et par Denis (plongée 10). La bouche pleine, j’acquiesce. L’équipe technique travaille sur le Nautile (secret défense). Plongée prévue vers 10h00. Je fais un tour à l’atelier pour étudier quelques lames minces des échantillons prélevés au cours des plongées précédentes. 10h15 – Chaudement vêtu, équipé d’une combinaison ignifugée, je gagne l’échelle d’accès au Nautile. Max, le pilote, nettoie le bord de l’écoutille d’accès au sous-marin. Jean-Paul, le copilote, nous rejoint. Nous nous insérons dans l’espace restreint de la sphère (2,20 mètres de diamètre). Max souque l’écoutille; je m’installe à plat-ventre sur la « couchette » très inconfortable à partir de laquelle je vais faire les observations toute la journée. 11h40 – Le Nautile est amarré au portique et mis à l’eau ; des plongeurs s’activent autour de nous. Max vide les ballast, le Nautile plonge à la vitesse de 75 cm par seconde. On est très vite dans le noir. Max et Jean-Paul tripotent des boutons sur différents racks ; ils m’expliquent ce que je dois faire si l’un et l’autre mourraient subitement. 13h45 – Le sonar indique l’approche du fond ; Max lâche du lest pour réduire la vitesse de chute et allume les projecteurs. Le Nautile se pose doucement sur la vase. Le profondimètre indique 5040 mètres ; la température de l’eau est de 2,25°C. Le Nadir nous envoie notre position par téléphone ultrasonique (TUK) : nous sommes à 300 m au nord de la position prévue pour le départ de la coupe. Max « fait la pesée » (en lachant du lest, il adapte la densité moyenne du Nautile à celle de l’eau de mer). Nous faisons route lentement (2 nœuds). 14h10 – De grosses boules sombres apparaissent dispersées dans la vase. Ca ressemble à des basaltes en coussins. J’informe la surface pendant que Max prélève un mauvais échantillon. Le TUK nasille : selon Gilbert, « il n’y a pas de raison d’avoir des basaltes ici ; ce sont sans doute des serpentines ; continuez ». Le « straza » (sonar panoramique) indique des affleurements au sud ; nous y allons. 14h30 – A 4950 mètres de profondeur le Nautile atteint une falaise escarpée, constituée par les empilements de blocs ovoïdes. Certains sont fendus et montrent une prismation radiale caractéristique. Il s’agit bien de coulées de basaltes sous-marins. Le Nautile remonte cette pente jusqu’à 4650 mètres de profondeur et Max prélève 4 échantillons. La pente s’adoucit et nous ne voyons plus que de la vase, mais le straza indique des affleurements à 250 mètres. 16h17 – A 4600 mètres de profondeur, nouvelle falaise gardée par une belle anémone. Le Nautile remonte la pente sur 300 mètres de dénivelé ; 3 nouveaux échantillons dans une série de coulées en coussins. 17h58 – A 4260 mètres de profondeur, le relief s’amollit ; nous ne voyons plus que de la vase. Le Nadir nous ordonne de remonter. Max largue le lest. Le Nautile quitte le fond. Jean-Paul met une cassette dans un lecteur (A coup de crosse, de Vicente Aranda). On grignote nos sandwiches avec un coup de flotte. 19h35 – Le Nautile fait surface. C’est l’été ! La lumière est éblouissante. Le Zodiac approche avec les plongeurs ; le Nautile est mis en remorque, croché au portique, déposé sur son ber sur le pont du Nadir. 20h30 – Ouverture de l’écoutille. On sort à l’air libre. Gilbert est au pied de l’échelle, ravi : « ces basaltes sont une divine surprise » me dit-il ; « au fait, le Pacha offre le champagne à 23h00 ». Pour les basaltes ? Non, pour le foot, France-Brésil.