Une récente étude épidémiologique parue dans le New England Journal of Medicine suggère qu'un régime riche en aliments à index glycémique élevé accroît le risque de maladies cardiovasculaires et de décès toutes causes confondues. Des conclusions qu'il faut nuancer avec ce que nous savons déjà sur le sujet. 


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    L'index glycémique est un indicateur du potentiel glycémiant d'un aliment donné par rapport au glucose qui sert de référence. Ce dernier a été développé à partir des années 1980, dans la publication d'une étude intitulée Glycemic index of foods: a physiological basis for carbohydrate exchange dans la revue The American Journal of Nutrition. Par la suite, les scientifiques développeront également le concept de charge glycémique qui ne concerne plus qu'un aliment donné mais bien un repas et qui est plus conforme à la réalité de l'alimentation humaine. En effet, nous mangeons rarement des aliments de façon isolée. Après le développement de l'épidémiologie nutritionnelle, ces deux indicateurs ont été associés à un nombre considérable de variables. Une récente étude prospective parue dans le New England Journal of Medicine s'est penchée sur la relation entre l'index et la charge glycémique et la santé cardiovasculaire. 

    Une étude dans les cinq continents

    La majorité des études concernant l'index ou la charge glycémique et la santé cardiovasculaire ont été réalisées dans les pays développés. Dès lors, pour évaluer la robustesse de l'association, des données sont nécessaires à partir d'une grande population géographiquement diversifiée. C'est en tout cas le constat que font les investigateurs à l'origine de cette étude. L'analyse a donc inclus plus de 137.000 participants âgés de 35 à 70 ans vivant dans des continents différents. Des questionnaires de fréquence alimentaire adaptés aux différents pays ont été utilisés pour mesurer l'alimentation des individus. 

    Après ajustement des facteurs de confusion d'intérêts et en comparant les personnes qui consommaient le plus d'aliments à index glycémique élevé et ceux qui en consommaient le moins, les chercheurs démontrent que les gros consommateurs avaient un risque majoré (25 à 82 % de plus) de subir un événement cardiovasculaire majeur ou de mourir, mais uniquement chez les personnes ayant déjà une maladie cardiovasculaire préexistante. Chez les personnes qui n'avaient pas de maladie connue, l'augmentation du risque était plus faible (de 11 à 34 % de plus).

    L'étude a été réalisée dans les cinq continents. © vetre, Fotolia
    L'étude a été réalisée dans les cinq continents. © vetre, Fotolia

    L'importance de la charge glycémique

    Comme nous le disions, l'index glycémique reflète de façon insatisfaisante la qualité d'une alimentation globale étant donné qu'il concerne des aliments isolés. Dans leur étude, les scientifiques ont trouvé des associations consistantes en mesurant la charge glycémique chez les patients ayant des maladies cardiovasculaires préexistantes. En revanche, cette dernière devient non significative chez les personnes saines. 

    Peut-on tirer des recommandations de ces études d'observations ? Pas vraiment, étant donné que, comme le rappelle Thibaut Fiolet, épidémiologiste et spécialiste en santé publique dans un article de blog sur la même étude, d'autres études de cohortes donnent des résultats plus mitigés. Comme il le précise également, un essai clinique randomisé existe sur la question mais concerne des patients américains en surpoidssurpoids et montre un effet sur les taux de triglycéridestriglycérides sanguins, sans affecter les niveaux de sensibilité à l'insulineinsuline ou ceux des lipoprotéineslipoprotéines tels que le HDL ou le LDL. Il rappelle également, en citant l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, environnement et travail (AnsesAnses) que l'index glycémique n'est pas un paramètre idéal pour évaluer la qualité d'une alimentation globale.