Une équipe française vient d'identifier une bactérie présente dans l'intestin humain capable de dégrader le cholestérol, le transformant en une molécule non assimilable. Cette activité avait été repérée depuis longtemps mais les scientifiques ont enfin découvert qui elle était.

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    Au microscope électronique, la bactérie Bacteroides dorei, variante Strain D8, qui se régale du cholestérol. © Inra/Thierry Meylheuc

    Au microscope électronique, la bactérie Bacteroides dorei, variante Strain D8, qui se régale du cholestérol. © Inra/Thierry Meylheuc

    Tapie dans le colon, au milieu de milliers de milliards de congénères qui nous aident à digérer, cette bactérie transforme le cholestérol en coprostanol, une moléculemolécule que l'intestin n'assimile pas et qui est évacuée dans les selles. Une équipe du laboratoire d'Ecologie et Physiologie du Système Digestif (Inra, Jouy-en-Josas), vient de lui donner un nom : Bacteroides dorei.

    L'exploit n'est pas mince car cette activité bactérienne de dégradation du cholestérol est connue depuis 1930. Mais personne n'avait réussi à isoler les espècesespèces bactériennes qui en étaient à l'origine. Pour la plupart des bactéries vivant dans notre tube digestif, l'oxygène est un poison et leur culture est très difficile. Chez l'animal (babouin, cochon et rat), cette activité a pu être attribuée à des bactéries du genre Eubacterium. Mais chez l'être humain, on savait seulement que cette activité de dégradation intestinale du cholestérol varie d'un individu à l'autre.

    Vit-elle aussi dans l'intestin grêle ?

    L'équipe de Philippe Gérard a utilisé des excréments d'une personne présentant un taux très élevé de coprostanol. Douze colonies bactériennes ont pu être isolées et cultivées avec un apport de cholestérol. Dans l'une d'elles, ce dernier a été entièrement converti en coprostanol. L'équipe a pu isoler la bactérie à l'origine de cette activité et déterminer qu'elle appartient au genre Bacteroides, très commun dans l'intestin où il représente environ 20 % des espèces. L'analyse génétique a rapproché la bactérie de l'espèce B. dorei, l'analogieanalogie des deux génomesgénomes atteignant 99,5 %. Mais cette espèce, déjà connue, ne sait pas dégrader le cholestérol... Les chercheurs en ont conclu qu'ils venaient d'isoler une souche particulière, dont le nom est pour l'instant Strain D8.

    Leurs résultats viennent d'être publiés dans la revue Applied and Environmental Microbiology et indiquent qu'il existe sûrement d'autres espèces capables de dégrader ce cholestérol.

    Peut-on espérer un nouvel anti-cholestérol ? A court terme, la réponse est non. D'abord parce qu'il reste encore beaucoup de travail pour repérer les gènesgènes responsables de cette activité et pour identifier d'autres espèces. Ensuite parce que ces bactéries vivent dans le colon (ou gros intestingros intestin). Le cholestérol qui se trouve là sera évacué. Mais, cité par Le Figaro, Philippe Gérard (qui a donné une conférence à Paris sur ce sujet) pense qu'il est possible que ces bactéries vivent aussi à l'extrémité de l'intestin grêleintestin grêle, là où s'effectue l'essentiel de l'absorptionabsorption des nutrimentsnutriments. La possibilité existe peut-être de stimuler à ce niveau l'activité des croqueuses de cholestérol ou d'en imiter l'action avec un produit actif.