Comment de puissants empires, prospères et dominant les ressources naturelles de leur région, ont-ils pu s’évaporer en l’espace de quelques années ? Catastrophe climatique, révoltes internes, auto-effondrement, ou phénomène cosmique, tout a été imaginé ou presque. De l’île de Pâques à la civilisation minoenne en passant par les Mayas, retour sur huit disparitions mystérieuses.


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    À son apogée, l'opulent Empire khmer s'étendait sur 1.000 km2 et comptait jusqu'à un million d'habitants. Il a pourtant périclité en quelques années, à l'instar de nombreuses autres civilisations qui se pensaient invincibles. Comme pour la chute de l’Empire romain, ces effondrementseffondrements font l'objet de multiples spéculations de la part des scientifiques.

    Les Rapa Nui

    La théorie longtemps avancée pour expliquer l'effondrement de la société de l'île de Pâques, une petite île isolée au large du Chili peuplée par quelques milliers d'habitants jusqu'à la fin du XVIIe siècle, est celle de l'autodestruction d'une civilisation obnubilée par la construction de statues, qui aurait conduit à la disparition des forêts. Cette déforestationdéforestation aurait alors provoqué l'érosion des sols, la disparition des oiseaux et empêché la constructionconstruction de pirogues pour la pêchepêche. La thèse de l'auto-destruction a toutefois été remise en cause par plusieurs études, qui suggèrent des facteurs environnementaux, comme la prolifération des rats qui auraient dévoré les graines des arbresarbres, un phénomène climatique type El Niño, mais aussi bien d'autres facteurs comme les conflits entre clans.

    La civilisation de l’île de Pâques s’est-elle autodétruite ? © Lee Coursey, Flickr
    La civilisation de l’île de Pâques s’est-elle autodétruite ? © Lee Coursey, Flickr

    La civilisation Caral

    Érigée 4.000 ans avant les Incas, la cité précolombienne de Caral, au Pérou, est probablement la plus ancienne ville des Amériques. Elle disparaît pourtant mystérieusement vers -1800 avant J.-C, après avoir été habitée pendant près d'un millénaire. On a longtemps supposé que des civilisations plus avancées avaient supplanté Caral en prestige. Mais selon une étude de 2009, les habitants auraient été chassés par des séismesséismes et des changements climatiques. Le phénomène El NiñoEl Niño, qui affecte régulièrement les côtes péruviennes, aurait entraîné la raréfaction des poissonspoissons, des pluies diluviennes provoquant des ravinements et un ensablement de la côte. Caral aurait ainsi été engloutie par le sablesable et la poussière.

    La civilisation minoenne

    La civilisation minoenne s'étendait en Crète et sur une partie de la Grèce à l'époque du Néolithique, entre 2.700 et 1.200 ans avant J.-C. Tirant sa dénomination du nom du roi légendaire Minos, elle est connue pour ses palais et ses cités ornés de fresques qui ont fortement influencé les Grecs anciens. Les Minoens avaient développé les échanges commerciaux, établi une société très hiérarchisée et une écriture avancée. L'éruption du volcanvolcan de Santorin, à qui l’on a longtemps attribué sa disparition brutale à la fin du XVe siècle, ne serait en réalité pas en cause. Selon les théories, l'île aurait été envahie et incendiée par les Mycéens, aurait souffert d'une concurrence commerciale dans la région ou d'une révolte de la plèbe contre une monarchie à tendance militariste.

    Reconstruction du palais de Cnossos, épicentre de la culture minoenne 1.600 ans avant J.-C. © Mmoyaq, Wikipédia
    Reconstruction du palais de Cnossos, épicentre de la culture minoenne 1.600 ans avant J.-C. © Mmoyaq, Wikipédia

    Les Anasazis

    Les Anasazis constituaient une puissante dynastie amérindienne qui vivait au sud-ouest de l'Amérique du Nord depuis le début de l'ère chrétienne jusqu'au XIIIe siècle. Cette civilisation connaît son apogée entre le Xe et le XIIIe siècle, avec l'essor de l'irrigationirrigation, de l'architecture et un rayonnement qui s'étend à tous les peuples voisins. Les vestiges de maisons abandonnées quasi intactes suggèrent que les Anasazis auraient précipitamment quitté leur territoire, se réfugiant dans la vallée du Río Grande et au centre de l'Arizona puis finissant par disparaître sans laisser de trace. Les causes de cet exode demeurent mystérieuses. Guerre ? Invasion ? SécheresseSécheresse ? Déforestation ? Des traces de cannibalisme laissent aussi penser à une société minée par les massacres et la violence.

    Les Khmers

    L'Empire khmer dominait la péninsulepéninsule indochinoise entre 802 et 1430. Profitant du commerce international passant par l'Asie du Sud-Est, les Khmers sont tellement riches que les rois font bâtir de somptueux temples dont le plus célèbre est celui d’Angkor. Ce puissant empire a pourtant  lentement périclité au début du XIIIe siècle, sans que l'on puisse en déterminer la raison. Là encore, des théories avancent l'explication de l'auto-destruction par la déforestation, ce qui aurait cassé le cycle naturel des moussonsmoussons. D'autres suggèrent un système d'irrigation victime de sa complexité, avec la construction de barrages et canaux devenus incontrôlables. Plus probablement, l'empire a été la cible d'attaques extérieures incessantes et de luttes de pouvoir internes.

    Le temple d’Angkor, symbole de la puissance de l’Empire khmer. © Aleksandr Zykov, Flickr
    Le temple d’Angkor, symbole de la puissance de l’Empire khmer. © Aleksandr Zykov, Flickr

    Les Assyriens

    Les Assyriens formaient l'un des principaux empires du Proche-Orient entre le IXe et le VIIe siècle avant J.-C. Ils occupaient alors un vaste territoire s'étendant de l'Égypte à la Turquie actuelle jusqu'à l'Euphrate. Érigeant de somptueuses cités et jardins, les Assyriens nagent dans le luxe et la richesse pendant deux siècles. Les conflits pour la lutte du pouvoir et des rois de moins en moins influents vont pourtant provoquer leur chute, l'empire finissant par se désagréger en petits morceaux, attaqué par les Mèdes et les Babyloniens. Une étude de 2019 invoque de son côté une sécheresse persistante de 60 ans, qui aurait affaibli l'empire, ce dernier reposant sur la puissance de son agricultureagriculture et très dépendant des précipitationsprécipitations.

    Les Mayas

    L'Empire maya connaît son apogée entre 550 et 950 après J.-C, avec une aire s'étendant du nord de la péninsule du Yucatán à la côte pacifique du Guatemala. Principale civilisation précolombienne, elle compte jusqu'à 50.000 habitants vivant dans de grandes cités érigées autour de temples et de palais, et utilisant un système d'écriture complexe. Ces magnifiques cités vont pourtant être progressivement abandonnées et englouties par la forêt. La chute de l’Empire maya a fait l'objet d'un nombre incalculable d'hypothèses, parmi lesquelles une crise démographique, des guerres endémiquesendémiques internes, ou une catastrophe écologique. Une étude de Science a ainsi mis en évidence une chute des précipitations annuelles de 41 % à 54 % dans les années avant l'effondrement, ce qui aurait poussé les populations à l'exode.

    Les Mayas ont déserté leur cité entre 750 et 1050 après J.-C. © Mario Bollini, Flickr
    Les Mayas ont déserté leur cité entre 750 et 1050 après J.-C. © Mario Bollini, Flickr

    Les Clovis

    Un événement cosmique serait-il venu à bout de la civilisation Clovis ? Ce peuple préhistorique arrivé en Amérique par le détroit de Béring il y a 14.000 ans aurait été décimé par une pluie de météorites, dont l'impact a éjecté d'importantes quantités de poussière dans l'atmosphèreatmosphère, provoquant une chute des températures d'environ 7 °C dans tout l'hémisphère nordhémisphère nord il y a 12.800 ans. Cet évènement aurait aussi entraîné un embrasement des forêts et la disparition du mammouthmammouth et du gros gibier, principale source de nourriture pour les Clovis. Une autre étude de 2018 avance que ces populations disparates auraient simplement migré vers le sud, leur lignée génétiquegénétique étant remplacée par celle d'autres arrivants.