Une étude l’avait prévu il y a 15 jours. La sonde Solar Orbiter, lancée en février dernier pour aller étudier notre Soleil de plus près, rencontrera bien la comète Atlas dans les jours à venir. Une occasion inespérée pour les chercheurs d’en apprendre plus sur cet objet intrigant.


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    Du côté de l'équipe chargée de la mission Solar Orbiter, on est dans les starting-blocks. Les instruments les plus pertinents sont prêts à enregistrer la rencontre imminente entre la sonde et la comète Atlas. Les astronomesastronomes de l'ESA, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne, sont impatients. C'est la première fois qu'ils s'attendent à un tel événement. D'autant qu'il se produira alors que la comète se situera à l'intérieur de l'orbite de Mercure. Jusqu'ici, des missions avaient traversé la queue d'une comète seulement six fois. Et cela n'avait été découvert que lorsque les chercheurs s'étaient penchés sur les données enregistrées.

    C'est ce dimanche 31 mai 2020 que Solar Orbiter commencera sa traversée de la queue ionisée de la comète Atlas -- celle qui s'étire à l'opposé du Soleil. Les chercheurs espèrent que le magnétomètremagnétomètre (MAG) pourra capter la variation du champ magnétiquechamp magnétique interplanétaire en raison de son interaction avec les ionsions qui circulent dans la queue de la comètequeue de la comète. Un instrument baptisé Solar Wind Analyzer (SWA) pourrait, quant à lui, capturer directement certaines des particules qui constituent cette queue ionique.

    La comète Atlas arrive dans le champ du coronographe de la sonde Stereo 1. Le 31 mai, elle aura atteint le point de son orbite le plus proche du Soleil. © Nasa, Karl Battams, Twitter

    En attendant Comet Interceptor

    Le 6 juin prochain, c'est du côté de la queue de poussière de la comète Atlas -- celle qui suit son orbite -- que l'on retrouvera Solar Orbiter. Si sa densité est suffisante, un ou plusieurs grains de poussière pourraient alors venir frapper la sonde à des dizaines de kilomètres par seconde. Sans risques pour Solar Orbiter. Mais l'impact pourrait former de minuscules nuagesnuages de gazgaz électriquement chargés -- du plasma -- qui pourraient être détectés par l'instrument Radio and Plasma Waves (RPW).

    Toutes ces données devraient aider les astronomes à mieux comprendre comment les comètes interagissent avec le vent solairevent solaire. Et à vérifier que le comportement de leur queue de poussière correspond bien aux modèles. En attendant la future mission Comet Interceptor qui doit être lancée en 2028.

    Les données qui seront recueillies par Solar Orbiter lors de sa rencontre avec la comète Atlas serviront aussi à l’une des missions initiales de la sonde : étudier la région la plus intérieure du Système solaire. Les comètes comme celles-ci sont en effet d’importantes sources de poussières dans l’héliosphère intérieure. © Solar Orbiter, Esa, Twitter


    La sonde Solar Orbiter pourrait croiser la comète Atlas qui s'est brisée en morceaux

    Alors que tout espoir de parvenir à observer la comète Atlas semblait perdu, la possible rencontre de la sonde Solar Orbiter avec la queue de l'astreastre ravive l'enthousiasme des scientifiques.

    Article de Emma HollenEmma Hollen paru le 15/05/2020

    Le mois dernier, les astronomes amateurs se réunissaient à leur fenêtrefenêtre, sur leur terrasseterrasse ou dans leur jardin dans l'espoir d'observer la comète Atlas, qui promettait d'être l'un des spectacles les plus éblouissants des nuits de printemps 2020. Malheureusement, ces attentes furent déçues lorsque la comète commença à se désintégrer, n'offrant plus que des miettes aux yeuxyeux des passionnés. Mais tout espoir n'est peut-être pas perdu, car il semblerait que les chemins de la sonde Solar Orbiter et de la comète Atlas soient voués à se croiser.

    Une rencontre au sommet

    Lancée depuis cap Canaveral le 10 février 2020, Solar Orbiter est le fruit d'une collaboration entre l'ESA et la NasaNasa. Son objectif fou est de mesurer les vents solaires et d'analyser l'héliosphèrehéliosphère, de partir en voyage d'observation aux pôles du Soleil, et aussi de rendre quelques visites à la planète VénusVénus au cours de ses 22 orbites autour du Soleil. Mais il se pourrait bien que la sonde se voit attribuer une nouvelle mission en plus de celles qui lui ont déjà été assignées. En effet, en comparant les trajectoires d'Atlas et de Solar Orbiter, les scientifiques Geraint Jones, Qaim Afghan et Oliver Price ont fait une découverte étonnante. « Nous prédisons que la sonde rencontrera la queue ionisée de la comète autour du 31 mai-1er juin 2020, et qu'elle traversera la queue de poussière le 6 juin 2020 », déclarent les chercheurs dans leur étude, parue sur le site de Research Notes of the AAS.

    Le noyau fragmenté de la comète Atlas photographié par Hubble les 20 et 23 avril 2020. © Nasa, ESA, STScI, D. Jewitt (Ucla)

    Bien que l'article n'ait pas bénéficié de la validation d'un comité de pairs, Geraint Jones n'en est pas à sa première comète. Il est en effet à la tête du projet Comet Interceptor, dont la mission est de parvenir à repérer et observer une comète dans son état le plus pur. « Toutes les comètes qui ont pu faire l'objet d'une rencontre avec une sonde sont de courte duréedurée : ces objets ont déjà approché le Soleil à plusieurs reprises, et ont ainsi connu des changements à leur surface, dissimulant leur composition originelle », lit-on sur le site du projet. « Nous n'avons pas encore rencontré ni observé de comète véritablement pure. Ces objets sont difficiles à repérer car il ne peuvent réellement être découverts que lorsqu'ils s'approchent du Soleil pour la première fois, ne laissant que peu de temps pour planifier et lancer une mission dans leur direction. »

    Trajectoire prévue pour la sonde Solar Orbiter © S. Poletti/ESA
    Trajectoire prévue pour la sonde Solar Orbiter © S. Poletti/ESA

    Rendez-vous cosmique

    La comète Atlas n'en sera certainement pas à son premier tour de manège au moment de sa rencontre avec Solar Orbiter, mais la perspective de cet événement n'en est pas moins enthousiasmante pour les scientifiques. Si la comète libère suffisamment de matièrematière au moment fatidique, deux instruments sur la sonde seront capables de mesurer sa charge ionique et les perturbations magnétiques de son champ. « Si les instruments de Solar Orbiter détectent du matériel provenant de la comète Atlas, ce sera la première rencontre fortuite et prédite entre queue de comète et une sonde active dotée des instruments adaptés pour la détection de matériel cométaire », s'enhousiasme l'équipe de Geraint Jones. Rendez-vous à la fin du mois !