Des équipes d'archéologues missionnées par le British Museum ont découvert un système d'irrigation antique, construit dans la cité sumérienne de Girsu. Vieille de 4 000 ans, cette construction singulière serait apparue durant une période d'assèchement des cours d'eau, forçant les Sumériens à développer l'ingénierie hydraulique. 


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    On savait les Sumériens ingénieux, et les historienshistoriens continuent de découvrir de nouvelles inventions élaborées durant les premiers âges de l'Antiquité dans la région de Sumer. Au sud-est de Bagdad, en Irak, des archéologues ont découvert un système d’irrigation particulier sur le site de Girsu-Tello. Les explorateurs avaient mis au jour la structure dès 1920, sans toutefois réussir à déterminer son utilité, pensant avoir exhumé un temple aux caractéristiques inhabituelles. Mais les Sumériens semblent avoir conçu un mécanisme pour prévenir la sécheressesécheresse des sols. Une surprise conséquente pour les archéologues : ce système « anti-sécheresse » serait le plus ancien retrouvé à ce jour.

    Des drones pour visualiser un site archéologique

    Des observations aériennes menées à l’aide de drones ont permis aux équipes d'archéologues du British Museum basées en Irak d'établir une modélisation 3D de la structure. Les Sumériens de Girsu avaient construit un biefbief, un canal d’irrigation formant des goulots descendant vers les terres les plus arides. Le bief permet aussi de réguler le flux du cours d'eau. Les scientifiques expliquent que le système de Girsu est probablement l'un des premiers conçus avec ce type d'ingénierie admirable vers -2 000 avant J.-C.

    Le canal, long de 19 kilomètres, se « resserre » en un point. Des constructionsconstructions artificielles viennent créer une dépression à un point donné du cours d'eau. S'ensuit un phénomène nommé effet Venturi, voyant les liquides accélérés consécutivement au rétrécissement d'une zone de circulation. L'effet Venturi n'a été théorisé qu'au cours du XIIIe siècle, par le physicienphysicien Giovanni Battista Venturi. Les Sumériens étaient-ils à l'avant-garde de la science de l'ère moderne ?

    Photo aérienne du bief de Girsu, autrefois pris pour un temple dédié aux divinités sumériennes. © <em>The Girsu Project</em>, <em>British Museum</em>
    Photo aérienne du bief de Girsu, autrefois pris pour un temple dédié aux divinités sumériennes. © The Girsu Project, British Museum

    Quand l’eau se tarit dans le pays de Sumer

    Les archéologues ont déterminé que les habitants de Girsu auraient bâti un pont enjambant le point de resserrement du canal. Sa construction serait antérieure au pont le plus ancien connu à ce jour : le pont mycénien de Kazarma, dans le Péloponnèse, datant d'environ -1 300 avant J.-C.

    La cité de Girsu, située à quelques kilomètres du TigreTigre, appartenait à la région que les historiens nomment « Croissant fertileCroissant fertile ». Dans cette bande de terre cultivable du Levant et du Moyen-Orient, de nombreuses communautés rurales s'étaient établies. Les populations, dépendantes des fleuves qu'étaient le Tigre et l'Euphrate, ont connu au cours du deuxième millénaire avant J.-C., un abrupt changement climatique. Des variations de température ont entraîné un assèchement de certains cours, altérant fortement la qualité et la quantité des récoltes en Mésopotamie.

    Des archéologues irakiens commissionnés par le <em>British Museum</em> fouillent le site de Girsu. © <em>The Girsu Project,</em> Dani Tagen 
    Des archéologues irakiens commissionnés par le British Museum fouillent le site de Girsu. © The Girsu Project, Dani Tagen 

    Cet événement majeur de l'histoire du Moyen-Orient a grandement influencé les évolutions architecturales dans les régions concernées. C'est notamment à cette période que se développent de nouvelles techniques visant à maîtriser les cours d’eau, grâce à l'ingénierie hydraulique. Un épisode documenté par des tablettes retrouvées par les archéologues, actuellement à l'étude par les chercheurs commissionnés par le British Museum. L'organisme britannique est maintenant à l'œuvre pour reconstituer le dédale de la cité antique sumérienne.