La découverte de briques gravées des noms de rois mésopotamiens datant de plusieurs millénaires avant notre ère a permis de mettre en évidence l’existence d’une période inhabituelle de très forte intensité du champ magnétique durant la période s’étalant de l’an -1050 et l’an -550.


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    Depuis sa formation, la Terre est enveloppée dans un puissant champ magnétique qui peut s'imager comme un gigantesque dipôle d'échelle planétaire. Généré par le noyau terrestrenoyau terrestre, ce champ nous protège des rayonnements nocifs émis par le Soleil. On sait cependant que ni son intensité ni son orientation n’ont été constantes au cours du temps. C'est ce que dévoilent certaines roches qui ont la capacité d'enregistrer les caractéristiques de ce champ magnétique à un moment T. C'est notamment le cas des roches volcaniquesroches volcaniques.

    Celles-ci se forment en effet par refroidissement et cristallisation d'un magmamagma. Lorsque ce dernier arrive en surface et commence à se refroidir, les minérauxminéraux ferromagnésiens qu'il contient vont « garder en mémoire » l'intensité et la direction du champ magnétique ambiant. L'analyse ultérieure de ces roches volcaniques permet ainsi de reconstruire les caractéristiques du champ magnétique et ses variations au cours des temps géologiques. C'est ce que l'on appelle le paléomagnétismepaléomagnétisme.

    Illustration du champ magnétique terrestre. © Petrovich12, Adobe Stock
    Illustration du champ magnétique terrestre. © Petrovich12, Adobe Stock

    Des briques en terre cuite qui révèlent l’histoire du champ magnétique terrestre

    Cette capacité des roches à « enregistrer » l'orientation du champ magnétique est également très utile en archéologie. Elle permet en effet d’identifier des artefacts humains enfouis, en particulier des poteries ou des briques constituées de terre cuite. Mais le magnétisme de ces artefacts peut également servir à mieux comprendre l'histoire du champ magnétique. On parle alors d'archéomagnétisme.

    C'est ce qui s'est passé avec l'étude de ces briques datant de l’époque mésopotamienne, retrouvées en Irak. Elles présentent la spécificité d'être gravées des noms de rois au pouvoir lors de leur fabrication, ce qui a permis aux archéologues de les dater précisément à la période de l'âge de fer, soit entre le IIIe et le Ier millénaire avant notre ère. Les caractéristiques du champ magnétique de cette époque ont ainsi été enregistrées par les oxydes de fer présents dans les briques au moment de leur cuisson.

    Brique en terre cuite datant du règne du roi Nabuchodonosor II (-604 à -562). © <em>Slemani Museum</em>
    Brique en terre cuite datant du règne du roi Nabuchodonosor II (-604 à -562). © Slemani Museum

    La mise en évidence d’une période de forte intensité du champ magnétique

    Les résultats de ces analyses ont été publiés dans la revue PNAS. Ils ont notamment permis de confirmer l'existence d'une anomalieanomalie magnétique bien particulière, connue sous le nom « d'anomalie géomagnétique de l'âge du fer levantin ». Des études précédentes sur des sites en Chine, Bulgarie et aux Açores avaient en effet soulevé l'hypothèse de l'existence d'un champ magnétique inhabituellement fort entre l'an -1050 et -550.

    Une hypothèse appuyée par ces nouveaux résultats qui permettent également une datation précise de cette période de forte intensité. En outre, les données révèlent que, sous le règne du roi Nabuchodonosor II, entre -604 et -562, le champ magnétique a opéré un changement dramatique sur une très courte période de temps, illustrant la possibilité de ce type d'évolution très rapide de la sphère géomagnétique.