C'est très probablement la fin de l'énigme pour l'origine du bizarre signal radio capté il y a quelques mois par le radiotélescope d'Arecibo. Il semble maintenant très probable qu'il s'agissait bien d'émissions d'origine humaine mais provenant de satellites géostationnaires.

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    Le radioastronome Abel Méndez, du Laboratoire d'habitabilité planétaire, à l'université de Porto Rico, avait un peu fait monter la tension ce mercredi 19 juillet 2017 en annonçant que des explications complètes sur la nature de l'étrange signal détecté le 12 mai dernier par la radiotélescope d'Areciboradiotélescope d'Arecibo seraient données sur son compte twittertwitter ce vendredi 21 juillet.

    Rappelons que ce signal semblait provenir d'une naine rouge, ou peu s'en faut,  à environ 11 années-lumière du Soleil et avait des caractéristiques qui défiaient quelque peu une explication simple en termes de phénomènes naturels ou d'interférences radios bien terrestres provenant d'une source locale.


    Présentation du radiotélescope d'Arecibo. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Tom Scott

    Abel Méndez et son collègue Jorge Zuluaga ont donc signalé publiquement cette anomalieanomalie mais sans aller jusqu'à dire qu'il pouvait très bien s'agir d'un signal en provenance d'une civilisation E.T car, malgré tout, plusieurs explications moins exotiquesexotiques pouvaient être avancées bien qu'elles nécessitaient un peu de travail de recherche supplémentaire pour y voir plus clair.

    Le signal Weird et les "E.T" de Ross 128

    Hélas, la toile et les médias n'ont pas eu de tels scrupules et les spéculations sont allées bon train. Mais après tout, les découvertes d'exoplanètes potentiellement habitables autour de naines rouges dans la banlieue du Soleil allant également bon train depuis quelques années, ce manque de sang froid est peut-être compréhensible.

    Le jeudi 20 juillet toutefois, un communiqué des membres du programme Breakthrough Listen de SetiSeti commençait déjà à doucher les ardeurs. RossRoss 128, la naine rouge observée par Méndez et Zuluaga, avait déjà été écoutée le 16 mai 2016 avec le télescope de Green Bank, sans qu'aucune activité E.T n'ait été remarquée.

    Le signal Weird a duré une dizaine de minutes dans la bande de fréquence encadrée ici en rouge. © Planetary Habitability Laboratory, @ UPR Arecibo

    Le signal Weird a duré une dizaine de minutes dans la bande de fréquence encadrée ici en rouge. © Planetary Habitability Laboratory, @ UPR Arecibo

    Ce vendredi 21 juillet vers 17 h à Paris Abel Méndez a déposé comme convenu un communiqué de presse sur son compte twitter. Non sans humour, le chercheur a annoncé que le signal de Ross 128 avait été baptisé le signal Weird ! (bizarre en anglais), un clin d'œilœil évident au fameux signal Wow ! du programme Seti.

    Toutefois, contrairement au cas du signal Wow ! les choses sont beaucoup plus claires. Futura vous avait expliqué que la bande radio où s'effectuait la surveillance d'éventuelles éruptions solaireséruptions solaires de la naine rouge Ross 128 était la fameuse bande C attribuée au service de radiodiffusion par satellite. Les deux radioastronomes à Arecibo ont fait équipe avec leurs collègues du programme Seti pour observer à nouveau samedi dernier Ross 128 avec en complément le radiotélescope  de Green Bank et le célèbre Allen Telescope Array (ATA).

    Selon les chercheurs, il semble maintenant très probable que le signal Weird ! provenait bien d'un ou plusieurs des satellites géostationnairessatellites géostationnaires connus qui sont peu éloignés sur la voûte céleste de la position de Ross 128. Quelques vérifications restent à faire cependant car la distorsion du signal n'est pas encore très bien comprise.

    Comme le montre très bien ce dessin, de nombreux satellites géostationnaires peuvent se se retrouver proches de l'étoile Ross 128 (en jaune) sur la voûte céleste

    Comme le montre très bien ce dessin, de nombreux satellites géostationnaires peuvent se se retrouver proches de l'étoile Ross 128 (en jaune) sur la voûte céleste . © Enriquez et al. (SETI Berkeley)

    D'étranges signaux radio détectés dans l'espace

    Article de Laurent SaccoLaurent Sacco Publié le 18/07/2017

    La naine rouge Ross 128, située à seulement 11 années-lumière de la Terre environ, intrigue par certaines de ses émissionsémissions radio captées par le radiotélescope d'Arecibo, sur l'île de Porto Rico. Il est cependant trop tôt pour y voir une manifestation d'une civilisation extraterrestre.

    On a bien du mal à comprendre le buzz du moment lié aux travaux de deux radioastronomes utilisant le radiotélescope d'Arecibo, sur l'île de Porto Rico. Ceux-ci s'en servent pour un programme de recherche qui ne concerne nullement l'écoute d'éventuels signaux extraterrestres du calibre du signal Wow!, dont on a beaucoup parlé récemment. Abel Méndez, du Laboratoire d'habitabilité planétaire, à l'université de Porto Rico, et Jorge Zuluaga, de l'université d'Antioquia, en Colombie, sont cependant bel et bien occupés à faire des observations pertinentes pour l'exobiologie.

    Ils conduisent un programme de surveillance des émissions radio de la naine rouge Gliese 436 (située dans la constellation du Lionconstellation du Lion, à environ 33,1 années-lumière de la Terre) dans une bande radio de 4 à 5 GHz qui fait partie de la bande C attribuée au service de radiodiffusion par satellite. Mais il ne s'agit nullement d'une tentative de détection de l'équivalent E.T. de ce service de radiodiffusion. Les chercheurs veulent seulement en apprendre plus sur les interactions possibles entre les colères des naines rouges et les exoplanètesexoplanètes qui orbitent autour. Il en existe au moins une autour de Gliese 436, Gliese 436 b, aussi surnommée « le Béhémoth ».

    Or, on sait qu'il existe des planètes potentiellement habitables autour de naines rouges qui sont proches du Système solaireSystème solaire, en particulier autour de Proxima CentauriProxima Centauri et Trappist-1. Mais, comme nous l'avait expliqué l'astrophysicienastrophysicien Franck Selsis, nous sommes dans le flou quant à l'habitabilité réelle de ces planètes. Une bataille d'arguments théoriques fait d'ailleurs ragerage pour savoir quel rôle jouent la rotation synchronesynchrone de ces exoplanètes, le fort champ magnétiquechamp magnétique des naines rouges ainsi que leurs flux de rayons UVUV et X intenses qui menacent d'éroder les possibles atmosphèresatmosphères de ces exoplanètes. Pour trancher le débat, il faut de nouvelles observations.

    Les naines rouges observées par le radiotélescope d'Arecibo sont ici observées dans le visible. © Planetary Habitability Laboratory, @ UPR Arecibo

    Les naines rouges observées par le radiotélescope d'Arecibo sont ici observées dans le visible. © Planetary Habitability Laboratory, @ UPR Arecibo

    Trois explications possibles pour les émissions de Ross 128

    Les observations concernant Gliese 436 étaient susceptibles d'aider mais, pour cela, il fallait les comparer à celles d'autres naines rouges : Ross 128, Wolf 359, HD 95735, BD +202465, V* RY Sex et l'étoileétoile de Barnard (qui n'ont pas de cortèges planétaires connus) ainsi que K2K2-18, qui semble posséder une exoplanète d'une taille comparable à celle de la Terre.

    Voici comment tout a commencé : Méndez et Zuluaga ont fait savoir qu'entre avril et mai 2017, l'étoile Ross 128 avait attiré leur attention par ses émissions dans la bande C pour ensuite les plonger dans la perplexité : « Nous avons réalisé que ces signaux étaient très étranges dans la séquence de dix minutes durant laquelle nous les avions captés. Nous pensons que ces signaux ne sont pas des interférences radio puisqu'ils sont uniques à Ross 128 et que les observations des autres étoiles immédiatement avant et après avoir capté ces émissions n'ont rien montré de similaire », a expliqué Abel Méndez.

    Le buzz s'est alors emparé de la toile, laissant entendre que nous pourrions être confrontés à des extraterrestres. Pourtant, le chercheur a bien précisé : « Nous ignorons l'origine de ces signaux mais il y a trois principales explications possibles », et force est de constater qu'aucune ne fait référence à une civilisation technologiquement avancée qui voudrait se signaler à ses voisins terriens (Ross 128 est située à 10,92 années-lumière dans la constellation de la Viergeconstellation de la Vierge).

    Le radiotélescope d'Arecibo, sur l’île de Porto Rico. © NAIC

    Le radiotélescope d'Arecibo, sur l’île de Porto Rico. © NAIC

    En effet, les émissions qui ont intrigué les deux radioastronomes pourraient tout simplement être l'équivalent d'une éruption solaire de type II (comme celles que nous connaissons avec le Soleil), provenir d'un objet céleste encore inconnu proche de Ross 128 sur la voûte céleste, ou encore n'être qu'une brusque activité associée à un satellite sur une orbiteorbite haute autour de la Terre. Pour Méndez et Zuluaga, en tout cas, « l'hypothèse d'une émission provenant d'extraterrestres vient très loin après de nombreuses autres meilleures explications possibles ». Les radioastronomes concèdent cependant que, même si l'une de ces explications est la bonne, nous sommes face à un cas atypique.

    De nouvelles observations de Ross 128 ont été effectuées le 16 juillet 2017, aussi bien avec le radiotélescope d'Arecibo qu'avec ceux du programme Seti, à savoir celui de Green Bank et l'ATA. Les chercheurs pensent arriver à résoudre l'énigme au cours de cette semaine mais Méndez laisse déjà entendre sur son compte Twitter que la réponse ne fera effectivement pas intervenir d'extraterrestres.


    Le premier signal radio provenant des extraterrestres ?

    Article Cnes publié le 17/09/2004

    En février 2003, les astronomesastronomes du programme Seti (Search for Extraterrestrial IntelligenceIntelligence) ont pointé le radiotélescope d'Arecibo, situé sur l'île de Puerto Rico, vers 200 régions du ciel où ils avaient précédemment détecté des signaux radio inexpliqués. Après analyse des résultats de la nouvelle étude, tous les signaux anormaux ont disparu sauf un, qui est devenu encore plus puissant.

    Ce signal radio qui a désormais été observé à trois reprises est une énigme. Il pourrait avoir été généré par un phénomène astronomique inconnu ou par un artefact du télescope lui-même. Mais c'est aussi le meilleur candidat pour un premier contact avec des extraterrestres, six ans après le début du projet SETI@home qui utilise la puissance de calcul d'ordinateursordinateurs situés dans le monde entier pour analyser les signaux reçus de l'espace.

    Nommé SHGb02+14a, le signal a une fréquencefréquence de 1420 MHz, soit l'une des fréquences où l'hydrogènehydrogène, l'élément le plus répandu dans l'universunivers, absorbe et émet de l'énergieénergie. Certains astronomes avaient affirmé que ce serait la fréquence que des extraterrestres utiliseraient s'ils voulaient nous contacter. Le signal très faible provient d'un point situé entre les constellations du PoissonPoisson et du Bélier où il n'existe aucune étoile à moins de 1.000 années lumières.

    « Nous recherchons un signal qui ressemble à un signal artificiel, et celui-là pourrait en être un », a déclaré Eric Korpela, un chercheur de l'université de Berkeley. En 1967, Bell Burnell avait découvert un signal radio pulsé qui laissait penser à une émission extraterrestre. Ce fut en fait la découverte du premier pulsarpulsar. David Anderson, directeur de SETI@home, pense que le signal ne provient probablement pas d'extraterrestres mais que ça vaut le coup d'essayer de le réécouter.