Une jeune Canadienne de 30 ans, victime d’un tir alors qu’elle se promenait dans la rue, a été sauvée par sa prothèse mammaire en silicone alors que la balle se dirigeait tout droit vers son cœur. C’est seulement le troisième cas de ce type rapporté dans la littérature scientifique.


au sommaire


    En cette tranquille soirée de 2018, Jessica (le prénom a été modifié) se balade dans une rue de Toronto lorsqu'elle ressent « une vive douleur et une sensation de chaleurchaleur » dans le sein gauche. La jeune Canadienne de 30 ans constate alors avec horreur que du sang coule de sa poitrine et se rend aux urgences.

    Les médecins découvrent une large incision circulaire dans la partie supérieure de son sein gauche, qu'ils attribuent immédiatement à une arme à feufeu. « La lésion d'entrée montre une blessure thermique autour du trou de la balle, indiquant que le coup de feu a été tiré à une distance très rapprochée », décrivent-ils dans la revue Plastic Surgery Case Studies, qui rapporte ce cas.

    Parallèlement, les médecins détectent à la palpation « une massemasse dure sous-cutanée ressemblant à une balle dans la paroi thoracique antérieure, juste sous le sein droit ». La jeune femme étant dotée d'implants mammaires en silicone, le scénario apparaît évident : Jessica vient d'être sauvée par sa prothèse, qui a dévié la trajectoire de la balle.

    La lésion d’entrée de la balle se situe au-dessus du sein gauche. © Giancarlo McEvenue et al, <em>Plastic Surgery Case Studies</em>, 2020
    La lésion d’entrée de la balle se situe au-dessus du sein gauche. © Giancarlo McEvenue et al, Plastic Surgery Case Studies, 2020

    La prothèse recouvrait le cœur de la jeune femme, la sauvant d’une mort certaine

    D'après les radiographies et un scanner pulmonaire pratiqués par l'hôpital, la balle serait entrée par le haut du sein gauche, puis aurait été freinée et déviée par l’implant en silicone, dont l'enveloppe a été percée, avant de rebondir sur une côte (retrouvée fracturée) et de rejoindre son emplacement sous le sein droit. Par miracle, « la balle n'a causé aucune lésion pulmonaire ou intrathoracique », note l'article.

    Sur le scanner, on peut voir la trajectoire de la balle, logée dans la partie gauche de la paroi thoracique. On peut voir que la balle a frôlé le poumon et cassé une côte. © Giancarlo McEvenue et al, <em>Plastic Surgery Case Studies</em>, 2020
    Sur le scanner, on peut voir la trajectoire de la balle, logée dans la partie gauche de la paroi thoracique. On peut voir que la balle a frôlé le poumon et cassé une côte. © Giancarlo McEvenue et al, Plastic Surgery Case Studies, 2020

    Les médecins procèdent d'abord au retrait de la prothèse gauche afin de pouvoir retirer le projectile, une balle en cuivrecuivre de calibre 1,40. La prothèse droite, retirée, elle aussi, bien qu'intacte, a été complètement déplacée, donnant une idée de l'ampleur de l'impact.

    « D'après la trajectoire d'entrée et l'évaluation radiologique, la seule source de déviation de la balle est l'implant mammaire gauche, affirment les auteurs. Cet implantimplant recouvre le cœur et la cavité intrathoracique et a donc certainement sauvé la vie de la femme ». Après une brève période d'observation, Jessica ressortira en pleine forme. L'arme ainsi que le tireur ne seront, en revanche, jamais retrouvés.

    Les médecins ont procédé au retrait de l’implant mammaire, endommagé par la balle. © Giancarlo McEvenue et al, <em>Plastic Surgery Case Studies</em>, 2020
    Les médecins ont procédé au retrait de l’implant mammaire, endommagé par la balle. © Giancarlo McEvenue et al, Plastic Surgery Case Studies, 2020

    Une histoire rarissime qui finit bien

    C'est seulement le troisième cas d'une femme sauvée par son implant mammaire documenté dans la littérature scientifique. « Un chiffre étonnant et faible quand on prend en compte le grand nombre d'opérations mammaires et de blessures par arme à feu aux États-Unis », s'étonnent les auteurs. 290.000 femmes ont bénéficié d'un implant mammaire pour la seule année 2016 et 136.000 Américains sont blessés ou tués par arme à feu chaque année, d'après l'association Giffords.