En 2022, un groupe d'astronomes russes se basant sur les nouvelles données astrométriques de la mission Gaia avait montré que la naine blanche WD 0810-353 pénétrerait dans le nuage cométaire de Oort du Système solaire au point de déclencher un bombardement des planètes internes par des comètes déstabilisées. Mais serons-nous vraiment en danger même si l'événement ne doit arriver que dans 29 000 ans ?


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    Grâce à la mission Gaia de l'ESA, les positions et vitesses de très nombreuses étoiles de la Galaxie sont de mieux en mieux connues. Cela nous permet de faire de l'archéologie galactique et de remonter dans le temps pour identifier des interactions et même des fusions entre notre Voie lactéeVoie lactée et d'autres galaxies.

    Remarquablement, cela conduit aussi à mieux prédire le futur. Certes, les distances entre les étoiles dans la Voie lactée sont de plusieurs années-lumièreannées-lumière en moyenne et l'on sait depuis longtemps que l'on peut, en fait, considérer le gazgaz d'étoile de la Galaxie comme sans collisions, ce qui permet d'ailleurs de faire des rapprochements entre la théorie de ce gaz et celui du plasma. Techniquement, on utilise la version sans collisions de l'équationéquation fondamentale de la théorie cinétique des gaz, celle de Boltzmann, qui devient l'équation de Vlasov pour un plasma sans collisions.

    Cela ne veut pas dire que des étoiles ne pourraient pas passer dangereusement près du Système solaireSystème solaire. Nous avons en effet de bonnes raisons de croire en l'existence du fameux nuage de Oort, un vaste réservoir pour des comètescomètes dont les périodes orbitalespériodes orbitales sont de plus de 200 ans autour du SoleilSoleil et qui forme une coquille sphérique dont l'épaisseur est estimée à entre 2 000 et 100 000 unités astronomiquesunités astronomiques (UA) - l'UA étant la distance approximative entre la Terre et le Soleil.

    Les orbitesorbites de ces comètes sont facilement perturbables gravitationnellement par une étoile passant à un peu moins de 3 années-lumière du Soleil et une pluie de ces petits corps célestes pourrait donc foncer en réponse en direction du Système solaire interne, causant potentiellement des extinctionsextinctions sur Terre comparable à celle de la crise KT qui a vu la disparition des dinosaures non aviens et des ammonites.

    Vue d'artiste du nuage d'Oort, un vaste réservoir sphérique de corps glacés dans le Système solaire externe. Les objets du nuage d'Oort peuvent parfois être poussés vers les parties internes du Système solaire, comme la comète marquée ici d'une ligne rouge. © ESO, L. Calçada
    Vue d'artiste du nuage d'Oort, un vaste réservoir sphérique de corps glacés dans le Système solaire externe. Les objets du nuage d'Oort peuvent parfois être poussés vers les parties internes du Système solaire, comme la comète marquée ici d'une ligne rouge. © ESO, L. Calçada

    Une collision avec le nuage de Oort à 0,49 année-lumière du Soleil ?

    Or justement, en 2022, l'astronomeastronome russe Vadim Bobylev, du célèbre observatoire astronomique de Poulkovo, qui est le principal observatoire astronomique de l'Académie des sciences de Russie situé à 19 kilomètres au sud de Saint-Pétersbourg, a publié un article avec sa collègue Anisa Bajkova annonçant précisément que selon les dernières mesures de GaiaGaia, la naine blanchenaine blanche WD 0810-353 fonçait en direction du Soleil.

    WD 0810-353 s'observe en direction de la constellationconstellation de La Poupe dans l'hémisphère Sudhémisphère Sud. Elle est située à 36 années-lumière du Système solaire mais, d'après les calculs des deux astronomes, dans 29 000 ans elle sera à une distance d'environ 0,49 année-lumière, soit 31 000 UA du Soleil. Clairement, pour un astreastre d'une massemasse comparable à celle de notre étoile et un diamètre de l'ordre de grandeurordre de grandeur de celui de la Terre, l'effet sur le nuage de Oortnuage de Oort ne sera pas du tout négligeable.

    Heureusement si, ont répondu il y a quelques mois dans un article publié dans The Astrophysical Journal, mais en accès libre sur arXiv, John Landstreet, astronome à l'Observatoire et Planétarium d'Armagh au Royaume-Uni, avec ses collègues Eva Villaver, astronome au Centre d'astrobiologieastrobiologie en Espagne, et Stefano Bagnulo, également astronome à Armagh. Les trois chercheurs ont revisité le spectrespectre de la naine blanche initialement mesuré avec Gaia et dont le décalage vers le bleu indiquait un mouvementmouvement rapide en direction du Soleil.

    Pour cela, les astronomes ont fait des mesures avec l'instrument FOcal Reducer and low dispersion Spectrograph 2 (FORS2), installé sur le VLTVLT de l'ESOESO à l'Observatoire de Paranal dans le désertdésert d'Atacama au Chili. Elles ont montré, comme on pouvait s'y attendre avec des naines blanches, la présence d'un intense champ magnétiquechamp magnétique dont l'effet sur le spectre de l'étoile n'avait pas été pris en compte.

    Les estimations de la vitesse et de la trajectoire de WD 0810-353 en sont complètement changées au point que les inquiétudes d'une collision avec le nuage de Oort ont pu être écartées.